9 juin 68

La mort de Néron ouvre l'« année des quatre empereurs »

Après un règne plutôt médiocre d'une quinzaine d'années, l'empereur Néron doit faire face à la rébellion de plusieurs cités. Il est lâché par sa garde prétorienne et déclaré ennemi public par le Sénat.

Le 9 juin 68, sur le point d'être capturé et n'ayant pas la force de s'empoisonner ou se jeter dans le Tibre, il supplie son secrétaire Épaphrodite de le tuer. « Quel artiste meurt avec moi ! » aurait-il alors murmuré. Avec lui disparaît le dernier représentant de la dynastie julio-claudienne.

La guerre des chefs

La mort de Néron (Jan Styka, 1902)L'armée, lassée par les excentricités coûteuses de l'empereur, viole pour la première fois depuis plus d'un siècle la légalité. Le coup part de la péninsule hispanique. Galba (Galba Servius Sulpicius), un vieux général de 73 ans, s'est illustré par sa compétence dans la guerre contre les Germains avant d'obtenir de Néron le gouvernorat de la Tarraconaise.

En 68, il apprend que l'empereur, jaloux de sa popularité, se dispose à le faire assassiner. Dans le même temps, ses amis l'invitent à marcher sur Rome. Hésitant, il s'y résout quand il apprend que le préfet du prétoire Nymphidius, qui assure normalement la sécurité de l'empereur, a pris son parti.

Il change son titre de légat pour celui de César et entame sa marche alors que Néron vient de se suicider. Nymphidius tente de le prendre de vitesse et de s'approprier l'empire. Pas de chance, il est tué par ses propres prétoriens. 

En approchant de la Ville, Galba voit venir à lui des soldats qui lui présentent leurs doléances. Il prend mal la chose et en tue plusieurs. Une fois installé dans le palais impérial, par souci de redresser les finances de l'État, il revient sur la promesse faite aux soldats et aux prétoriens de leur offrir une prime. Sa popularité n'y résiste pas...

Le 1er janvier 69, les légions de Germanie inférieure se rebellent et proclament empereur leur propre général, Vitellius, un jeunot de 54 ans (tout de même). L'apprenant, Galba désigne un successeur parmi les anciens adversaires de Néron. 

Mais voilà qu'Othon (37 ans), ancien compagnon de débauche de Néron et mari de Poppée, déçu de n'avoir pas été désigné par Galba après l'avoir soutenu, surgit du bois et retourne les prétoriens en sa faveur. Le 15 janvier 69, Galba se rend en civière à la rencontre des rebelles mais il est rattrapé par une troupe de cavalerie qui l'exécute et rapporte sa tête à Othon. 

Toutes les légions font allégeance au nouvel empereur. Toutes... sauf celles de Germanie inférieure, demeurées fidèles à leur candidat Vitellius. Le combat s'engage. Othon est battu à Bedriacum (Bédriac, près de Crémone) le 14 avril 69 et se suicide deux jours plus tard.

Mais les armées d'Orient et du Danube ne se résignent pas pour autant à faire allégeance au vainqueur. À leur tour, les légions d'Orient proclament le général Vespasien (60 ans) empereur, presque malgré lui.

Ce brillant général, petit-fils d'un modeste centurion, est alors en train de faire la guerre en Judée et entreprend le siège de Jérusalem. Son général Antonius Primus envahit l'Italie et bat Vitellius à Bédriac et Crémone. Rassuré, Vespasien laisse à son fils Titus le soin de poursuivre le siège de Jérusalem et fait son entrée à Rome.

Avec la mort de Vitellius sur le forum, le 20 décembre 69, c'en est fini de cette brève guerre civile. L'empire va renouer avec la paix pour plus d'un siècle et demi. Mais il ne reste plus rien de l'héritage de César et Auguste, sinon un pouvoir autocratique que les généraux vont se passer de génération en génération par le biais d'une adoption ou d'un coup de force.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2020-05-09 11:38:00

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