Né à Châteldon (Puy-de-Dôme) le 28 juin 1883, dans la famille d'un modeste cafetier, Pierre Laval est un homme de contradictions.
Autodidacte aux manières frustes, il acquiert une immense fortune grâce à son cabinet d'avocat. Réformé pendant la Grande Guerre, il se fait ensuite le champion du pacifisme ; entré dans la politique à l'extrême-gauche, il devient pour finir, aux côtés du maréchal Pétain, le principal acteur de la collaboration avec l'occupant pendant la Seconde Guerre mondiale.
Avocat après des études d'autodidacte, Pierre Laval brille néanmoins dans les rangs de l'extrême-gauche révolutionnaire avant d'être élu en 1914 député socialiste d'Aubervilliers. Proche des humbles et habile manoeuvrier, il devient maire de cette cité ouvrière des environs de Paris et le restera presque sans discontinuer jusqu'à sa chute.
Réformé pendant la Grande Guerre, il ne cesse de militer en faveur d'une paix de compromis. Après le conflit, il quitte la SFIO (le parti socialiste de l'époque) et se fait réélire sous l'étiquette de socialiste indépendant en 1924, lors des élections qui voient la victoire du Cartel des Gauches.
Habile manoeuvrier, il est plusieurs fois ministre, notamment ministre de la Justice dans le gouvernement de gauche de Briand, en 1926, et ministre du Travail dans celui de Tardieu en 1930. À ce poste, il promulgue la loi sur les assurances sociales, à l'origine de la Sécurité Sociale.
Sous la présidence d'Albert Lebrun, Laval occupe différents ministères dont celui des Affaires étrangères, qu'il prend suite à l'assassinat de Louis Barthou et conserve jusqu'en mai 1935. En cette qualité, soucieux de protéger la France contre la menace allemande, il négocie une alliance avec l'Italie de Mussolini ainsi qu'avec l'URSS de Staline. Mais l'invasion de l'Éthiopie par l'Italie signe son échec.
Réinstallé à la présidence du Conseil de juin 1935 à janvier 1936, Pierre Laval tente de remédier à la crise économique par une politique de « déflation » ; autrement dit une baisse autoritaire des salaires. Catastrophe ! Il s'ensuit une chute de la production industrielle de l'ordre de 30%, plus de 500.000 chômeurs secourus... et une victoire électorale du Front populaire en mai 1936.
Il se dépense sans compter pour obtenir des parlementaires réunis à Vichy qu'ils votent les pleins pouvoirs constitutionnels au vieux Maréchal le 10 juillet 1940. Ce succès lui vaut deux jours plus tard la vice-présidence du Conseil. Il devient de facto la cheville ouvrière du gouvernement.
Intimement convaincu de l'inéluctable victoire de l'Allemagne, Laval prend le parti d'en atténuer le prix pour la France et s'engage ce faisant dans une collaboration de plus en plus équivoque avec l'occupant.
Mais Pétain, qui souffre de son arrogance, le renvoie brutalement le 13 décembre 1940. Il le fait même arrêter mais l'ambassadeur allemand à Paris Otto Abetz, qui l'a en estime, obtient sa libération.
Les Allemands, las des tergiversations du gouvernement de Vichy, imposent au maréchal Pétain de le rappeler le 17 avril 1942 avec des pouvoirs quasiment illimités. La Collaboration se confond désormais avec Pierre Laval.
Le 22 juin 1942 (un an après l'invasion de l'URSS), Pierre Laval tient un discours radiodiffusé dans lequel il célèbre l'Allemagne, « rempart contre le bolchevisme ». Il a cette formule qui révulse l'opinion : « Je souhaite la victoire de l'Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout ».
Contraint à une « collaboration » de moins en moins nuancée avec l'occupant allemand, Laval fait entrer dans son gouvernement, le 30 décembre 1943, Joseph Darnand. Le chef de la Milice, groupe paramilitaire pronazi, haï de la population, devient secrétaire général au Maintien de l'ordre en remplacement de René Bousquet. Le 16 mars 1944, c'est au tour de Marcel Déat. Cet intellectuel socialiste et pacifiste, auteur d'un article retentissant en 1939 (Mourir pour Dantzig?), converti à l'idéologie nazie, devient ministre du Travail et de la Solidarité nationale...
À l'arrivée des troupes alliées, Laval est évacué par les Allemands vers la forteresse de Sigmaringen. Il réussit à gagner l'Espagne de Franco mais ce dernier le livre aux nouvelles autorités françaises. Haï de tous, il est condamné à mort au terme d'un procès bâclé. Malgré des demandes de grâce adressées au général de Gaulle par des personnalités aussi diverses que Léon Blum et François Mauriac, il est fusillé le 15 octobre 1945, sur un sentier le long de la prison de Fresnes.
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