Alphonse de Lamartine est l'un des principaux représentants de la poésie française et du romantisme. Il figure aussi avec Chateaubriand, Hugo et Tocqueville parmi les grands écrivains français qui jouèrent un rôle politique notable dans la première moitié du XIXe siècle. On ne connaît pas d'autres exemples au-delà de cette période à l'exception de Malraux, ministre des Affaires culturelles sous la présidence de De Gaulle.
Député de l'opposition républicaine sous le règne de Louis-Philippe Ier, Lamartine déclare en 1839 à la tribune de la Chambre des députés : « La France est une nation qui s'ennuie ». Le gouvernement plutôt tranquille et pacifique du « roi-bourgeois » lasse en effet les bourgeois libéraux et les jeunes gens de la génération romantique, autant qu'il irrite les ouvriers.
En 1847, il publie une Histoire des Girondins en vue, déclare-t-il, d'instruire le peuple « à la veille d'une révolution ». Cette révolution, qui va déboucher sur la Seconde République, survient l'année suivante. Lamartine, qui fait figure de visionnaire, est alors tiré de son lit par son ami et éditeur Pierre-Jules Hetzel, qui le traîne jusqu'à l'Hôtel de Ville de Paris. Retrouvant son inspiration, le poète porte la Révolution sur les fonds baptismaux et lui conserve le drapeau tricolore avec cette harangue mémorable aux ouvriers qui réclament le drapeau rouge : « Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang et vous devriez le répudier plus que moi : car le drapeau rouge, que vous-mêmes rapportez, n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 1791 et 1793, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ».
En phase avec l'opinion de son époque, lui-même se montre confiant dans le progrès technique. « Plaignons les victimes et marchons [sous-entendu : continuons d'aller de l'avant] ! » déclare-t-il le 9 mai 1848 à la tribune de l'Assemblée, au lendemain de la catastrophe ferroviaire de Meudon... À la fin de la même année, il se porte candidat aux premières élections présidentielles mais il est très largement battu par Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III.
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