Pax romana, pax sinica

La civilisation sabéenne

On s’intéresse ici aux grandes civilisations qui ont prospéré à la charnière de l’Éthiopie et du Yémen.

À l’ouest comme à l’est de la mer Rouge, la région est caractérisée par de hautes terres arrosées qui émergent de la plaine désertique, et qui apparaissent comme des oasis favorables au développement des civilisations.

Vincent Boqueho
La civilisation sabeenne (droits réservés : Vincent Boqueho, pour Herodote.net)
 

Les secrets de la mer Rouge

Dès 2500 av. J.-C., l’Égypte envoie des expéditions vers cette contrée qu’elle appelle le pays de Pount. Elle y importe de la myrrhe et de l’encens qui poussent près de la côte désertique, et de l’ivoire, des plumes d’autruche et des peaux de fauves qui proviennent de l’intérieur de l’Afrique. La dernière mention de Pount par les Égyptiens date d’environ 1160 av JC. A cette époque, plusieurs royaumes sémitiques émergent dans l’actuel Yémen : l’Hadramaout, le Qataban, le Ma’in et le royaume de Saba.

A une date indéterminée, des migrations ont lieu du Yémen vers l’Ethiopie, peut-être aux dépens de la civilisation de Pount : une nouvelle langue sémitique s’y construit peu à peu, le guèze. Les liens sont alors forts entre les 2 rives de la mer Rouge.

C’est le royaume de Saba qui connaît le plus fort rayonnement grâce à ses travaux d’irrigation et au commerce sur la mer Rouge. Ces liens avec le Proche-Orient sont illustrés par la visite mythique de la reine de Saba au roi Salomon d’Israël. Les premiers textes en alphabet sudarabique apparaissent. Vers -700, le roi de Saba lance des expéditions contre ses voisins et unifie toute la région sous la forme d’un ensemble d’états vassaux. Sa capitale est Marib.

Cet apogée de Saba dure 150 ans. Puis des rois originaires de l’Hadramaout arrivent au pouvoir, ce qui marque un affaiblissement de l’élite sabéenne. Cinquante ans plus tard, l’empire s’effondre sous l’influence des royaumes vassaux qui luttent pour l’hégémonie. C’est le Qataban qui finit par l’emporter : il fonde un nouveau réseau où les différents royaumes conservent une forte autonomie. C’est un nouvel âge d’or pour le Yémen pré-islamique : le pays s’enrichit grâce à l’essor de la Route de l’Encens qui le connecte au Proche-Orient via la ville de Pétra. Une nouvelle monnaie est créée et l’art atteint son apogée. L’enrichissement de la région lui vaudra le nom d’Arabie Heureuse. Dans le même temps, un premier royaume sémitique émerge en Ethiopie, le Damaat.

L’hégémonie du Qataban s’achève en 120 av JC avec la sécession du royaume de Himyar à l’ouest. Cependant la région reste prospère : elle joue un rôle central dans le commerce maritime entre le monde gréco-romain et l’Inde. En 26 av JC, l’empire romain envoie même une expédition pour conquérir l’Arabie Heureuse, mais elle est anéantie en chemin. Le contrôle de cette route maritime est un enjeu majeur pour les royaumes : l’Hadramaout s’étend, l’Himyar conquiert l’autre rive de la mer Rouge, et le royaume d’Aksoum prend son essor en Ethiopie. Par le biais du port d’Adulis, il exporte les marchandises venues de l’intérieur de l’Afrique. Il fait ainsi concurrence au royaume de Méroé, qui utilise le Nil comme voie commerciale.

L’Arabie Heureuse est marquée par des conflits incessants dominés par la puissance de l’Hadramaout, puis par celle de Saba. Ces rivalités profitent au royaume d’Aksoum qui parvient à s’implanter sur la côte arabique. Peu après, le roi de Himyar parvient à réunifier la région vers l’an 300. Un équilibre durable s’installe entre les empires d’Himyar et d’Aksoum qui domineront l’histoire des prochains siècles.

Publié ou mis à jour le : 2019-11-07 12:34:40

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