Le 6 juillet 1809, après trois jours d'indécision et une difficile entrée en matière à Essling, Napoléon Ier vainc une nouvelle fois l'armée autrichienne à Wagram, au sud du Danube, non loin de Vienne. C'est la fin de la cinquième coalition européenne contre la France.
À chaque fois, la victoire s'avère un peu plus difficile.
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En 1811, sept ans après son couronnement à Notre-Dame de Paris, l'empereur Napoléon Ier est au sommet de la puissance.
À 42 ans, il dirige avec autorité une France plus étendue que jamais et peut se flatter de commander à toute l'Europe continentale, dont il a refait la carte.
De Madrid à Vienne
Au début du mois de mai 1809, l'Angleterre profite de ce que Napoléon Ier est empêtré en Espagne et convainc l'Autriche de reprendre la guerre contre la France, quatre ans après sa défaite à Austerlitz et le traité de Presbourg qui l'avait suivie.
Cette cinquième coalition débute par quelques succès face à une Armée d'Allemagne sous les ordres du maréchal Berthier. Mais l'Empereur revient en hâte d'Espagne, reprend le commandement et redresse la situation. Il remporte avec Davout un premier succès à Eckmühl où, le 22 avril 1809, il empêche les Autrichiens de l'archiduc Charles d'entrer en Bavière. Mais il est blessé au pied lors du siège de Ratisbonne et doit cacher sa douleur pour ne pas démoraliser ses troupes.
Enfin, le 13 mai, il peut pénétrer à Vienne mais c'est pour s'apercevoir que l'empereur François Ier et son frère Charles ont abandonné la ville et traversé le Danube en coupant les ponts derrière eux.
Napoléon Ier se dispose à poursuivre l'ennemi. Il décide de traverser avec son armée le Danube, à l'ouest de la capitale autrichienne, à un endroit où le fleuve se divise en de nombreuses îles dont la plus importante est l'île de Lobau. Une armée autrichienne est sur l'autre rive, sous les ordres de l'archiduc Charles, frère de l'empereur d'Autriche.
L'archiduc Charles frôle la victoire à Essling
Sous les ordres du maréchal Masséna, un premier corps de troupe traverse le fleuve et gagne la rive sud. Mais le 22 mai 1809, il est assailli et écrasé par les Autrichiens aux abords des villages d'Essling et d'Aspern. 45 000 hommes sont mis hors de combat dans les deux camps. Le maréchal Lannes est blessé à mort par un boulet.
Le reste de l'armée se retrouve bloqué sur l'île de Lobau du fait que les Autrichiens ont habilement détruits les ponts érigés par le génie en lâchant des madriers dans le courant !
Fort de ce premier succès, l'archiduc choisit cependant d'assiéger l'île plutôt que de la canonner. Napoléon va utiliser ce délai de grâce pour fortifier l'île, construire en secret de nouveaux ponts et échapper de ce fait à une défaite totale.
La nouvelle de la demi-défaite d'Essling ébranle tout l'empire, relance les révoltes populaires dans le Tyrol et fait chuter la Bourse de Paris. Le drame a inspiré à Patrick Rambaud le roman La bataille (prix Goncourt 1997).
Napoléon victorieux de justesse à Wagram
Napoléon Ier échappe enfin au piège de Lobau... Tout commence le soir du 4 juillet.
Tandis que le gros de ses troupes et de ses canons sont disposés au nord de l'île, face aux villages d'Essling et Aspern qu'occupent les Autrichiens, Napoléon demande à Oudinot et à ses hommes de prendre pied sur l'autre rive, plus au sud. Un pont est hâtivement installé dans la nuit.
Au petit matin, après une sévère préparation d'artillerie, les Autrichiens ont la surprise d'être pris à revers. Mais ils limitent leurs pertes grâce à la décision de l'archiduc Charles de se replier vers le village de Wagram et le plateau qui surplombe la plaine du Marchfeld.
MacDonald, Davout et Bernadotte tentent de les prendre de vitesse, mais leur charge est arrêtée net en raison d'échanges de tirs malencontreux entre alliés saxons et italiens ; ce sont les premiers signes de faiblesse d'une armée (ex-Grande Armée) constituée en bonne partie de conscrits étrangers et peu aguerris (les meilleurs soldats, pour la plupart français, sont restés en Espagne). La décision finale est reportée au lendemain.
Le 6 juillet, tôt le matin, les Autrichiens tentent de couper les Français de leurs bases en lançant une attaque sur leur droite, le long du Danube. Masséna rétablit la situation avec plusieurs divisions d'infanterie. Davout tient l'autre côté du front. Assuré sur ses ailes, Napoléon met en place au centre du dispositif une grande batterie de 102 canons, sous les ordres du général Alexandre Lauriston, petit-neveu du financier Law et ancien condisciple de Bonaparte à l'école de Brienne.
Les artilleurs écrasent les Autrichiens sous un orage de boulets (400 à la minute) avant que MacDonald et ses fantassins ne montent héroïquement à la charge. Le centre de l'armée autrichienne recule et ses ailes se replient. À 15 heures, les Français peuvent s'attribuer la victoire mais, incapable d'achever le travail, la Garde ne permettra pas de transformer la défaite autrichienne en déroute...
Ultime déconvenue, le général Antoine de Lasalle meurt en tentant témérairement de charger un régiment ennemi au soir de la bataille, à la tête des hussards de sa « brigade infernale ». On lui prête ce mot : « Tout hussard qui n’est pas mort à trente ans est un jeanfoutre ». Lui-même meurt à 34 ans. « Mon cœur est à toi, mon sang à l’empereur, ma vie à l’honneur » avait-il aussi écrit à sa femme.
Une archiduchesse en guise de trophée
Cette victoire à l'arraché permet tout de même à Napoléon d'imposer la paix à l'empereur François Ier et d'en finir avec la cinquième coalition européenne contre la France.
Le traité, aussi appelé « paix de Schönbrunn », est signé dans le palais impérial de Schönbrunn, près de Vienne, le 14 octobre 1809. Il se solde par la cession de Salzbourg, de Berchtesgaden et du district de l'Inn à la Bavière alliée de la France ; de Cracovie et de Lubin au grand-duché de Varsovie, réminiscence de l'ancienne Pologne ; de Parnopol à la Russie ; de Trieste et de la côte dalmate à la France. L'Autriche doit également verser une indemnité de 85 millions de francs à son vainqueur et s'engage à limiter ses forces armées à 150 000 hommes. L'abaissement du prestigieux empire des Habsbourg ne sera cependant que provisoire.
Pour couronner le tout, l'année suivante, la fière famille des Habsbourg se résoudra à livrer la jeune archiduchesse Marie-Louise à l'« ogre » Napoléon, en mal de descendance...
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jdesm (Jean Desmarès) (06-07-2009 11:41:16)
Voici un extrait d'une conférence que j'ai donné à Rochefort en mai dernier sur le bicentenaire de 1809. Jean Desmarès (Membre du Souvenir Napoléonien) ... 2ème jour de WAGRAM - 6 juillet ... Lire la suite