Jeanne du Barry

Disons-le d'emblée, le film est pour l'essentiel fidèle à l'Histoire, même s'il prend avec elle de menues libertés afin de ne pas alourdir le scénario. Les deux frères du Barry, le souteneur et le mari de complaisance, sont ici réunis en une seule et même personne, de même que les premiers valets de chambre du roi.

Le protocole de la cour est aussi teinté de quelques touches de fantaisie comme la glace sans tain dans la chambre du roi ou le sautillement arrière des courtisans. Mais pour l'essentiel, l'atmosphère de Versailles est bien rendue et les courtisans en toilettes d'apparat font plaisir à voir, tout autant que les scènes de débauche.

Le film relate les six courtes années durant lesquelles Jeanne Bécu, fille du peuple et courtisane (prostituée de luxe), s'imposa à la cour comme favorite officielle du roi de France. Quelques mois après la mort de la discrète reine Marie Leszczynska, quatre à cinq ans après la mort de la marquise de Pompadour, elle va sortir le roi quinquagénaire de sa mélancolie et lui rendre le goût de vivre.

Si elle n'a pas eu d'influence directe sur les décisions du roi, on peut toutefois lui savoir gré d'avoir provoqué le renvoi de Choiseul et son remplacement par le « triumvirat » d'Aiguillon, Terray, Maupeou, qui allait engager les grandes réformes de la fin du règne que le jeune Louis XVI, hélas, allait abroger dès son avènement, pour le malheur de la royauté et le sien.

Tout cela est bien exposé par le film même si celui-ci s'en tient aux relations entre le roi, sa favorite et leur entourage, famille royale et courtisans. Il raconte l'hostilité du clan Choiseul et de Mesdames, les filles du roi, à la favorite. Mais la favorite, qui en a vu d'autres, tient bon jusqu'à la fin sans perdre le sourire... et avec la complicité du vieux duc de Richelieu, l'un de ses anciens amants, ici interprété avec toute la malice requise par Pierre Richard. 

Pour l'interprétation, accordons un satisfecit d'honneur à Johnny Depp, qui fait un Louis XV plus vrai que nature au physique comme au mental, et bien sûr à Maïwenn, à l'aise dans ce rôle de femme volontaire et rebelle.