Regards sur l'enfant

Époque moderne : l’enfant exploité et rejeté

Malgré l’attention dont ils bénéficient, les enfants restent exposés dans le monde à des situations douloureuses ou dramatiques, livrés à la rue, à l'exploitation sexuelle ou à l'esclavage.

Il faudra encore de longs combats pour interdire le travail des enfants dans les usines et les champs, accorder un statut à ceux abandonnés à la naissance, faire primer l’éducation face à la délinquance juvénile et vaincre les perversions pédérastes.

Grimaces et misère - les Saltimbanques (détail), Fernand Pelez, 1888, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais.

« Ces enfants dont pas un seul ne rit » (Victor Hugo)

S'il est le plus célèbre, Victor Hugo n'est pas le seul écrivain a avoir dénoncé avec force la misère des enfants au XIXe siècle. À côté de ses Gwynplaine (L'Homme qui rit, 1869), Cosette et Gavroche (Les Misérables, 1862) se tiennent Rémi (Hector Malot, Sans famille, 1878), Tom Sawyer (Mark Twain, 1823) ou encore Oliver Twist (Charles Dickens, 1838).

Chacun s'accommode depuis l'origine des temps de voir les enfants travailler aux côtés de leurs parents  à la campagne et dans les ateliers familiaux, mais la révolution industrielle change la donne.

Sous l'effet des ligues charitables, la Grande-Bretagne légifère dès 1829, dix ans avant la France qui n'interdit qu'en 1841 le travail avant huit ans, et limite pour les plus âgés (de douze à seize ans) la journée de labeur à douze heures. En 1874, on fixe à douze ans le seuil d'admission en usine.

« Aux Enfants-Assistés : L'abandon », Edouart Grellet, 1886, musées de Senlis.

Petit vaurien, va !

L'enfant n'a jamais échappé à la délinquance et à la marginalisation, et l'on s'est souvent demandé que faire de ces graines de voyous. Sous l'Ancien Régime, on faisait appel aux religieux pour recueillir ceux qui étaient rejetés par leur famille et que l'on regardait plus avec méfiance que compassion.

Lorsqu'en 1633, saint Vincent de Paul fonde l'ordre des Sœurs de la Charité pour prendre soin des « exposés », ce sont déjà près de douze mille orphelins qui ont été abandonnés depuis trente ans à Paris.

Gravure d'Henri Pottin (1820-1864) illustrant un abandon, BnF, Paris.À son tour, la Révolution se penche sur la question et crée l'Assistance publique en 1793 pour prendre en charge les « enfants naturels » de la patrie, sans sanction pour la mère. 

Les pupilles de l'État apparaissent en 1811 tandis que l'abandon est facilité par la généralisation des « tours d'abandon » installés dans les murs des hospices : les mères désespérées y déposent leur nouveau-né sans craindre d'être vues.

L'adoption, autorisée pour les mineurs à partir de 1923, sera par la suite encadrée par les DDASS (Directions départementales des affaires sanitaires et sociales) créées après 1964, organismes qui préfèrent cependant encourager le maintien dans les familles.

Pour ceux qui ont choisi la voie de la criminalité, la prison de la Petite-Roquette leur est réservée à partir de 1836 à Paris. L'idée d'une prison pour enfants est un progrès puisque jusqu'alors ceux-ci étaient mêlés aux détenus adultes : on passe « du cloaque à la ruche » (Victor Hugo).

Mais les conditions de captivité restent terrifiantes comme put le découvrir l'impératrice Eugénie lors d'une visite surprise. Devant le scandale, l'établissement fut fermé en 1865 et les enfants envoyés dans des colonies agricoles, toutes entières dédiées au travail à l'exemple de celle de Mettray, en Touraine, que connut Jean Genet dans les années 20.

En 1934, la révolte des enfants de la colonie de Belle-Île-en-mer mit en lumière l'existence de ces bagnes dont on réclama enfin la fermeture, qui ne fut totalement effective qu'en 1977. Il fallut attendre 1912 pour voir l'apparition des tribunaux pour enfants et 1945 pour que l'éducation prime désormais sur la sanction.

Inacceptables perversions

Exploité et violenté à l'usine, dans la mine, à la ferme ou dans l'orphelinat, l'enfant est aussi depuis toujours et dans toutes les sociétés une proie pour les prédateurs sexuels.

Même si, en ce début du XXIe siècle, l'enfant semble dans nos pays occidentaux mieux protégé qu'ailleurs, il reste en danger à travers le monde. Maltraitances, guerres, prostitution, esclavage, illettrisme... sont autant de maux contre lesquels peinent à lutter les organisations telles que l'UNICEF (le Fonds des Nations unies pour l'enfance), créé en 1946.

Publié ou mis à jour le : 2019-06-12 16:29:10

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