Des salves d'applaudissement ont salué la naissance au palais des Tuileries de Napoléon, François, Charles, Joseph Bonaparte, fils de Napoléon Ier, Empereur des Français, et Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, fille de François Ier, Empereur d'Autriche.
Le nourrisson reçoit le titre symbolique de roi de Rome en souvenir d'une tradition familiale chez les empereurs germaniques ! Sa naissance comble de bonheur Napoléon, qui y voit l'espoir de consolider sa dynastie avec un héritier légitime, qui plus est lié à l'une des plus vieilles familles régnantes d'Europe, les Habsbourg d'Autriche.
Échec dynastique
Las. Ce destin qui s'annonçait prometteur quand Napoléon tenait l'Europe dans sa main va tourner très vite à la tragédie romantique.
Le petit Napoléon est reconnu empereur sous le nom de Napoléon II par les Chambres des Cent-Jours après la seconde abdication de Napoléon Ier, le 22 juin 1815, mais il n'aura pas l'opportunité de régner, sa mère s'étant enfuie avec lui à Vienne.
En Autriche, l'enfant est désormais appelé Franz.
Son grand-père l'empereur François Ier éprouve pour lui une sincère affection et le nomme duc de Reichstadt en 1818. Le chancelier Metternich, réaliste, fait quant à lui son possible pour détourner l'enfant du souvenir de son père.
Après la révolution parisienne des « Trois Glorieuses », cependant, le jeune homme entre en relations avec le duc de Marmont, un ancien « grognard », qui l'entretient dans le souvenir glorieux de son père. Mais le malheureux, frappé par la tuberculose, s'étiole.
Légende romantique
Il est victime d'un refroidissement au retour d'une revue militaire et meurt le 22 juillet 1832, à 21 ans, au palais de Schönbrunn. Le héros romantique est pleuré par toutes les jeunes filles d'Europe et par les nostalgiques de l'Empire napoléonien.
Peu après la mort du jeune duc de Reichstadt, Victor Hugo lui dédie un poème, Napoléon II, dans lequel, pour la première fois, il lui attribue le surnom d'« Aiglon » (son père étant l'Aigle).
Extrait :
Oui, l’aigle, un soir, planait aux voûtes éternelles,
Lorsqu’un grand coup de vent lui cassa les deux ailes ;
Sa chute fit dans l’air un foudroyant sillon ;
Tous alors sur son nid fondirent pleins de joie ;
Chacun selon ses dents se partagea la proie ;
L’Angleterre prit l’aigle, et l’Autriche l’aiglon.
(Les chants du crépuscule, 1835)
Ses cendres seront transférées auprès de celles de son père, aux Invalides, à Paris, le 15 décembre 1940, à l'initiative de... Hitler. Le Führer croit de cette façon s'attirer les bonnes grâces de l'opinion française.
La triste vie de Napoléon II a inspiré un drame célèbre à Edmond Rostand : L'Aiglon (1900) qui a triomphé avec la « divine Sarah » dans le rôle éponyme (on peut entendre ci-dessous un enregistrement audio de Sarah Bernhardt en 1910 - 65 ans - dans le rôle de L'Aiglon). Arthur Honegger et Jacques Ibert ont consacré à l'Aiglon, en 1937, un opéra qui, lui, n'a guère laissé de souvenir.
Restauration impériale
On peut comparer le destin du roi de Rome à celui du Prince impérial, fils unique de Napoléon III et Eugénie, mort au combat en 1879 à seulement 23 ans. À cette différence près que la mort du premier n'annihile pas le parti bonapartiste. Celui-ci reporte ses espoirs sur le neveu de l'Empereur, Louis-Napoléon Bonaparte. Il réalisera leurs rêves les plus fous en devenant Napoléon III.
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