Bruno Le Maire est ancien ministre de l’agriculture et député de l’Eure, par ailleurs candidat à l’investiture du parti Les Républicains pour les élections présidentielles de mai 2017. Le 8 juin 2016, il s’est entretenu de l’Histoire avec Jean-Pierre Bédéï (Herodote.net).
Agrégé de lettres modernes, il nous a fait part avec gravité et éloquence de son admiration pour l’empire romain et l’une de ses illustres figures, Hadrien, dont le règne et l’aura ont inspiré à Marguerite Yourcenar un roman mémorable.
Histoire et politique : un même élan
Pour expliquer son goût de l’Histoire, Bruno Le Maire évoque aussitôt sa vocation politique. Accéder aux plus hautes fonctions de l’État exige une connaissance du passé, sinon comment prétendre le guider ? L’homme politique doit s’inscrire dans le temps long et comprendre les basculements entre périodes de paix et de désordre.
L’empire romain : un modèle politique de stabilité
L’empire romain a façonné la France que nous connaissons en établissant un ordre public, religieux et juridique. Pour Bruno Le Maire, construire et comprendre la France d’aujourd’hui nécessite de remonter à nos sources gréco-latines comme à cette « culture romaine suffisamment confiante et puissante pour accueillir les autres ».
Admiratif, il rappelle que l’Empire était « bienveillant » et « faisait tenir ensemble des peuples différents » grâce à un « modèle d’intégration, capable d’accepter les différences politiques et religieuses. »
Hadrien, empereur cultivé, bâtisseur lucide, pacificateur habile
Succédant à Trajan, qui a repoussé les frontières jusqu’aux confins de l’Arabie, Hadrien est porté par la culture et la paix. Soucieux de préserver l’Empire des déséquilibres inhérents à son expansion, il va employer son énergie à pacifier les relations avec les puissances voisines, à réformer le droit, améliorer l’administration et les conditions de vie des citoyens (réformes agraires, greniers).
La circulation des biens et des marchandises s’en trouve dynamisée pour le plus grand bénéfice de Rome. Moins romanesque que César, homme de conquêtes, Hadrien restaure la grandeur de Rome.
L’Europe… la fin ?
Bruno Le Maire rappelle que la culture européenne se distingue par le respect des différences et des contrastes et précise que l’Europe demeure le premier espace économique et culturel du monde. La fin de l’Union européenne signifierait sa perte. L’Europe doit être respectée et ses intérêts défendus.
L’homme politique, porteur d’une vision
Pour le député normand, « la vie politique n’est pas un métier mais un engagement ». De même, un chef d’État doit avoir une « vision à long terme », porter « un projet politique de civilisation, comme l’empire romain », et s’appuyer sur les richesses économiques et culturelles de son pays.
L’Histoire est gravée en nous, rappelle-t-il en évoquant ses moments forts : les jeunes soldats fauchés à Verdun ; la ville d’Oradour-sur-Glane à jamais meurtrie ; la rafle du Vel d’Hiv et les déportations d’enfants français juifs ; la Résistance... Mais l’Histoire est aussi un facteur d’espoir car la France a toujours su se réinventer.
Souverains français
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Philippe Haviland (04-07-2016 01:02:08)
Vincent Placé inspiré par Napoléon Ier, François Bayrou par Henri IV, Bruno Lemaire par Hadrien... Ne nous décourageons pas : en cherchant encore longtemps, on finira peut-être par en trouver u... Lire la suite
Jean Louis Taxil (19-06-2016 22:02:25)
J'ai manqué une grande partie du match Hérodote - Hommes politiques. Le commentaire de Gugu, que je remercie, m'aidera à dire ceci: * Sortir de l'OTAN: non, pas maintenant. La France a des forces ... Lire la suite
Gugu (15-06-2016 14:12:59)
J'ai écouté Bruno Le Maire (il faudra qu'il change de patronyme s'il est élu, Bruno Le Président). J'ai noté: * savoir mettre des limites à sa puissance, * culture capable d'accueillir d'a... Lire la suite