La Guyane est la seule dépendance d'outre-mer avec des frontières terrestres (à part l'île antillaise de Saint-Martin, partagée entre la France et les Pays-Bas). Grande comme le Massif central (83 000 km2), c'est un pan de l'immense massif forestier amazonien.
Sa population, concentrée sur le littoral, autour de Cayenne, s'élève officiellement à seulement 310 000 habitants (2023). Mais elle est sans doute sous-évaluée du fait de l'ampleur de l'immigration sauvage en provenance des pays limitrophes et surtout de Haïti. Selon l'Ined, 60 % de la population était en 2020 d’origine étrangère, dont une majorité d’Haïtiens.
Tous les maux du mal-développement
Des marins normands abordent le rivage vers 1637 et l'amiral Jean d'Estrées occupe en 1676 la presqu'île de Cayenne, capitale de la région. Sur le littoral s'installent quelques plantations esclavagistes semblables à celles des Antilles.
Au siècle suivant, en 1763, le gouvernement de Louis XV tente de mettre en valeur cette région inhospitalière, aussi appelée « France équinoxiale », de la même façon qu'il a tenté de coloniser la Louisiane. Autour de Kourou, il lance des travaux de drainage à la façon des voisins hollandais et fait venir des paysans européens de toutes origines. Total échec.
Revendiquée par les Hollandais, les Anglais et les Portugais, la Guyane est définitivement attribuée à la France en 1817, sur une décision du congrès de Vienne. Comme tous les habitants des « vieilles colonies » héritées de l'Ancien Régime, les Guyanais reçoivent la citoyenneté française et le droit de vote en avril 1848, en même temps qu'est aboli l'esclavage.
Victime de la mauvaise image colportée par les bagnes ouverts en 1854, la Guyane sort à nouveau de l'anonymat en 1964, quand le général de Gaulle décide d'implanter une base de lancement de fusées à Kourou, près de l'Équateur et donc à une latitude idéale pour les vols spatiaux. Le Centre Spatial Guyanais, utilisé par tous les opérateurs européens et même russes, fait aujourd'hui la fierté du département sans pour autant nourrir sa prospérité. Son personnel essentiellement européen vit en vase clos, à l'écart de la population métissée et de ses problèmes.
Cette population parle une trentaine de langues et dialectes, notamment créoles, amérindiennes ou caribéennes. Elle endure tous les maux imaginables : violence, immigration clandestine, alcoolisme, manque d'éducation, illettrisme, absence de travail productif, corruption des élus, cherté des importations, inégalités abyssales entre les fonctionnaires et le reste de la population, misère (PIB/habitant en 2017 : 16 000 euros au lieu de 32 000 pour la France). Les jeunes métropolitains qui viennent éduquer et encadrer la population bénéficient de très généreuses primes comme autrefois les fonctionnaires coloniaux, ce qui n'est pas sans susciter de violentes tensions sociales et politiques.
Même la nature se rebelle. La forêt tropicale mérite ici plus qu'ailleurs le surnom d'« enfer vert » avec ses moustiques vecteurs de maladies (malaria, chikungunya...) et surtout la pollution des cours d'eau au mercure, due à l'orpaillage clandestin. Les Amérindiens en font les frais... tout comme les gendarmes qui affrontent périodiquement des orpailleurs lourdement armés, au péril de leur vie et loin des caméras.
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Aux Antilles (Martinique, Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin), en Guyane et à Saint-Pierre-et-Miquelon, la France est baignée par l'océan Atlantique (de même qu'en métropole). À la Réunion et Mayotte, elle est baignée par l'océan Indien. En Nouvelle-Calédonie, à Wallis-et-Futuna et en Polynésie, c'est l'Océan Pacifique qui lui sourit...
Nouvelle-Calédonie, archipel écartelé
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