Le 7 décembre 1835 est inaugurée en Allemagne une première voie ferrée pour le transport de voyageurs.
D'une longueur de 6,4 km, elle relie Nuremberg et la ville voisine de Fürth, en Franconie, au nord du royaume de Bavière, alors gouverné par Louis Ier.
Le chemin de fer est né vingt ans plus tôt dans le pays de Galles.
L'initiative de la première ligne allemande revient au bourgmestre de Nuremberg, Johannes Scharrer, avec les encouragements du roi, épris de modernité et désireux d'industrialiser son pays. Il fonde dès le 18 novembre 1833 la « Ludwig Eisenbahn Gesellschaft ».
Le soutien du roi lui est utile pour surmonter les oppositions de tous bords, notamment des agriculteurs, qui craignent que la ligne ne fasse chuter le prix de leurs terrains, et des médecins, qui mettent en garde contre le risque de maladies mentales provoqué par les secousses du train ou simplement par le défilement du paysage.
Le parcours est choisi en raison de sa planéité et de sa rectitude ; également en raison du grand nombre de personnes qui, chaque jour, le parcourent à pied.
L'inauguration, prévue le 25 août 1835, le jour de l'anniversaire du roi, doit être reportée au 7 décembre suivant, le constructeur allemand de la locomotive ayant fait faux bond au dernier moment.
Faisant fi de l'honneur national, le maître d'ouvrage doit se résoudre à commander une locomotive aux ateliers Robert Stephenson & Co de Newcastle, en Angleterre bien sûr. Débarquée en pièces détachées, elle est remontée et germanisée pour l'occasion sous le nom : « Der Adler » (« L'Aigle »).
Le jour de l'inauguration se met en place un somptueux train de 7 voitures couvertes de 16 places et deux voitures découvertes de 24 places chacune. Un coup de canon donne le départ à 9 heures, au son des flonflons et devant une assistance nombreuse et festive.
Des gardes se tiennent sur les toits, prêts à avertir le machiniste d'un coup de trompette en cas d'incident.
L'affaire se révèle excellente avec un prix de transport très bas, 450 000 voyageurs transportés dès la première année et, pour la compagnie, un rendement financier de 50%. Pourtant, un seul train de la ligne est au début tracté par la locomotive ; les autres le sont plus prosaïquement par des chevaux.
Le public ne tarde pas à plébisciter la technologie ferroviaire et dans la bourgeoisie de Nuremberg, il devient du dernier chic de s'établir en bordure de la ligne. Les investisseurs se ruent sur ce créneau fructueux et prometteur. Un quart de siècle plus tard, en 1860, l'Allemagne compte déjà 11 000 km de voies ferrées.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible