Aux sources de l'Histoire

Curley et Punch, les deux stars du cirque Pinder

La carte postale, très en vogue jusqu'à l'irruption d'internet, est riche d'enseignements sur les modes de vie mais aussi les aventures individuelles. Ainsi nous éclaire-t-elle sur les baladins du cirque Pinder, célébrissimes en France au XXe siècle.

Ce cirque est né en Angleterre en 1854. Dans les années 1870, Arthur Pinder, fils du fondateur William, gagna la France et finit par acheter une propriété à La Villedieu du Temple (Tarn-et-Garonne). Comme le village était depuis peu traversé par la ligne de chemin de fer Bordeaux-Sète, le cirque put y prendre ses quartiers d’hiver.

Il est probable que la présence du cirque bouleversa la vie de cette commune, comme le suggère la carte postale montrant un « éléphant-laboureur » pendant la Première Guerre Mondiale.

Carte postale d'un éléphant laboureur du cirque Pinder à La Villedieu pendant la Première Guerre Mondiale.

Un éléphant et un dresseur célèbres

Punch et le « capitaine Curley ». L'agrandissement présente une démonstration  (photographie : ouvrage de Jacques Garnier).Au début du XXe siècle, au sein de la troupe, le « Capitaine Curley » (textuellement, « aux cheveux bouclés ») rappelait le prestige des militaires pendant la période coloniale. Il portait beau et il était le dresseur d’un éléphant d’Asie nommé « Punch ».

Plusieurs chroniques, dans la presse locale et sur le site du Muséum de Toulouse évoquent le Capitaine Curley. Mais personne ne connaissait vraiment son identité : il s’agissait en fait de Frédéric William Adkins, né le 2 août 1874 dans le petit village de Scarning, comté de Norflok, à l’Est de l’Angleterre. C’était le fils de William Thomas Adkins, charpentier et de Martha Partridge.

Plusieurs chroniques dans la presse locale et au Muséum de Toulouse relatent la « légende » du Capitaine Curley, mais personne ne connaissait vraiment son identité : il s’agit de Frédéric William Adkins, né le 2 août 1874 dans le petit village de Scarning, comté de Norflok, dans l’Est de l’Angleterre. C’est le fils de William Thomas Adkins, charpentier et de Martha Partridge.

Les Histoires du cirque de Lewis James Pinder dit Arthur, 1978, Jacques Garnier, Orléans.

Les journalistes et le cirque brodèrent d'aimables histoires autour du « couple » constitué par le dompteur et le pachyderme. Et sans doute vécurent-ils des jours heureux pendant quelques années...

Mais un jour, de retour à La Villedieu après une saison de cirque, le Capitaine Curley aurait tout quitté par dépit amoureux, abandonnant son éléphant pour s’exiler au Canada. Une autre rumeur prétendit que l’éléphant aurait tué son maître.

Philippe Lacomme, taxidermiste du Muséum de Toulouse, auprès de Punch (Photographie Muséum de Toulouse). L'agrandissement montre le squelette en bois de liège réalisé pour reconstituer l’éléphant, collection Muséum de Toulouse. La vérité est assez différente mais tout aussi triste.

L’éléphant Punch, d’un poids de plus de trois tonnes, était devenu agressif et bientôt incontrôlable. Trop dangereux, il fut abattu par les militaires du 11e régiment de ligne de la caserne Guibert à Montauban, à moins que ce ne fut par des zouaves d’Agen.

Des cartes postales nous montrent son cadavre, place du château des Templiers, le 1er juillet 1907, entouré par les militaires et la population du village.

En décembre de la même année, la peau de Punch fut récupérée auprès d’Arthur Pinder par le Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse. L’éléphant, soigneusement naturalisé par un taxidermiste, puis restauré en 2005, constitue aujourd’hui l’une des pièces vedettes du Muséum.

Le cadavre de Punch. Arthur Pinder (assis) pose devant l’éléphant.

Pour sa part, le Capitaine Curley-Adkins s'en tira mieux. Il était encore dresseur au cirque Pinder en 1913, au moment de son mariage à La Villedieu avec Marie Théonie Bordes, la fille d’un cultivateur de Léojac-et-Bellegarde. Le témoin était Arthur Pinder lui-même, qui mourut à Montauban en 1924.

Adkins prit racine en France et, abandonnant le cirque, put ensuite ensuite d’un petit métier plus convenu, « emballeur ». Il s’éteignit à Ivry-sur-Seine en 1939.

Philippe Chapelin, généalogiste

Punch au Muséum de Toulouse entouré par une girafe et un ptésosaure, photographie : Christian Nitard.

Le bon filon

La carte postale était au tournant des années 1900 un outil d’information événementielle (et un organe de propagande en temps de guerre). Les Archives conservent parfois des collections importantes de cartes postales, mais c’est souvent le hasard de la recherche qui permet de retrouver des cartes événementielles.


Publié ou mis à jour le : 2019-05-13 11:27:17

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