Près d'un siècle après, la commémoration de l'Armistice demeure l'un des moments forts de la vie civique dans les grands pays européens, en France, en Belgique, au Royaume-Uni, mais aussi en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande...
L'Allemagne fait exception. Elle garde de novembre 1918 le souvenir d'une dramatique période assombrie par la famine, les troubles révolutionnaires, l'agitation politique et bien sûr le retour des soldats du front, humiliés mais « invaincus » du point de vue officiel. Aussi n'a-t-elle jamais fait le deuil de cette tragédie, laquelle est aujourd'hui occultée dans sa mémoire par celle du nazisme.
À chaque commune son lieu de mémoire
Parmi les grands pays, la France est celui qui a payé le tribut le plus élevé à la Grande Guerre (3,4 morts pour 100 habitants), d'où la profusion de monuments aux morts dans ce pays plus qu'en aucun autre...
De 1920 à 1925, la France va se doter d'environ 30.000 monuments aux morts, chaque commune ayant à coeur d'honorer ses morts et disparus.
Ces ensembles statuaires de plus ou moins bon goût mais toujours émouvants avec leur liste de tués et de disparus deviennent un nouveau lieu d'expression de la vie civique.
La dimension exceptionnelle de la Grande Guerre n'échappant à personne, la France et les autres belligérants ont instauré par ailleurs de nouveaux rites pour en rappeler le souvenir.
À l'occasion du premier anniversaire de l'armistice de 1918, la France a ainsi inventé le cérémonial de la « minute de silence » en hommage aux victimes du conflit.
L'année suivante, le 11 novembre 1920, la IIIe République célèbre son cinquantenaire en transférant le coeur de Gambetta au Panthéon et, pour la première fois, rend hommage à un Soldat inconnu mort pendant la guerre, représentant anonyme de l'ensemble des « poilus » morts pour la France. D'autres pays comme la Belgique et le Royaume-Uni adoptent le même rituel.
Contre l'avis des autorités françaises, peu soucieuses de rajouter un jour chômé au calendrier, les anciens combattants obtiennent que le 11 novembre, anniversaire de la cessation des combats, devienne un jour férié et chômé. C'est chose faite à partir de 1922.
L'anniversaire de l'Armistice est devenu depuis lors l'une des fêtes civiques les plus marquantes en France, mais aussi en Belgique et au Canada. Il est également commémoré avec ferveur - mais non chômé - en Grande-Bretagne, ainsi qu'aux États-Unis sous le nom de Veterans Day.
Dans les pays anglo-saxons, les anciens combattants, les officiels et aussi les particuliers communient dans le souvenir des morts en portant un coquelicot de papier à la boutonnière. Cette fleur a une prédilection pour les sols fortement remués et, pour cette raison, s'épanouit dans les champs de bataille et les cimetières militaires. Cette particularité lui a valu d'être évoquée dans des poèmes à la mémoire des soldats défunts.
On dit que deux jours avant l'armistice du 11 novembre 1918, une Américaine eut l'idée d'arborer un coquelicot sur la poitrine. Son idée fut aussitôt reprise par ses concitoyens et, en 1921, le feld-maréchal Douglas Haig encouragea la vente de coquelicots en papier par la Légion britannique en vue d'amasser des fonds pour les anciens combattants pauvres et invalides (British Poppy Day Appeal).
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Giloubat (10-11-2014 22:57:52)
Auguste Thin a expliqué son choix de l'Inconnu. Il aurait souhaité choisir le cercueil provenant du secteur où il avait combattu, mais il ignorait lequel. Après avoir fait deux fois le tour des ce... Lire la suite