Dans une malheureuse tentative de rapprochement, les rois de France et d'Angleterre se rencontrent du 7 au 24 juin 1520 entre Ardres et Guînes, deux petites villes proches de Calais, respectivement française et anglaise.
L'entrevue se déroule dans un camp de toile d'un luxe inouï, aménagé en quelques semaines par 6 000 artisans. Mais elle va piteusement échouer. Inaugurées plus de trois siècles plus tôt par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt, roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II, les hostilités entre la France et l'Angleterre vont se prolonger pendant encore plus de trois siècles, jusqu'à la rencontre de Victoria et Louis-Philippe...
L'année précédente, le roi de France François Ier (25 ans) avait eu la déception de voir Charles de Habsbourg (20 ans) élu à la tête du Saint Empire romain germanique sous le nom de Charles Quint.
François Ier, qui s'était étourdiment endetté pour faire avancer (en vain) sa propre candidature à la tête de l'empire, en garde rancune à son jeune rival, d'autant que celui-ci a comme lui des visées sur la riche Italie...
Le roi de France envisage donc de nouer une coalition avec l'autre grand souverain d'Europe occidentale, Henri VIII Tudor (28 ans) et, dans cette perspective, l'invite au « Camp du Drap d'Or ».
Ce nom fait référence à la somptueuse tente du roi de France, avec deux mâts entre lesquels est tendu un drap d'or doublé de velours bleu et semé de fleurs de lys. Au-dessus trône une statue de Saint Michel. Galiot de Genouillac, grand maître de l'artillerie, a supervisé les décors avec le peintre Jean Bourdichon.
Les deux souverains sont alors au faîte de leur gloire. L'un et l'autre sont des gentilshommes de la Renaissance, cultivés, charmeurs et sportifs.
Henri VIII n'aime pas beaucoup François Ier et le trouve arrogant. Mais son conseiller, le douteux cardinal Wolsey, qui touche de l'argent de tous les côtés, le convainc d'accepter la rencontre... D'autre part, comme François Ier lui doit deux millions d'écus, le roi d'Angleterre tient personnellement à le ménager en attendant de récupérer sa créance.
Pendant trois semaines, la vie de cour va étaler toutes ses séductions au milieu des tournois et des fêtes. C'est une première dans l'Histoire de l'Europe.
Mais à l'occasion des festivités, François Ier heurte inutilement la fierté d'Henri VIII par un excès de fanfaronnade : à l'Anglais, obèse, qui lui propose de lutter, le vainqueur de Marignan ne se le fait pas dire deux fois et, pour plaire à l'assistance féminine, fait chuter sans façon Henri...
Un traité d'alliance est néanmoins négocié par le cardinal Wolsey et les ministres français Bonneval et Duprat. Il prévoit le mariage de François de France, fils aîné de François Ier, avec Marie Tudor, fille d'Henri VIII. Il prévoit aussi que la France cessera de soutenir les Écossais dans leur guerre contre les Anglais.
En définitive, du fait de l'irritation anglaise, le mariage n'aura jamais lieu et les festivités s'achèveront sur un échec diplomatique, creusant un peu plus la dette du roi de France.
Deux semaines à peine après les embrassades du Camp du Drap d'Or, Henri VIII rencontre Charles Quint à Gravelines (à côté de Dunkerque), dans des conditions autrement plus modestes.
Avec l'empereur, qui est le neveu de sa femme Catherine d'Aragon (la première d'une longue série), le roi d'Angleterre signe le 14 juillet 1520 un traité secret contre le roi de France !
François Ier va devoir affronter une coalition regroupant Charles Quint, Henri VIII et le pape. Tout cela s'achèvera par la défaite des armées françaises et la capture du roi de France à Pavie, près de Milan, le 24 février 1525.
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Voir les 8 commentaires sur cet article
Matt (07-06-2020 11:15:13)
Macron au Louvre 2017.
Louis (11-03-2012 18:09:54)
Je n'ai jamais apprécié les Valois; trop brillant, des superbes; et s'ils avaient davantage médité la Parole de Dieu au lieu de se bercer de celles des humanistes, ils auraient médité cette sent... Lire la suite
Johanne Brien"dit"Desrochers-D (06-08-2006 15:37:15)
il faut tenir compte aussi, que le roi de France, Francois 1er, était accompagnée de sa maîtresse: la vicomtesse de Châteaubriant. Il a dû vouloir lui l'épater, elle aussi, d'abord.