Le 30 avril 1945, Adolf Hitler se suicide dans son bunker de Berlin. Sa maîtresse Eva Braun l'accompagne dans la mort après avoir conclu avec lui un engagement de mariage.
Les derniers fidèles du Führer ont soin de brûler les corps afin qu'ils ne tombent pas entre les mains des Soviétiques ni ne soient insultés par la foule comme, deux jours plus tôt, les dépouilles de Benito Mussolini et de sa maîtresse Clara Petacci.
Une semaine plus tard est signée à Reims la capitulation des armées allemandes. C'est la fin dramatique et sans gloire du IIIe Reich.
Le début de la fin
Après près de trois années de succès ininterrompus, la Wehrmacht est pour la première fois défaite à El-Alamein, dans la lointaine Libye, en octobre 1942. Ensuite, elle ne va pratiquement plus cesser de reculer et sa capitulation à Stalingrad, en janvier 1943, signifie la défaite inéluctable du IIIe Reich, du moins pour les esprits les plus lucides.
Début 1945, la Russie, la France, la Belgique, la botte italienne et les Balkans sont déjà complètement libérés ou à peu près. Dans les deux premiers mois de 1945, les Soviétiques avancent à grande vitesse à travers la Pologne et dépassent l'Oder. Ils ne sont bientôt plus qu'à 70 km de Berlin, semant la panique et la désolation sur leur passage, « juste » sanction des maux qu'ils ont eux-mêmes subis. Ainsi évalue-t-on à deux millions le nombre de viols.
Les Anglo-Saxons, freinés par la contre-offensive allemande des Ardennes, ont quant à eux beaucoup plus de mal à avancer. Ils arrivent enfin sur l'Elbe, au milieu de l'Allemagne, le 22 mars.
Les dirigeants allemands ne se font aucune illusion même si quelques-uns caressent encore l'illusion de dresser les Américains et les Soviétiques les uns contre les autres et d'obtenir une paix séparée avec les premiers.
Les soldats, en attendant l'issue fatale, se défendent pied à pied au milieu d'une population partagée entre angoisse et résignation. Par ailleurs, des membres des Jeunesses hitlériennes ainsi que des hommes de plus de quarante ans sont requis en masse dans le Volkssturm, une milice populaire créée à la hâte le 24 septembre 1944. Ils ont mission de stopper l'avance des blindés ennemis avec leurs fusils et leurs célèbres panzerfaust (« poing à blindé »).
La question se pose encore, à la fin mars, de savoir qui des Américains ou des Soviétiques, entrera le premier à Berlin, enjeu hautement symbolique...
Un loup traqué et emmuré
Au petit matin du 16 janvier 1945, le Führer est arrivé à Berlin après avoir quitté le front ouest. Le 30 janvier, il s'exprime une dernière fois à la radio, sur un ton lugubre, appelant les Allemands à résister aux « Asiates ».
Et à partir de la fin février, pour échapper aux bombardements qui réduisent en poussières la capitale, il va devoir se terrer dans un bunker aménagé dans le jardin de la chancellerie, sur la Wilhelmstrasse : une vingtaine de petites pièces d'un total de 250 m2 habitables, le tout sous quatre mètres de béton armé et deux mètres de terre arable.
Il n'y est accompagné que d'un petit nombre de fidèles, dont l'inusable Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, et le fidèle et brutal Martin Bormann, en charge des affaires administratives. Chaque jour, Heinz Guderian, chef d'état-major de l'armée de terre, fait un long déplacement en voiture pour faire un point de la situation et prendre les ordres.
Usé par la maladie de Parkinson, apparue en 1941, la guerre et les déconvenues, le manque d'exercice et de sommeil ainsi que les séquelles de l'attentat du 20 juillet 1944, Hitler est devenu un homme méconnaissable, aux mains tremblantes, au dos voûté, aux yeux ternes et fatigués, qui paraît vingt ans de plus que son âge réel (55 ans).
Après une visite sur le front de l'Oder, le 3 mars 1945, il ne sortira plus de son bunker que pour de brèves escapades alentour. Le 20 mars, devant une caméra, il passe en revue quelques dizaines de soldats dans le jardin de la chancellerie et décore le plus jeune d'entre eux (11 ans et demi) de la Croix de Fer.
Le 12 avril, les occupants du bunker apprennent le décès du président Franklin Roosevelt. Brève euphorie. Certains veulent espérer que son successeur changera de politique et acceptera une paix séparée ! Au même moment, les Soviétiques achèvent d'encercler Berlin et se préparent à l'assaut final. Il est vrai qu'ils n'ont plus affaire à beaucoup de résistance... Les redditions se multiplient, les unités SS n'étant pas les dernières à s'y résoudre ! Dans la population civile, cependant, quelques milliers de personnes ne s'y résignent pas et choisissent le suicide.
