Les origines du tennis sont, comme souvent quand on fait l’histoire des sports, lointaines et peu claires.
Son ancêtre aurait été pratiqué par les moines français et bientôt anglais à partir du XIIe siècle sous le nom de jeu de paume : les joueurs, séparés par un filet, devaient se renvoyer avec la paume de la main une balle en cuir bourrée de son.
Populaire jeu de paume
Le jeu de paume se jouait à l'origine dans les champs. Il pénétra dans les villes au XIIe siècle mais la croissance de celles-ci ne permit bientôt plus de le pratiquer dans les ruelles. Certains joueurs choisirent de regagner les champs pour pouvoir pratiquer le jeu de « longue paume ». Les autres, les plus nombreux, se replièrent à partir du XVIe siècle dans des salles dédiées à un jeu dit « de courte paume ».
Une galerie recouverte d'un plan incliné entourait l'espace de jeu et reproduisait les rues du Moyen Âge, comme on peut le voir de nos jours dans la salle du jeu de paume du château de Fontainebleau, construite par Henri IV, détruite par un incendie et reconstruite en 1732... et encore utilisée par les joueurs !
En lieu et place de gants ou de battoirs, la noblesse, fervente de ce jeu, commence au XVIe siècle à employer des raquettes, ainsi dénommées d'après un terme d’origine arabe qui désigne la paume de la main avec laquelle on a longtemps joué. Les cordages de ces raquettes sont en boyaux de mouton.
Le jeu est extrêmement populaire sous la Renaissance dans toutes les couches sociales. On recense deux cent cinquante salles à Paris, une quarantaine à Orléans, vingt-cinq à Rouen, huit à Bourges etc. Cela sans compter les salles des châteaux et des palais royaux ! Preuve de cette popularité, beaucoup d'expressions aujourd'hui passées dans le langage courant en dérivent : « épater la galerie », « rester sur le carreau », « tomber à pic », « qui va à la chasse perd sa place », « prendre la balle au bond »...
C’est du jeu de paume que le tennis actuel tirerait son système de points : dans le jeu de paume, en effet, chaque point gagné permettait d’avancer de 15 pieds et d’acquérir ainsi un « avantage », avec une limite à 20 pieds du filet (d’où le « 40 » puisque la moitié de terrain mesurait 60 pieds). Le décompte se retrouve dans le tennis actuel même s'il n'est plus question d'avancer en fonction des points gagnés.
En 1555, l’Italien Antonio Scaino da Salothe, écrivit le premier ouvrage consacré à ce jeu, le Trattato del Giuoco della Palla.
Au milieu du XVIIe siècle toutefois, le jeu déclina en popularité et l'on ne comptait déjà plus qu'une douzaine de salles en activité à Paris à la veille de la Révolution française. Inutile de revenir sur le rôle que joua alors la salle du jeu de Paume de Versailles, dans le quartier Saint-Louis. Cette salle existe toujours. Elle est classée monument historique depuis 1848).
La réinvention britannique
Comme pour le football et le rugby, c'est en Angleterre, au XIXe siècle, que se joua le destin du tennis moderne.
Les Anglais, qui avaient reçu le jeu de paume des Français, l'auraient rebaptisé assez rapidement tennis, déformation phonétique de l'interjection : « Tenez », adressée à l'adversaire au moment de servir. Le mot apparaît dans un texte vers 1400.
Un châtelain, le major Walter Clopton Wingfield, imagine en 1873 de pratiquer désormais le jeu de paume avec des balles en caoutchouc capables de rebondir sur l'herbe. Il vend dès l'année suivante des kits de jeu complets avec balles, raquettes et filet.
Il intitule ce nouveau jeu Sphairistikè suivant la mode hellénisante du temps. Heureusement, le nom est vite tombé aux oubliettes !... Le major reprend par ailleurs le vocabulaire employé dans le jeu de paume traditionnel, le real tennis (« vrai tennis »), pour compter les points : 15, 30, 40 et avantage.
La passion britannique de la pelouse étant ce qu’elle est, le nouveau jeu se pratique sur l'herbe : encore aujourd’hui, quiconque voyage outre-Manche est frappé par le grand nombre de terrains de tennis sur un gazon entretenu à longueur d’année. Le jeu, qui se pratique à deux ou à quatre, ne tarde d'ailleurs pas à être rebaptisé lawn tennis (« tennis sur gazon »).
En 1876, le « All England Croquet Club », fondé en 1868 à Wimbledon, intègre le nouveau sport et devient le All England Croquet and Lawn Tennis Club. Il organise dès l’année suivante le premier tournoi. Les règles du tennis sont mises par écrit à cette occasion et n’ont quasiment pas changé depuis lors.
Le tennis à la conquête du monde
En quelques années, à la suite des industriels, colons et commerçants britanniques, le jeu se diffuse dans le monde entier : en 1881 sont fondés à New York les Internationaux des États-Unis ; en 1905, c'est le championnat d’Australasie (Australie + Nouvelle-Zélande), ancêtre des Internationaux d’Australie.
En France, le tennis fait son apparition dans les villes fréquentées par les Britanniques, en premier lieu Le Havre qui, pour la même raison, a aussi le plus ancien club de football, Dinard, Cannes et Paris figurent aussi parmi les villes pionnières du tennis. Sans surprise, le premier championnat de France de tennis est remporté en 1891 par un Britannique installé en France.
Rapidement se fait sentir l’envie de jouer par tous les temps et très vite, on joue sur d’autres surfaces que le seul gazon, celui-ci n'étant pas adapté à toutes les régions. En 1895, le Tennis club de Paris construit les premiers courts couverts français sur un parquet en bois. La terre battue apparaît à Cannes vers 1880... Tennis n’est plus synonyme de « jeu sur gazon en été » !
