Alexandre VI Borgia (1431 - 1503)

Un pape qui a le sens de la famille

Alexandre VI apparaît comme le plus amoral de tous les papes de la Renaissance, ce qui n'est pas un mince compliment. Mais ce fut aussi et avant tout un fin politique et un homme d'État d'envergure.

Alban Dignat

Un guide très peu spirituel

Né en Espagne, à Jativa, près de Valence, le jeune homme est adopté par son oncle maternel, Calixte III Borgia, pape de 1455 à sa mort en 1458. Il lui donne son nom et le hisse à la dignité de cardinal dès 1455. Rodrigo Lançol y Borgia manifeste dès lors ses qualités de séducteur, d'homme politique et d'administrateur dans la charge de chancelier de l'Église romaine, qu'il exerce sous les pontificats suivants. 

En 1468 seulement l'ambitieux est ordonné prêtre, ce qui ne change rien à son mode de vie. Devenu immensément riche, il obtient en 1492, à la mort d'Innocent VIII, la tiare pontificale à coup d'intrigues et de pots-de-vin, sans d'ailleurs scandaliser ses contemporains, accoutumés à ces pratiques.

Devenu pape, Alexandre VI Borgia continue de vivre en grand seigneur de la Renaissance, tout en observant strictement ses devoirs religieux !

Las de sa maîtresse Vanozza, il noue une relation avec Giulia Farnèse. Cette nouvelle maîtresse, qui a 40 ans de moins que lui, lui donnera deux enfants supplémentaires mais ne le dispensera pas de liaisons épisodiques.

Elle usera de sa séduction pour pousser son frère Alexandre Farnèse dans la hiérarchie de l'Église. Cardinal à 25 ans puis évêque grâce à la faveur du pape, il rompra avec son passé frivole et deviendra lui-même pape sous le nom de Paul III, à l'âge de 67 ans !

Jamais las de s'enrichir, Alexandre VI marchande les nominations de cardinaux. On le soupçonne aussi d'empoisonner les cardinaux les plus riches pour s'emparer de leur héritage ! Ce procédé ne serait pas sans risque.

Un soir de l'été 1503, s'étant invités chez le cardinal Adriano Castelli pour dîner à la fraîche, le pape et son fils César sont pris de malaises. Le premier va y succomber, le second en réchapper. Qui sait s'ils ont tenté d'empoisonner leur hôte mais bu par erreur dans les coupes qui lui étaient destinées ?...

Machiavel écrit en guise d'épitaphe : « L'esprit du glorieux Alexandre fut alors porté parmi le chœur des âmes bienheureuses. Il avait auprès de lui, empressées, ses trois fidèles suivantes, ses préférées : la Cruauté, la Simonie, la Luxure ».

Des enfants encombrants

Avant d'accéder au trône de Saint Pierre, Alexandre VI a déjà eu quatre enfants de sa maîtresse Vanozza de Cattanei : Jean, duc de Gandie, César, Lucrèce et Joffré, et - c'est une nouveauté au Vatican - les reconnaît publiquement.

César est nommé évêque de Pampelune à 15 ans, en 1490. Deux ans plus tard, son père devenu pape le fait cardinal de Valence. Mais il se défroquera et prendra le commandement des armées pontificales.

Menant une vie de grand seigneur scandaleux et brutal, il tentera de se tailler une principauté en Italie centrale, jusqu'à sa mort lors d'un siège, le 12 mars 1507, à 31 ans.

Il va inspirer à son contemporain Machiavel le personnage du Prince.

On le soupçonnera d'avoir fait assassiner et jeter dans le Tibre son frère aîné ainsi que d'avoir eu des relations coupables avec sa sœur Lucrèce. 

Celle-ci est mariée en 1493, à 13 ans, à Giovanni Sforza dans des fêtes d'une magnificence inouïe.

Ce premier mariage étant annulé pour des raisons diplomatiques, elle est remariée cinq ans plus tard par son père à Alphonse d'Aragon, fils naturel du roi de Naples.

Là aussi, suite à un revirement diplomatique, le pape manifeste le désir d'annuler le mariage mais sa fille étant enceinte, difficile de prétendre à la non consommation de l'union !

Qu'à cela ne tienne, les hommes de César assassinent dans sa chambre l'époux encombrant le 18 août 1500.

Lucrèce est remariée sans attendre à Alphonse 1er d'Este, futur duc de Ferrare, dont elle aura plusieurs enfants. Elle finira sa vie dans la piété et la charité et l'une de ses filles méritera d'être canonisée.

Le monde à un tournant

Notons qu'Alexandre VI, témoin de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb et du voyage de Vasco de Gama autour de l'Afrique, est amené à partager le monde entre le Portugal et l'Espagne par la bulle « Inter Caetera » (1493).

Cinq ans plus tard, le pape, qui est aussi un homme de goût, publie une autre bulle lourde de conséquences par laquelle il promet aux fidèles un effacement de leurs fautes et une réduction de leur purgatoire en échange de dons pour la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome. Ces « indulgences » promises aux fidèles vont scandaliser les chrétiens sincères et provoquer la Réforme de Luther.

Publié ou mis à jour le : 2020-12-17 09:28:51
marc-aurel (01-01-2016 12:41:16)

Je comprends mal les griefs d'Augustin... Herodote c'est Herodote et Facebook, c'est Facebook!

Augustin (18-08-2015 10:18:07)

Ce commentaire ne concerne pas la partie supérieure de cette page, mais sa partie inférieure. Abonné depuis plusieurs années à Hérodote, jusqu'à peu avec satisfaction, j'ai décidé de me dés... Lire la suite

RIGAL (16-04-2013 20:00:06)

Pouvez-vous m'indiquer un bon ouvrage de référence sur la vie des Borgia ?

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