Le 6 mai 1527, le connétable Charles de Bourbon est tué au combat alors qu'il s'apprête à occuper Rome avec ses lansquenets allemands. Ces derniers vont venger leur chef en mettant la Ville éternelle à sac. Ce scandale s'ajoute aux dépravations de la Rome pontificale sous la Renaissance et aux batailles stupides, meurtrières et vaines que se livrent le roi de France François Ier et l'empereur Charles Quint pour le contrôle de l'Italie...
Dans les rangs de l'armée française, Charles de Bourbon se signale par une ardeur peu commune lors des batailles d'Agnadel et de Marignan (1515). Ses exploits lui valent l'année suivante, à 26 ans, l'épée de connétable (chef des armées royales) et la vice-royauté du Milanais.
Mais François Ier ne tarde pas à jalouser la puissance de son cousin, qui mène un train royal à Moulins, sa capitale. Le connétable s'attire aussi l'inimitié de la mère du roi, Louise de Savoie, dont on dit qu'il aurait repoussé les avances ! Il est privé de son commandement du Milanais au profit d'Odet de Foix, vicomte de Lautrec, homme brutal et incapable dont le seul mérite est d'être le frère de la maîtresse royale du moment, Françoise de Châteaubriant !
Là-dessus meurt sans enfant l'épouse du connétable, Suzanne de Bourbon. Il s'ensuit une dispute autour de son héritage. Comme il s'agit d'apanages, ils doivent en théorie revenir à la couronne, en l'absence de descendance mâle. Il n'empêche que la bonne Suzanne les a légués à son cher mari.
Louise de Savoie demande aux magistrats du Parlement de Paris de se prononcer sur l'affaire mais ne leur laisse guère de liberté de jugement. Le connétable craignant à juste titre d'être dépouillé, prend langue avec le roi d'Angleterre Henri VIII et Charles Quint. Depuis son élection comme empereur d'Allemagne, ce dernier est devenu le rival du roi de France et les deux monarques n'en finissent pas de s'affronter autour de l'Italie.
Le connétable rencontre en secret les émissaires des deux souverains le 11 juillet 1523 en vue de négocier un partage de la France ! François Ier, qui se doute de quelque chose, rend visite à son cousin dans sa ville de Moulins. Il le trouve au lit et multiplie les promesses à son égard.
Mais à peine a-t-il le dos tourné que le connétable saute sur un cheval et, non sans mal, rejoint, sous un déguisement, les lansquenets allemands qu'il a recrutés et qui l'attendent dans le Dauphiné. Ces mercenaires sont normalement de confession protestante.
À la tête de son armée de mercenaires, et avec le titre de lieutenant général de l'empire, Charles de Bourbon se met aux ordres de Charles Quint. Il chasse ainsi les Français d'Italie en 1524 et met à sac la Provence. Mais il échoue à prendre Marseille et doit se retirer de la Provence.
Or voilà que François Ier repasse les Alpes à l'automne 1524 en vue de reprendre le Milanais. Il entre à Milan puis attaque une place forte voisine, Pavie. Le connétable de Bourbon va décider du sort de la bataille en se portant au secours des assiégés à la tête de 30 000 hommes. François Ier est capturé et plusieurs de ses meilleurs capitaines sont tués.
Fort de sa contribution à la victoire de Charles Quint, le connétable de Bourbon va poursuivre la guerre en Italie à la tête de ses redoutables lansquenets, fantassins allemands, pour la plupart luthériens et ennemis de la papauté. Le pape ayant noué une alliance nouvelle avec François Ier, il descend jusqu'à Rome où la mort va le cueillir. Il ne verra pas la fin de cette guerre, conclue par la « paix des Dames » (3 août 1529).
Sur les intrigues qui ont conduit à la défection du connétable de Bourbon, on peut savourer avec plaisir le roman historique de Franck Ferrand : La régente noire (premier volet de la saga La cour des Dames), Flammarion, 2007. L'auteur fait revivre les personnages dans un style vivant et bien enlevé, en restant fidèle à la vérité historique. Des notes en fin d'ouvrage éclairent le contexte s'il en est besoin.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible