Bartolomé de Las Casas (1474 - 1566)

L'Ami des Indiens

Homme de foi et de convictions, le religieux dominicain Bartolomé de Las Casas a proclamé pour la première fois, il y a un demi-millénaire, l'universalité des droits de l'Homme. 

Né à Séville, il participe d'abord à la colonisation des Amériques aux côtés de Nicolas de Ovando, lequel a remplacé Christophe Colomb à la tête de la colonie d'Hispaniola (Saint-Domingue) en 1502. Décidé à rompre avec les pratiques coloniales, il entre plus tard dans l'ordre religieux des dominicains. Il est ordonné prêtre à Saint-Domingue puis devient en 1544 évêque de San Cristobal, dans la pauvre province du Chiapas, au Mexique.

Au nom de l'Évangile

Bartolomeo de Las Casas (1474-1566)Très tôt, l'ancien descubridor s'indigne du sort fait à ses habitants, les « Indiens » et, pour leur défense, rédige une Très brève relation sur la destruction des Indes qu'il lit à l'empereur Charles Quint, à Burgos, en 1540, en vue de le convaincre de mettre un terme aux exactions des colons et de corriger le système des encomiendas, qu'il connaît bien pour avoir lui-même reçu une encomienda en 1510.

De ce texte engagé et parfois excessif provient la belle sentence, prémonitoire de l'idéologie des droits de l'homme : « Les lois, les règles naturelles et les droits des hommes sont communs à toutes les nations, chrétiennes et gentilles, et quels que soient leur secte, loi, état, couleur et condition, sans aucune différence ».

Bien qu'interdite à la publication, la Très brève relation sera publiée à Séville en 1552 grâce à la protection de l'empereur. Elle sera plus tard traduite en français en 1579 par un protestant flamand, Jacques de Miggrode, sous le titre équivoque Tyrannies et cruautés des Espagnols. De cette traduction découle la « Légende noire » qui s'attache à la conquête des Amériques par les Espagnols.

En attendant, en 1544, le fils de Charles Quint, le futur Philippe II, profite d'une absence de son père pour mettre au défi Las Casas de mettre en application ses préconisations à la tête d'un évêché. C'est une manière de se débarrasser de ce gêneur qui irrite la cour et les colons. C'est ainsi que Las Casas arrive en 1544 à San Cristobal, capitale du Chiapas (aujourd'hui San Cristóbal de Las Casas). Heurtant de front les colons et aussi les Indiens, échouant à convertir ceux-ci par la douceur, il est contraint de quitter son diocèse deux ans plus tard.

La réalité de la colonisation

À la demande de Charles Quint, Las Casas participe d'août 1550 à avril 1551, à Valladolid, au couvent dominicain de San Gregorio, à une controverse sur le point de savoir si les Indiens doivent être convertis par la contrainte. Contrairement à une idée convenue, nul ne doute qu'ils aient une âme...

Le débat est présidé par l'envoyé du pape Salvatore Roncieri. Las Casas doit affronter sur ce point le frère Juan Ginès de Sepulveda (60 ans), chapelain de l'empereur et théologien émérite.

Ce dernier revendique le droit à la conquête pour la raison qu'il faut mettre fin aux sacrifices humains des Indiens et assurer leur salut par le baptême. Son contradicteur rappelle les souffrances infligées par les colons aux Indiens, rappelle l'universalité de l'Évangile et relève aussi la relativité de la notion de barbarie.

L'empereur, ému par sa plaidoirie, décide de sévir contre les abus en Amérique. Mais les colons protégés par l'éloignement contournent ses injonctions. Tout juste ont-ils su saisir au vol une suggestion malheureuse de Las Casas. Celui-ci, du temps où il était en Amérique, avait proposé de bonne foi de recourir à des travailleurs africains, considérant qu'ils étaient plus aptes que les Indiens au travail dans les plantations (il s'en repentira plus tard, dans son Histoire des Indes publiée en 1560). Ce fut l'origine de la traite atlantique.

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

Voir les 4 commentaires sur cet article

Erik (09-08-2016 12:27:53)

Vallverdu, c'est vous le roi du barbarisme! Et non, l'Eglise Catholique ne s'est pas rendue coupable de tous les maux dont on l'accuse. Mais sans doute est-il trop tard pour renverser la vapeur d'un... Lire la suite

Vallverdu (05-08-2016 08:25:58)

Un seul homme s'est élevé contre ce barbarisme . Une fois de plus l'Eglise en a été la complice . Bien loin tout cela de la doctrine du Christ .

christian bonsacquet (01-08-2016 18:50:18)

L'article laisse penser que c'est lors de la controverse de Valladolid que Bartolomé de Las Casas aurait émis l'idée de recourir à des esclaves africains. Or c'est du temps où il était lui-même... Lire la suite

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net