Les cinq premiers correspondent à l'époque des «Printemps et des Automnes» , de 770 à 481 avant JC, les deux derniers à celle des «Royaumes Combattants», de 481 à 221 avant JC, qui se termine par l'unification de la Chine par l'empereur SHI HUANGDI (ou QIN SHI WANG DI).
La chronique des Printemps et des Automnes et des Royaumes Combattants est une adaptation du recueil de récits historiques chinois : DONG ZHOU LIE GUO ZHI (Chronique des royaumes féodaux à l'époque des ZHOU Orientaux) de CAI YUAN FANG d'après "Les annales des royaumes" de FENG MENG LONG. Adaptation plutôt que traduction, le texte chinois ayant été considérablement abrégé.
Elle retrace sous une forme romanesque l'histoire de la Chine depuis l'exode de la dynastie des ZHOU sous la pression des belliqueuses tribus du Nord en 770 avant JC jusqu'à son unification par le célèbre empereur QIN SHI HUANG DI en 221 avant JC. Cette période joue un peu le même rôle que l'histoire ancienne pour notre culture classique.
Dans la littérature chinoise, en particulier dans les oeuvres des confucéens, on trouve souvent cités en référence des événements ou des anecdotes qui en sont tirés pour permettre des commentaires qui cherchent à fixer une éthique ou à définir un art de gouverner. Un grand nombre de proverbes y trouvent leur source ; par exemple, les expressions : "GUO HE ZHE QIAO", "détruire le pont après avoir franchi la rivière" ou "jeter l'écorce après avoir pressé le citron", fait allusion à l'ingratitude de ZHENG LI GONG envers SONG ZHUAN GONG qui l'avait aidé à prendre le pouvoir. "LAO MA SHI TU " : "les vieux chevaux connaissent la route" ou "il faut faire confiance aux gens d'expérience" rappelle l'expédition de QI HUAN GONG aux confins de la Mandchourie : "YIZI ER SHI, SHI GU ER CUAN" , "échanger les enfants pour les manger, brûler les ossements des morts pour faire du feu" décrit les horreurs de la guerre à l'occasion du siège de SONG. De nombreuses pièces de thêatre ou même de films s'en sont inpirés tels que "l'orphelin de la famille ZHAO ", repris dans une tragédie de Voltaire, ou plus récement le film L'empereur et l'assassin.
À cette époque, la Chine est soumise à un régime de type féodal qui ressemble à celui du Moyen Âge. Les pairs du royaume sont les grands feudataires du roi de ZHOU, soit parce que leurs ancêtres sont issus de la famille royale soit parce qu'ils l'ont bien servie. Les principaux Etats sont ceux de QI, LOU, JIN, CAI, WEI, YAN, ZHENG. Les seigneurs de SONG sont les descendants de l'ancienne dynastie des SHANG et ceux de CHEN de celle des XIA. Les Etats de QIN à l'Ouest et de CHU au Sud sont considérés comme des étrangers. Aux confins du royaume, les RONGS, les DIS au Nord ou les MANS au Sud sont des tribus barbares, non chinoises.
La chronique relate d'abord dans quelles circonstances le roi de ZHOU a été amené à transférer sa capitale dans l'est, à LUO YANG au HE NAN, marquant ainsi le début de la dynastie des ZHOU Orientaux. Après la défaite du roi ZHOU HUAN WANG par le comte de ZHENG, ZHENG ZHUANG GONG, les ZHOU ne sont plus capables de gouverner leur royaume, mais ils conservent encore un certain prestige d'ordre moral qui s'amenuisera avec le temps. Se substituant à eux, le plus puissant des seigneurs du moment pourra faire régner l'ordre en leur nom ou tout au moins en le prétendant, jouant un peu le rôle des maires du palais au temps des mérovingiens. Il porte alors le titre d'hégémon.
Conseillé par son ministre GUAN ZHONG, le marquis de QI, QI HUAN GONG, est le premier d'entre eux. Il mène à bien une périlleuse expédition aux confins de la Mandchourie et oblige le seigneur de CHU à payer un tribut au roi de ZHOU. Après avoir erré dans tout le royaume pendant dix-sept ans pour échapper aux tueurs lancés à ses trousses par sa belle-mère, le marquis de JIN, JIN WEN GONG, succède à QI HUAN GONG dans son rôle d'hégémon. Il remporte une grande victoire sur CHU à CHENG PU et convie tous les pairs du royaume à venir rendre hommage au roi de ZHOU à HE YANG (- 628).
Abrités derrière leurs montagnes, les seigneurs de QI et de QIN restent à l'écart tandis que, prétendant toujours agir au nom du roi, les descendants de JIN WEN GONG, poursuivant son oeuvre, continuent à chercher à assurer le gouvernement du royaume. Ceci va les conduire à s'opposer pendant longtemps à CHU pour le contrôle de la plaine centrale et de la principauté de ZHENG.
