Benito Mussolini est né le 29 juillet 1883 en Romagne, dans une région à tradition militante « rouge » (note). Sans que rien ne put le laisser prévoir, le futur Duce de l'Italie fasciste va s'élever jusqu'au sommet de l'État, porté par son besoin irrépressible d'action... et servi par les circonstances et en premier lieu la Grande Guerre et les désordres qui l'ont suivie.
Enfant, il est élevé par un père forgeron et militant anarchiste et une mère institutrice et très religieuse (catholique). Il a une enfance misérable mais reçoit une éducation chrétienne chez les Salésiens de Forni. L'adolescent s'inscrit au Parti socialiste en 1900. Il obtient un premier emploi deux ans plus tard comme instituteur substitut mais il se lasse de l'enseignement.
En juillet 1902, Benito Mussolini s'exile en Suisse pour éviter le service militaire. Il vit d'un travail de manoeuvre sur les chantiers tout en militant activement dans les milieux syndicaux et socialistes parmi les travailleurs italiens émigrés. À Genève, il rencontre les réfugiés bolcheviques et fait connaissance avec les thèses de Proudhon, de Sorel et de Marx. Il apprend aussi l'allemand et le français.
En 1904, « Expulsé à vie » de Suisse pour avoir fomenté une grève, il revient en Italie et se résout à accomplir son service militaire mais ne tarde pas à renouer avec sa vocation d'agitateur.
À partir de 1909, il se consacre au journalisme et prend en Romagne la direction d'un hebdomadaire socialiste, La Lotta di classe. Il publie par ailleurs un virulent pamphlet anticlérical. Révolutionnaire ardent, il vomit la bourgeoisie et ses valeurs et aspire à créer un Homme nouveau au service de la Nation et de l'État. « Créer l’âme italienne est une mission superbe », écrit-il dès cette époque.
Qualifié d'agitateur politique, il connaît la prison en raison de ses appels à la grève et de sa campagne contre l'intervention en Libye ! Son énergie lui vaut de grimper dans la hiérarchie du Parti socialiste. Il accède en 1912 à la direction du journal national du Parti socialiste Avanti ! à Milan.
Séducteur et entreprenant, le jeune Mussolini multiplie les aventures galantes. Certaines de ses maîtresses se dépensent sans compter pour assurer sa réussite et son ascension sociale.
C'est le cas de Margherita Sarfatti, issue d'une riche famille juive, et d'Ida Dalser dont le cinéaste Marco Bellochio dépeint le parcours tragique dans le film Vincere (2008). Sans doute mariée au futur Duce, elle lui donne un fils et se ruine pour lui. Reniée et internée contre son gré, elle meurt misérablement en 1937, à 57 ans.
Égocentrique, le futur Duce ne s'attache à aucune de ses maîtresses mais, pour soigner sa réputation auprès de la droite traditionnelle, il épousera civilement en 1915 l'une d'elles, Rachele Guidi, qui lui donnera cinq enfants.
À l'aube de la Première Guerre mondiale, les socialistes prônent la neutralité de l'Italie et la non-intervention à la guerre. Mussolini, qui a reçu des subsides du gouvernement français et éprouve le besoin d'agir, finit toutefois par se convertir à l'interventionnisme.
Dès novembre 1914, il rompt avec ses amis socialistes et fonde un nouveau quotidien, Il Popolo d'Italia grâce au soutien financier de la malheureuse Ida Dalser. Il prône dès lors l'entrée en guerre de l'Italie puis s'engage volontairement comme soldat lorsque l'Italie entre en guerre en 1915 du côté des Alliés français et anglais.
La guerre est une expérience-clé pour Mussolini (comme pour Hitler). Il y forge ses idées sur la militarisation des partis, la violence et le nationalisme. Gravement blessé en 1917, il retourne à la vie civile et au journalisme, à la tête du Popolo d'Italia.
Après la guerre, Mussolini rompt sans rémission avec ses anciens amis socialistes et s'oppose à leurs velléités pacifistes et internationalistes. Ses options nationalistes recueillent de plus en plus d'écho dans le pays. Mais lui-même, en dépit de sa notoriété, peine à s'imposer sur l'échiquier politique.
Les Italiens sont déçus par la Conférence de la paix où les revendications de leur pays (l'Istrie, la Dalmatie, Trieste et Fiume) n'ont pas toutes été obtenues. Face au régime parlementaire, le nationalisme grandit de plus en plus dans le peuple. C'est dans ce contexte de crise politique, de crise économique (difficile reconversion de l'économie de guerre en économie de paix) et du traité de Versailles que Mussolini fonde à Milan les Fasci Italiani di Combattimento (les « Faisceaux Italiens de Combat ») le 23 mars 1919 avec tout au plus une centaine de sympathisants. Trois ans plus tard, il sera appelé par le roi à prendre la tête du gouvernement...
Le siècle des dictateurs
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