Les premiers soldats soviétiques entrent dans la capitale le 21 avril 1945. Au même moment, dans son bunker, Hitler prend froidement la décision de tenir jusqu'au bout. La bataille de Berlin aura donc lieu. Pour le reste, la guerre d'Europe est en voie de se terminer : le 25 avril 1945, les Américains et les Soviétiques font leur jonction à Torgau, sur l'Elbe...
La fin du cauchemar
Les armées soviétiques de Joukov et Koniev prennent Berlin en tenaille avec le Reichstag pour objectif. Ils ne sont plus qu'à quelques centaines de mètres du bunker quand, le dimanche 29 avril 1945, Hitler exprime ses dernières volontés.
Comblant le voeu de sa maîtresse, il l'épouse au terme d'une rapide cérémonie civile, avec pour témoins Bormann et Goebbels. Le mariage est célébré avec une coupe de mousseux. Puis le Führer dicte à une secrétaire son testament politique par lequel il expulse le traître Hermann Goering du parti nazi et institue à sa place le grand amiral Karl Dönitz pour le remplacer à sa mort à la tête du Reich !
À la demande de Magda Goebbels, qui a rejoint son mari dans le bunker avec leurs six enfants, Hitler rend une brève visite à l'hôpital de campagne installé sous les ruines de la chancellerie. Il en repart presque aussitôt sans un mot.
Ayant été informé de l'exécution de son ancien allié Mussolini et de sa fin ignominieuse, il renouvelle à ses proches l'ordre de brûler son cadavre et celui de sa femme jusqu'au fragment. Puis il empoisonne au cyanure sa chienne Blondi et son chiot, les seules personnes pour lesquelles il ait eu de la tendresse (!).
Le lendemain matin, tandis que les Soviétiques ne sont plus qu'à 200 mètres du bunker, Hitler fait ses adieux à la trentaine de personnes qui l'entourent. En début d'après-midi, il s'enferme dans sa chambre avec Eva Braun. Celle-ci absorbe une capsule de cyanure cependant que Hitler se tire une balle dans la tempe.
L'aide de camp SS enveloppe les corps dans une couverture et les transporte dans le jardin où il les arrose d'essence et les enflamme.
Le lendemain soir, pour ajouter au cauchemar, Magda Goebbels conduit ses six enfants au lit et leur donne à boire une capsule de poison. Elle-même et son mari se tuent ensuite d'une balle.
Le 2 mai 1945, à 15h, un premier soldat soviétique surgit dans le bunker. Au même moment, l'un de ses compagnons d'armes plante un drapeau rouge sur le dôme en ruine du Reichstag dans une mise en scène qui va faire le tour du monde et contribuer à la gloire de l'Armée rouge.
Ainsi que le rappelle l'historien Jean Lopez dans son ouvrage sur Les cent derniers jours d'Hitler (Perrin, 2015), ces trois mois de résistance inutile dus à la folie obstinée du Führer auront coûté la vie à environ trois millions de militaires et de civils, dont deux millions d'Allemands.
Les passionnés d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale liront avec beaucoup d'intérêt l'ouvrage de Jean Lopez : Les cent derniers jours d'Hitler, chronique de l'apocalypse (Perrin, 2015, 24,90 euros).
Très richement illustré et accompagné de cartes et plans didactiques, cet album grand format de 280 pages raconte jour par jour et souvent heure par heure la fin de la guerre et les dernières semaines de la vie du Führer.
Il donne à voir également le drame qu'on vécu les Allemands, entre résistance et reddition, avec souvent la mort au bout du parcours.
La fin apocalyptique de Hitler a aussi donné lieu à un film remarquable de l'Allemand Oliver Hirschbiegel : Der Untergang (La Chute, 2004), avec Bruno Ganz dans le rôle principal.
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Wolf (30-04-2018 22:18:26)
Hitler ne s'est pas suicidé mais, a été exfiltré lors de l'opération "paper clip". Il est mort en Indonésie en 1972. http://homme-et-espace.over-blog.com/2016/04/enfin-les-preuves-hitler-n-est-... Lire la suite
avejulius29 (26-05-2016 20:16:38)
Super article et très intéressant !!!!!!!!!!!
Jean Louis FAURE (30-04-2015 06:17:08)
Si l’on fait de l’Histoire, faisons la. A la conférence de Postdam, 17 Juillet – 2 Aout 1945, Truman, Staline, Churchill (l’hagiographie gaulliste oublie de dire que la France n’y était pa... Lire la suite