Profitantt des querelles intestines qui affaiblissent JIN, le roi de CHU, CHU ZHUANG WANG, inflige au général XUN LIN FU de JIN une terrible défaite à BI CHENG (596 avant JC), prenant pour un temps le rôle d'hégémon. La lutte se poursuit encore pendant longtemps puis le marquis JIN DAO GONG, assisté du stratège XUN YING, reprend l'avantage en évitant les grandes batailles, appliquant une tactique semblable à celle de FABIUS CONCTATOR contre Hannibal. "Quand CHU avancera nous reculerons, quand ils reculerons nous avancerons ; ....l'armée de CHU ne connaîtra jamais le repos ...". MAO ZE DONG s'en est-il inspiré ? : "Quand l'ennemi s'avance nous nous retirons. Quand l'ennemi s'arrête et campe nous le harcelons..."
Finalement JIN DAO GONG suscite un nouvel adversaire à CHU avec la principauté de WU située au Sud-Est, mettant fin définitivement à l'expansion vers le Nord de CHU, trop occupé désormais pour faire face à cette menace. De plus en plus affaibli par ses luttes intérieures JIN n'en profite pas. Après une longue période d'hostilité, assisté d'un transfuge de CHU, WU YUAN, et du célèbre stratège SUN WU, le roi de WU, HE LU, finit pas prendre le dessus ; il s'empare et met à sac la capitale de CHU. (506 avant JC).
Après voir raconté la légende de la vie de CONFUCIUS, le récit relate la guerre qui oppose WU et son voisin du Sud, YUE. Le roi de WU, FU CHAI, vainc et fait prisonnier le seigneur de YUE, GOU JIAN qu'il libère après plusieurs années d'une dure servitude . Arrivé au fâite de sa puissance, obnubilé par sa passion pour sa favorite, la belle XI SHI, FU CHAI néglige les affaires de l'état et il finit par être vaincu par GOU JIAN. Le royaume de WU sera anéanti par celui de YUE, qui plus tard subira le même sort des mains de CHU. Les Viêtnamiens seraient les descendants des YUE qui auraient émigré vers le Sud à cette occasion.
À JIN, les grandes familles continuent à s'entre-tuer et finalement ce puissant état est partagé entre les trois principautés de ZHAO, HAN et OUEI (WEI), créant un vide politique que QIN ne va pas tarder à combler. C'est la période des royaumes combattants (481 à 221 avant JC). Le prince SHANG de l'école des légistes réforme d'une main de fer l'administration de l'état de QIN, lui fournissant l'infrastructure qui lui permettra de soumettre les autres royaumes. C'est en vain que, pour faire face au péril présenté par QIN, le rhéteur SU QIN tentera d'établir une alliance dite nord-sud, regroupant les états de ZHAO, OUEI, HAN, YAN, QI et CHU. Ceux-ci seront incapables de s'unir et s'épuiseront dans de vaines querelles qui les opposeront les uns aux autres.
Après une longue période de guerres de plus en plus impitoyables, avec massacre des prisonniers, siège interminables et annexions des pays vaincus, le roi de QIN, ZHAO XIANG WANG, s'empare en 256 avant JC des neuf trépieds sacrés, insignes du pouvoir absolu, et met fin définitivement à la dynastie des ZHOU qui régnait depuis 1121 avant JC. Il réussira aussi à se débarrasser de ZHAO, son principal rival. Les autres Etats n'offriront plus que peu de résistance. Le roi de QIN mettra fin définitivement au régime féodal, unifiant la Chine en un seul pays sous son égide et il prendra le titre d'empereur QIN SHI HUANG DI. Sa dynastie de lui survivra pas, mais ses institutions seront reprises par ses successeurs.
Il a été possible de localiser les positions de la plupart des lieux mentionnés à l'aide du dictionnaire chinois "ZI HAI " et des notes de Chavannes dans les Mémoires historiques de TSI MA TS'IEN, ce qui permet de comprendre les stratégies adoptées par les chefs d'état ou de suivre les voyages et les expéditions des principaux personnages. Les cartes concernant les opérations militaires sont fournies pour une meilleure compréhension du texte ; il peut évidemment exister d'autres versions de ces événements. La liste des personnages est donnée en annexe avec leurs différents noms, dans le texte le premier nom cité étant en général le seul adopté.
Il n'existe pas de véritable concordance entre les titres nobiliaires ou de fonctionnaires et ceux du Moyen Âge ; les traductions adoptées sont donc approximatives. Les unités de mesure sont également très incertaines.
La romanisation est conforme au système officiel dit PIN YIN sauf dans les cas, rares, où deux noms différents seraient traduits par le même mot, l'un des deux est alors transcrit suivant la méthode de l'école française d'extrême-orient par exemple OUEI pour WEI ou SHEN XI pour SHÂN XI.
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