XVIe-XXIe siècles

Colombie, le pays de l'Eldorado

Qui connaît la Colombie ? Ce grand pays n'est pas l'héritier d'une grande civilisation amérindienne comme le Pérou et le Mexique et l'on a généralement oublié qu'il est à l'origine du mythe de l'Eldorado.

Il n'a pas de richesses naturelles, si ce n'est son café Arabica qui lui a permis dans les années 1990 de devenir le deuxième exportateur mondial après le Brésil. Il n'a pas non plus de figure charismatique comme le Cubain Fidel Castro ou le Vénézuélien Simón Bolívar mais s'est acquis une place dans la littérature avec Gabriel García Márquez, né en 1927, prix Nobel 1982, auteur de Cien años de soledad (Cent ans de solitude).

Mais le pays s'est acquis une réputation de violence endémique et s'est tristement rendu célèbre dans les années 1980 avec les méfaits des narcotrafiquants de Medellín et plus récemment avec les enlèvements de personnalités par les guerilleros des FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes), la plus ancienne guerilla du monde contemporain.

Un pays discret

Drapeau de la ColombieGrande comme deux fois la France (1,140 million de km2) et peuplée de 45 millions d'habitants (2008), la Colombie est un pays très métissé. Les Blancs, descendants des colons espagnols, constituent 20% de la population, les Noirs et mulâtres également 20% et les Indiens et métis 60%. Il n'y a pas d'affrontement racial même si l'oligarchie d'origine européenne conserve le haut du pavé.

Le temps des conquistadors

Le premier Espagnol à toucher le rivage sud-américain, en 1499, est un ancien compagnon de Christophe Colomb, Alonso de Ojeda.

L'expédition ramène des émeraudes qui font forte impression à la cour des rois d'Espagne.

6 avril 1536 : Gonzalo Jimenez de Quesada part explorer l'intérieur avec 600 hommes. Il. Dans une vallée gouvernée par un roi du nom de Bogotá, il fonde en août 1538 une cité appelée Santa Fé de Bogotá et baptise la contrée Nouveau royaume de Grenade (Nouvelle-Grenade) en souvenir de sa ville natale. Autant de noms qui seront consacrés par la postérité !

Comme les autres colonies espagnoles, la Nouvelle-Grenade est soumise au régime de l'encomienda. Sous prétexte d'évangélisation et en violation des règlements officiels, les colons soumettent les Indiens au travail forcé.

La colonie est administrée par le Conseil des Indes, une administration qui siège à Séville. Les descendants des colons espagnols, sur place, n'en font qu'à leur tête comme le montre leur résistance aux Nouvelles Lois édictées par Charles Quint en 1542 en vue d'humaniser les encomiendas.

La Nouvelle-Grenade, qui réunit tout le nord des Andes, va être conduite à l'indépendance par le « Libertador » Simón Bolívar. En définitive, le Venezuela fait sécession début 1830, suivi par l'Équateur. C'est la fin du rêve panaméricain de Bolívar.

Les indépendances en Amérique du Sud (1783-1939)

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L’indépendance des États-Unis d’Amérique (1783) réveille les aspirations autonomistes de la bourgeoisie créole dans les colonies espagnoles d’Amérique ainsi qu'au Brésil sous tutelle portugaise.

En 1810, les trois grandes vice-royautés espagnoles d'Amérique du sud (Nouvelle-Grenade, Pérou et Rio de la Plata) vont échouer une première fois à se libérer. Elles vont enfin y arriver au terme d'une seconde série de guerres d'indépendance (1816-1829). Mais celles-ci vont ensuite déboucher sur un éclatement de l'Amérique espagnole en de nombreux États rivaux ...

L'ère des caudillos

Suite à la sécession de l'Équateur et du Venezuela, le pays prend le nom de République de Nouvelle-Grenade, puis en 1853, celui de Confédération grenadine et, en 1863, celui d'États-Unis de Colombie. En 1886, enfin, il adopte son nom actuel de République de Colombie.

Appauvri, le pays est balloté par les conflits entre factions, chacune conduite par un caudillo, chef militaire ou riche notable de province. Au milieu du XIXe siècle, ces conflits s'ordonnent autour de deux grands partis : les conservateurs, disciples de Bolívar, partisans de la centralisation et d'un pouvoir fort, et les libéraux, disciples de Santander, partisans du fédéralisme.

La première guerre civile de grande ampleur survient en 1899. C'est la la guerra de los Mil Días (« guerre des Mille Jours »). Elle va coûter la vie à cent mille personnes, soit tout de même 3,5% de la population de l'époque.

Emprise de la Violence

En 1903, au sortir de la guerre des Mille Jours, le gouvernement colombien est approché par Washington qui souhaite creuser un canal à travers l'isthme de Panamá. Mais les parlementaires colombiens refusent d'aliéner leur souveraineté et s'opposent au traité.

C'est un coup dur pour les habitants de Panamá, qui plaçaient beaucoup d'espoirs dans cette opportunité. Ils font sécession le 3 novembre 1903.

À l'orée du XXe siècle, les latifundiaires (exploitants d'immenses exploitations héritées de l'ère coloniale, les latifundias) découvrent les vertus du café. 

Voilà que se hisse à la tête du camp libéral une personnalité hors norme, Jorge Eliécer Gaitán. Il indispose les élites et séduit les classes populaires par ses manières brusques et son langage à l'emporte-pièce. Sa victoire aux présidentielles ne fait pas de doute quand survient un drame : il est assassiné à Bogotá le 9 avril 1948 !

Dans les mois qui suivent, le pays entre dans une longue période de troubles, la « Violencia », qui va faire 300 000 morts. La réputation de violence endémique propre à la Colombie remonte à cette période.

Une nouvelle constitution, en 1957, stipule que, jusqu'en 1974, le gouvernement sera partagé entre les deux partis et qu'un libéral et un conservateur devront se succéder à la présidence !

Mais des agitateurs rescapés de la Violencia se fédèrent autour d'une idéologie marxiste et forment les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie), sous l'impulsion d'un syndicaliste de 50 ans, Manuel Marulanda Vélez, joliment surnommé Tirofijo (« Tir fixe ») !

Une autre guérilla, le M19 (« Mouvement du 19 avril »), est créée en 1970 pour protester contre la fraude électorale qui prive cette année-là le général Rojas Pinilla de sa victoire à l'élection présidentielle. Elle aura son heure de gloire le 27 février 1980 avec l'occupation de l'ambassade dominicaine et la prise d'une quarantaine d'otages, dont 14 ambassadeurs, pendant deux mois...


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Publié ou mis à jour le : 2019-08-11 19:53:51

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