Paléolithique inférieur

Aux origines de l'humanité

Lucy vivait-elle dans les arbres ? Y a-t-il du Neanderthal en nous ? Quand ont eu lieu les premières migrations hors d'Afrique ?... 

L'étude de la Préhistoire offre chaque année ou presque de nouvelles révélations sur notre identité humaine et nos origines. Suivons les émules d'Indiana Jones dans leur exploration du passé.

Australopitheques, Neanderthal et Homo-sapiens, ©2007-Photographe P.Plailly, Reconstruction E. Daynès

Les Australopithèques, nos très lointains cousins

Crâne de l?enfant de Taung, spécimen d?Australopithecus africanus de 2,1 mllions d?année découvert en Afrique du sud, collection de l?Université du Witwatersrand, Johannesburg, Didier Descouens.L'un des plus anciens hominidés qui nous ont précédés a été découvert fortuitement en 1924 en Afrique du sud et dénommé par le professeur Raymond Dart Australopithecus africanus (« Singe du Sud » en latin et grec).

Raymond Dart émet l'hypothèse qu'il appartientà notre famille, celle des hominidés. Mais la communauté scientifique ne l'admettra qu'après la Seconde Guerre mondiale, suite à la découverte de nombreux fossiles adultes.

Les Australopithèques se caractérisent par une petite taille et une capacité crânienne faible (moins de 500 cm3 contre 1300 pour les humains actuels). Ils ont une forte mâchoire au prognathisme marqué, comme les singes. Mais ce qui les distingue des primates communs et les rapproche d’Homo est le corps redressé et la main libérée.

Raymond Dart ose également voir dans ses Australopithèques la preuve que le « berceau de l'humanité » serait en Afrique.

Son hypothèse sera confirmée dans les années 1970 par la découverte en Éthiopie d’Australopithèques et de fossiles proches du genre Homo. C’est la « révolution Lucy ».

- Lucy et ses aînés :

Découverte en 1974, Lucy fait reculer jusqu'à 3 millions d'années l'origine de l'humanité.

Yves Coppens, né en 1934, est professeur au Collège de FranceMais elle est seulement notre grand-tante. Le genre Homo dont nous descendons vient en effet d'une branche latérale du genre Australopithèque. 

En octobre 2000, Brigitte Senut et Martin Pickford découvrent en Ouganda les ossements d'un hominidé de 6 millions d'années révélant un déplacement bipède assez développé. Baptisé Orrorin (« homme originel » en langue locale), il témoigne de ce que, déjà à cette époque, de grands singes ont tenté d'évoluer vers la bipédie sans y parvenir durablement.

En 2001 enfin, la mission franco-tchadienne de Michel Brunet met à jour un crâne de sept millions d'années baptisé Toumaï (« espoir de vie » en langue locale). Hominidé ou grand singe ancêtre des gorilles ?

- Lucy et ses cousins d'Asie :

Masol (Pendjab) : un sondage sur un site de charognage probable (photo : Anne Dambricourt Malassé)On sait aujourd'hui que l'Asie n'est pas le berceau de l'humanité. Mais elle fait toujours l'objet de recherches fécondes. La mission franco-indienne d'Anne Dambricourt Malassé a découvert en 2009 des traces de « boucherie » vieilles de 2,6 millions d'années à Masol, au Pendjab.

Qu'est-ce à dire ? Sur des ossements d'animaux, les paléontologues ont reconnu des incisions causées par des outils. Ce serait alors le plus vieux témoignage d’une activité manuelle de type humain hors d'Afrique.

Faute de fossiles qui pourraient l’éclairer, Anne Dambricourt Malassé envisage deux hypothèses :
- ces activités pourraient être le fait d'une très ancienne espèce du genre Homo qui aurait migré d'Afrique bien avant 2,6 millions d’années, ce qui suppose déjà une certaine densité de populations couvrant l’Est africain, la plaque arabique et l’Asie du sud.
- elles pourraient aussi résulter d'hominidés issus de mutations de grands singes présents dans cette région de l’Asie depuis au moins 13 millions d’années, et dont les lignées se seraient éteintes.

