Après Voltaire, Victor Hugo, Jean Jaurès, de Gaulle, Pierre Loti, Alain, Guevara etc. etc... voici Einstein à son tour accusé de mal penser !
Depuis plusieurs années, des plumitifs, y compris des universitaires, se font un devoir d’exhumer les confidences des célébrités passées et de les juger à l'aune de nos valeurs universelles (celles de l'Europe occidentale en 2018).
Dans le même temps, d'autres, qui n'ont jamais eu à prendre de décisions difficiles, passent au crible de la bien-pensance les actions des hommes d'État, de Colbert à Churchill.
Ces procédés soulèvent quelques questions. En premier lieu, jeter l’opprobre sur toutes les gloires du passé coupables d’écrits qui seraient aujourd’hui considérés comme racistes, esclavagistes ou antisémites, c’est ne rien comprendre aux mouvements de l'Histoire et à l'évolution des mœurs et des idées.
Pas besoin de remonter bien loin pour percevoir la rapidité des changements, souvent à notre insu : les sexagénaires qui, aujourd'hui, approuvent l'extension du mariage aux homosexuels, considéraient au temps de leur jeunesse le mariage comme une institution archaïque et bourgeoise vouée à une prompte disparition !...
Ensuite, la majorité des textes incriminés proviennent de correspondance privée ou de carnets personnels. Il s’agit le plus souvent de jugements à chaud ou de préjugés hâtifs pouvant comporter une dimension caustique ou provocatrice et qui constituent un prisme déformant de la pensée de l’auteur. Comme si nous n'étions pas tous enclins à des pensées contradictoires ! Que le premier qui n'a jamais formulé un préjugé à l'égard d'une personne d'une autre couleur, d'une autre nationalité ou d'une autre religion que la sienne lève le doigt !...
Ignorer à ce point l'Histoire et la nature humaine relève donc d'une bêtise crasse mais peut aussi conduire aux pires crimes qui soient : la persécution des suspects pour hérésie ou déviationnisme politique. Rien que dans le siècle précédent, des millions d'hommes ont ainsi payé de leur vie un propos en l'air ou une mauvaise blague.
Si nous ne voulons pas en revenir là, halte au feu !
En savoir plus avec Le Figaro
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible