Guerres mondiales

Hommes et femmes dans la France en guerre (1914-1945)

Pas besoin d'être un spécialiste pour apprécier la réédition en poche du livre Hommes et femmes dans la France en guerre (1914-1945) sous le nouveau titre : Sexes, genre et guerres (France, 1914-1945).

Il s'agit d'un ouvrage passionnant sur les bouleversements occasionnés par les deux conflits mondiaux dans les rapports entre les hommes et les femmes, par Luc Capdevilla, François Rouquet, Fabrice Virgili, Danièle Voldman (Payot, 2010, 380 pages).

Guerres mondiales

Les historiens à l'origine de cet ouvrage ont rassemblé leurs travaux sur la France et les Français pendant les deux guerres mondiales pour nous fournir un panorama saisissant et inattendu des moeurs et des attitudes collectives à travers ces périodes de ruptures.

On découvre ainsi comment la condition féminine va être bouleversée à la faveur de la Grande Guerre, à travers les recrutements dans les usines et, plus encore, la participation des femmes aux opérations militaires, en qualité d'infirmières et de soignantes.

Si la France de 1914 interdit aux femmes le port d'une arme, l'opinion publique n'en assimile pas moins ces infirmières à des combattantes. C'est le début d'une émancipation et d'une confusion des genres féminin et masculin qui transparaît de façon plus superficielle dans la mode «à la garçonne».

On lit des témoignages de femmes qui irradient le bonheur à la perspective de rejoindre le front, en qualité d'infirmières (faute de mieux) ; pendant la Seconde Guerre mondiale, d'autres volontaires manifestent leur amertume d'être confinées dans des tâches de secrétariat au lieu de tenir un fusil ou une mitraillette. Par une singulière inversion des genres, certaines femmes, sous le feu, montrent plus de cran que leur supérieur hiérarchique masculin...

Il n'empêche que la France officielle s'en tient jusqu'à la Libération de 1945 à une vision très conservatrice de la place de la femme, reproductrice et gardienne du foyer : répression de l'avortement en 1920, condamnation de l'adultère...

Les auteurs relèvent au passage le contraste entre la violence qui s'exerce à la Libération de 1945 sur les Françaises coupables d'avoir couché avec l'ennemi et l'indulgence, pour ne pas dire plus, qui entoure les anciens prisonniers qui s'étaient accordé du bon temps avec les Allemandes !

Parmi d'autres aspects abordés dans cet essai foisonnant, notons le paradoxe des soldats « pacifiques ». Pendant la Grande Guerre, de fait, une très petite minorité de poilus eurent à donner la mort dans des combats à l'arme individuelle. 80% des décès furent en effet le fait de l'artillerie et le reste, en bonne partie, des maladies. Autant dire que très peu d'anciens combattants eurent le souvenir d'avoir tué un ennemi.

Autre paradoxe relevé à la volée, celui des «volontaires embusqués». Les hommes qui devançaient l'appel sous les drapeaux avaient le privilège de choisir leur arme. Et beaucoup de ces «volontaires» en profitaient pour se faire affecter dans les armes réputées les moins meurtrières, en particulier la marine...

André Larané.
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

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