Michel Winock, historien de la IIIe République, s'est essayé à une biographie de Clemenceau (Perrin, 2007, 580 pages, 24 €), après beaucoup d'autres historiens, dont Philippe Erlanger et Jean-Baptiste Duroselle.
Cette nouvelle biographie du Tigre dessine un personnage entier, sarcastique, batailleur, d'une énergie à revendre mais par-dessus tout animé par l'amour de la France et de la République.
Georges Clemenceau, rappelons-le, ne donnera sa pleine mesure qu'à 76 ans, quand il sera appelé à la présidence du Conseil pour raffermir le moral des troupes et des citoyens au plus fort de la Grande Guerre.
Dès le début de la IIIe République et pendant plus de quarante ans, il construit sa réputation d'éternel opposant, justement surnommé le «tombeur de ministères». À la tribune de la Chambre des députés ou du Sénat, il se fait fort de ne jamais laisser passer une critique et répond à ses contradicteurs par une répartie redoutable. Michel Winock ne se fait pas faute de nous rappeler ses bons mots.
Doté d'un réel courage physique, Clemenceau ne rechigne pas non plus à convoquer sur le pré ses adversaires. Redoutable bretteur, il s'est ainsi battu avec Déroulède, Drumont et également le pauvre Deschanel (élu président de la République en 1920 au nez et à la barbe de Clemenceau, il démissionnera au bout de neuf mois pour cause de maladie mentale).
L'historien Michel Winock donne vie au personnage du Tigre. Il montre en particulier comment l'expérience douloureuse de la Commune a façonné son tempérament et ses convictions. Nommé maire de Montmartre par le gouvernement provisoire dès l'automne 1870, le jeune médecin assiste impuissant au meurtre des généraux Thomas et Lecomte. Il réprouve l'attitude de la foule mais ne peut s'empêcher d'en vouloir aux dirigeants républicains qui, autour d'Adolphe Thiers, l'ont provoquée par leur empressement à mettre fin à la guerre, faisant fi des souffrances et des sacrifices endurés par la population.
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