Le genre Homo et les espèces qui nous ont précédé

Louis Leakey (7 août 1903 ? 1 octobre 1972), archéologue et paléoanthropologue, examine des crânes des gorges d?Olduvai, Afrique.Deux savants kényans d'origine anglaise, Louis et Mary Leakey, mettent au jour en 1959 dans les gorges d'Olduvai (Tanzanie) un squelette vieux de 1,7 million d'années et accompagné d'outils en pierre. Il ne s'agit que de galets sommairement taillés sur une face mais suffisants pour découper de la viande ou casser des os.

Cette habilité à tailler des pierres le distingue des Australopithèques et lui a valu le nom d'Homo habilis (en latin, l'homme habile).

Homo habilis a vécu de 2,5 à 1,7 millions d'années BP (Before Present, avant 1950). Il a une boîte crânienne de petite capacité (550 à 680 cm3) mais il possède peut-être déjà le langage articulé.

Ses membres inférieurs montrent que c’est un marcheur (il se déplace par enjambées, l’Australopithèque marche en chaloupant), mais ses épaules traduisent aussi des déplacements dans les arbres.

Il a précédé dans la chaîne de l'évolution Homo erectus. L'un de ses représentants, baptisé Pithecanthropus erectus (ou « singe-homme redressé »), a été repéré dès 1890 par le médecin hollandais Eugene Dubois sur l'île de Java, en Asie.

Homo erectus aurait donc migré vers 2 millions d'années BP d'Afrique vers l'Eurasie. Il fabrique des outils bifaces, ce qui dénote l'acquisition de la symétrie. Il serait aussi la première espèce à avoir acquis la maîtrise du feu vers 1 million d’années.

Henry de Lumley, préhistorien français, a découvert l?homme de Tautavel le 22 juillet 1971.En Europe, le représentant le plus célèbre d'Homo erectus, vieux de « seulement » 450 000 ans, est l'homme de Tautavel, découvert le 22 juillet 1971 par Henry de Lumley dans la grotte de l'Arago (Pyrénées-Orientales).

Par leur capacité à fabriquer des outils en pierre, Homo habilis, Homo erectus et leur cousin Homo ergaster (l'homme artisan) inaugurent une longue période baptisée dès 1865 Âge ancien de la pierre taillée ou Paléolithique.

Le Paléolithique inférieur, aussi appelé Acheuléen en Europe, d'après le quartier de Saint-Acheul, à Amiens, s'étend de 1,7 millions à 300 000 BP.

Ce panorama des principales espèces Homo du Paléolithique inférieur serait incomplet sans ce petit dernier, dont une mandibule a été découverte en 1907 près d'Heidelberg (Allemagne), d'où son nom.

Connu en Afrique et dans le sud de l’Europe à partir de 600 000 ans, ce serait la première espèce dérivée d’Homo erectus à pratiquer un culte à l’égard de ses morts, signe de la croyance en l'au-delà.

Le Paléolithique moyen

Le Paléolithique moyen suit, comme il va de soi, le Paléolithique inférieur ! Aussi appelé Moustérien en Europe (d'après le site du Moustier, dans la vallée de la Vézère, en Dordogne), s'étend de 300 000 aux environs de 30 000 BP, il coïncide avec l'apparition de l'homme de Neanderthal...


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Enjeux démographiques
Publié ou mis à jour le : 2020-08-26 12:50:59

Voir les 5 commentaires sur cet article

MICHEL06 (24-04-2021 15:29:26)

Une mise à jour de paleoanthropologie serait utile car depuis 2016 les choses ont beaucoup changé, notamment grâce à la génétique : voir les cours de Jean Jacques Hublin du Collège de France

FAYARD (19-09-2016 17:29:51)

UN BON SCHEMA SERAIT UTILE CAR ON S Y PERD NOUS LES BEOTIENS

Magali (30-08-2016 23:05:35)

Bonsoir Les choses sont finalement très compliquées puisque la découverte en 2009 de l'hominidé Ardi vieille de 4.5 millions d'années montre que la bipédie existait déjà. Ainsi, ce n'est pas ... Lire la suite

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