Cette époque est aussi celle où se développent les premières compétitions féminines. En 1884 à Wimbledon, en 1887 à Philadelphie, en 1897 à Paris. Bien que les joueurs masculins aient toujours bénéficié d’une couverture médiatique supérieure, le tennis est de ce point de vue bien plus égalitaire que d’autres sports collectifs ou individuels : ainsi, en 1973, l’US Open attribua pour la première fois les mêmes primes aux vainqueurs homme et femme.
On dit de tout joueur qui remporte dans une même année les quatre compétitions majeures du tennis mondial qu'il a réalisé le Grand Chelem (l'expression, empruntée aux jeux de cartes, désigne le fait, pour un joueur, de remporter toutes les mises).
Ces quatre compétitions sont les Internationaux d'Australie qui se déroulent en janvier à Melbourne, les Internationaux de France qui se déroulent en mai à Roland Garros (Paris), les Internationaux de Grande-Bretagne qui se déroulent à Wimbledon (Londres) en juin, enfin les Internationaux des États-Unis qui se déroulent à Flushing Meadows (New York) en septembre.
La Coupe Davis se distingue des autres grandes compétitions par le fait qu'elle oppose des équipes nationales et non des individus. Les vainqueurs reçoivent la gloire mais aucune rémunération... de sorte qu'aujourd'hui, les grands professionnels boudent cette compétition au profit des tournois rémunérés.
Du sport « chevaleresque » à l’ère de la mondialisation
Les premières compétitions, au début du XXe siècle, n’attiraient que quelques dizaines de joueurs dans une ambiance des plus « select ». À Wimbledon, près de Londres, le tournoi ne servait qu’à désigner celui qui aurait le droit de défier le tenant du titre. Naturellement, le sport étant encore le privilège des classes supérieures, les compétitions étaient réservées aux amateurs.
Le symbole de cette époque « héroïque » du tennis en France est l’équipe des « Mousquetaires » qui remporta la coupe Davis en 1927, et défendit ensuite son titre avec succès à cinq reprises, dans le tout nouveau stade Roland-Garros, inauguré aux portes de Paris sous le nom d'un célèbre aviateur de la Grande Guerre et où se jouait à cette époque-là la coupe Davis.
Lesdits « Mousquetaires », René Lacoste, Henri Cochet, Jean Borotra et Jacques Brugnon entrèrent dans la légende du sport français. Encore aujourd’hui, ils constituent un modèle auquel les commentateurs se réfèrent constamment, d’autant qu'ils remportèrent également de grandes victoires en simple (Cochet remporta les Internationaux de France à Roland-Garros à quatre reprises, Lacoste à trois reprises).
Après la Seconde Guerre mondiale, avec la promotion d’un mode de vie plus sportif, la pratique du tennis se diffusa parmi des couches bien plus larges de la population avec la création de nombreux clubs et terrains. Le développement de l’aviation permit de multiplier les tournois alors qu’auparavant rares étaient les étrangers prêts à affronter des semaines de mer pour jouer par exemple en Australie.
Les joueurs devinrent des vedettes internationales… auxquelles le statut d’amateurs convint de moins en moins. Dans les années 1960, nombreux furent les joueurs qui préférèrent les exhibitions lucratives aux grands tournois. Ces derniers décidèrent alors de s’adapter et d’embrasser le professionnalisme : l’ère « Open », où professionnels et amateurs peuvent également participer, débuta en 1968, et très vite les amateurs en furent écartés par la supériorité des professionnels.
Le tennis a longtemps conservé des particularités héritées de ses origines aristocratiques et britanniques. C'est encore le cas aux Internationaux d'Angleterre de Wimbledon, honorés par la présence d'un membre de la famille royale, avec l'obligation pour les joueurs de porter une stricte tenue blanche et l’absence de match lors du premier dimanche, le Sunday off, afin de préserver la tranquillité des habitants des environs. Aujourd'hui, ce cas mis à part, le tennis s’adapte aux exigences des médias. C'est aussi une affaire d'argent avec des revenus en constante augmentation tirés de la publicité et des retransmissions télévisées. Le gagnant d'un tournoi du Grand Chelem peut ainsi recevoir plus d'un million d'euros.
Jeu d’extérieur, le tennis a longtemps été dépendant des conditions atmosphériques et de la lumière du jour. Mais au début du XXIe siècle, grâce à l’éclairage artificiel, les matchs en nocturne se sont développés et même les plus grands tournois, traditionnellement joués en extérieur, se dotent de courts couverts pour respecter le programme et jouer les finales le week-end de façon à attirer le maximum de téléspectateurs.
L’origine britannique du tennis a engendré de nombreux champions caractérisés par leur politesse et leur comportement flegmatique (on pense à Pete Sampras ou Roger Federer), voire impassible et froid (Ivan Lendl).
Mais d’autres ont eu des attitudes plus flamboyantes. C'est le cas d'Arthur Ashe, premier vainqueur noir d’un tournoi du Grand Chelem, l’US Open en 1968. Durant sa flamboyante carrière, il milita contre l’apartheid puis s'impliqua dans la lutte contre le sida. Plus près de nous, ce sport a produit des figures hautes en couleur, comme Ilie « Nasty » Nastase, John McEnroe, Boris Becker, André Agassi.
Le cyclisme
Vos réactions à cet article
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Gilles Magrou (03-07-2015 17:17:28)
Excellent article sur les origines
Bravo
Papy (29-05-2015 13:24:35)
Bonjour Alicia, voici l'histoire du tennis.
bises
Papy