Avocat et riche propriétaire terrien du Rio Grande do Sul né en 1883, Getúlio Vargas va dominer la vie politique du Brésil pendant un quart de siècle, évoluant entre nationalisme, autoritarisme, réformisme social et même socialisme.
Immensément populaire auprès des classes ouvrières, il conquiert plusieurs fois la présidence de la République, soit par un coup d'État, soit par la voie démocratique ; il en est également plusieurs fois chassé par l'armée. La dernière sortie lui sera fatale : contraint à la démission, il préfère se suicider.
Un populiste de son temps
Il arrive au pouvoir par un coup d'État en octobre 1930, dans un contexte de crise économique grave, les cours du café s'étant effondrés suite au krach d'octobre 1929.
Il met en place un régime autoritaire, complexe, marqué par des influences diverses, dont le catholicisme social. Il prend des mesures comme de réduire à 8 heures par jour la durée légale du travail et d'introduire les congés payés. Il introduit le vote à bulletin secret et donne le droit de vote aux femmes. Il fait brûler le café pour réduire les surplus...
En 1934, Vargas établit une nouvelle Constitution en vertu de laquelle il se fait élire par le Congrès président de la République pour quatre ans. Les contestations sont cependant nombreuses, avec à droite l'Action Intégraliste Brésilienne, d'inspiration fasciste, qui se rapproche progressivement de Vargas, et à gauche les communistes, regroupés avec d'autres mouvements dans l'Alliance Nationale Libératrice. En novembre 1935, l'armée restée fidèle au régime réprime un soulèvement militaire de gauche.
L'évolution droitière du régime aboutit le 10 novembre 1937 à un nouveau coup d'État de Vargas. La constitution de 1934 est abolie. Les organisations politiques, y compris l'AIB, sont dissoutes. Un « État nouveau » (« Estado Novo ») est proclamé, non sans parenté avec celui du Portugais Salazar.
Vargas mène une politique nationaliste en promouvant une culture spécifiquement brésilienne qui intègre les éléments africains et en encourageant la modernisation de l'économie. Le président étend aussi les droits sociaux des travailleurs (congés payés, assurance sociale...), ce qui lui vaut le surnom de « Père des pauvres ».
Populaire et indéboulonnable
Non sans réticence, il se détache des puissances de l'Axe et entre le 22 août 1942 en guerre contre l'Allemagne et l'Italie. À mesure que la fin de la guerre approche, Vargas, très populaire, prépare un retour à la démocratie.
L'armée, qui le soupçonne d'être devenu pro-communiste, le contraint à se retirer le 29 octobre 1945.
Qu'à cela ne tienne, il se fait élire gouverneur du Rio Grande do Sul puis triomphe à l'élection présidentielle de 1950. S'appuyant sur les classes populaires, il nationalise des grandes entreprises. L'hydroélectricité, le pétrole et la sidérurgie connaissent un développement spectaculaire avec, par exemple, la création de la compagnie Petrobras et du complexe métallurgique de Volta Redonda.
Le président prend aussi des mesures comme le doublement du salaire minimum, le 1er mai 1954. Dans le contexte de la guerre froide, c'en est trop pour les classes moyennes, l'armée et surtout les grands propriétaires fonciers absentéistes (les latifundistes). Ils résident à Rio, dominent les journaux et les radios, et sont encore très influents à l'intérieur des terres. Les campagnes d'opinion contre le président et ses soutiens se multiplient. Vargas, usé, laisse la corruption gripper les rouages de l'État. L'assassinat de plusieurs membres de l'opposition ternit son image.
Sommé une nouvelle fois de démissionner par un groupe d'officiers, il préfère se suicider.
Son successeur à la présidence de la République est un proche, Juscelino Kubitschek. Élu le 3 octobre 1955, il prend ses fonctions le 31 janvier 1956 dans un contexte de crise ouverte entre l'armée et le pouvoir : l'état d'urgence est proclamé pour éviter un putsch. Durant les années qui suivent, « JK » parvient à rétablir l'ordre et à ramener le calme. Il réalise un vieux rêve national en décidant la création d'une nouvelle capitale, Brasília, à l'intérieur des terres.
Cet intermède démocratique s'achève le 31 mars 1964 sur un coup d'État militaire.
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