Le Maréchal-duc de Richelieu (1696 - 1788)

L'archétype du libertin

Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, Maréchal-duc de Richelieu, arrière-petit neveu du célèbre cardinal, est un personnage hors du commun à plus d’un titre. D’abord par sa longévité, il vécut 92 ans, mais aussi par sa carrière... et ses moeurs libertines.

Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, Abbé d'Haine d?après Louis Tocqué, 1786, Paris, musée de l'Armée.Tour à tour militaire, il participa aux plus grands conflits de son siècle, ambassadeur à deux reprises, à Vienne puis en Saxe. Premier Gentilhomme de la Chambre des rois Louis XV et Louis XVI, charge honorifique qui lui permettait d’assouvir sa passion du théâtre en organisant les divertissements de la Cour, et Gouverneur de la province de Guyenne, il est un homme incontournable du XVIIIe siècle.

Pourtant, ce personnage important, qui traverse les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI a marqué les esprits bien plus par ses frasques demeurées célèbres que par ses faits de gloire. Admiré ou décrié, il devient le libertin type de son temps, sa vie dissolue efface une longue carrière au service de la France.

Souvent oublié des livres d'histoire, le maréchal « devient, de son vivant et plus encore après sa mort, un personnage littéraire », inspirant les personnages de Beaumarchais, Choderlos de Laclos, Crébillon fils ou encore Diderot

Une jeunesse singulière

Contrairement à son ami Voltaire, le duc n'est pas un homme de lettres, c'est un homme d'action qui sait à peine l'orthographe. Cela explique qu'en 1720, à 24 ans, il demandera à Fontenelle, Destouches et Campistron de rédiger son discours de réception à l'Académie française.

Son éducation, il la fait à la Cour du vieillissant roi Louis XIV dès 1710. Tout comme Chérubin, personnage de la littérature qu’il a inspiré, il fait l’unanimité auprès des courtisans vantant sa jeunesse et son physique avantageux. Le duc de Saint-Simon rapporte que « le petit duc de Fronsac (…) devint bientôt la coqueluche de la cour ».

Marié à 15 ans à l'une des filles de la troisième épouse de son père, il multiplie les maladresses et les étourderies, perd son temps au jeu, ce qui lui vaut un premier séjour à la Bastille. Il y en aura d’autres.

Veuf dès 1716, le duc de Richelieu se distingue des autres libertins par le grand nombre de maîtresses mais aussi par leur importance. Deux de ses maîtresses se battent même en duel pour lui. Richelieu se vante de son mode de vie et l'exagère même puisque qu'il envoyait son carrosse sous les fenêtres de certaines maîtresses pour laisser croire qu'il s'y trouvait alors qu'il passait la soirée seul chez lui.

Un chef militaire entre ombre et lumière

Sa carrière militaire, à peine entravée par sa participation à la conspiration de Cellamare, se caractérise par sa durée. Il participe à tous les conflits du XVIIIe siècle, de la guerre de Succession d'Espagne à la guerre de Sept Ans.

Dès ses débuts,  aide de camp du maréchal de Villars, prestigieux vainqueur de la bataille de Denain, il bénéficie de ses conseils. À 17 ans, il devient capitaine de cavalerie et à 22 ans, brigadier d’infanterie. Il se distingue lors de la bataille de Fontenoy, en 1745, et, après avoir assuré la défense de Gênes en 1747, obtient le bâton de Maréchal.

Jean-Baptiste Martin le jeune, Prise de Port-Mahon sur l'île de Minorque, le 29 juin 1756, Château de Versailles. Agrandissement : Pierre-Antoine Vafflard, L?Armée française renverse la colonne commémorative de Rossbach le 18 octobre 1806, Château de Versailles.

Un grand serviteur royal

Sa carrière de courtisan atteignit son apogée en 1744, quand il obtint une des charges les plus honorifiques de l’Ancien Régime, au sein de la Maison civile du roi, celle de Premier Gentilhomme de la Chambre.

À partir du 12 septembre 1722, il est « gouverneur des ville et château de Cognac », puis, le 29 mars 1738, il est lieutenant-général du Languedoc, charge importante, avant de devenir en 1755, Gouverneur de Guyenne. Il intervient aussi dans la diplomatie avec une première mission à Vienne entre 1725 et 1728, une autre en 1746 à Dresde, avec le caractère d’ambassadeur extraordinaire.

Singulier, Richelieu l’était assurément, par sa longévité, mais plus encore par son exubérance, et sa personnalité. L'un de ses derniers coups d'éclat fut d’épouser en troisièmes noces, à 84 ans, une veuve de 35 ans avec la ferme intention d'avoir un nouvel héritier.


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Le Siècle des Lumières
Publié ou mis à jour le : 2022-06-19 09:11:20
Dubuisson Michel (19-06-2022 10:27:03)

La guerre et ses excès, l'absence de toute morale! Quel contraste avec la vie de son petit -fils Armand Emmanuel de Richelieu, adepte, au contraire, des idées du siècle des lumières. Dans une pé... Lire la suite

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