Le 20 avril 1233, le pape Grégoire IX confie à un tribunal d'exception dénommé Inquisitio hereticae pravitatis le soin de démasquer et condamner, dans tout le royaume de France, les hérétiques et les catholiques non sincères.
Ce tribunal de l'Inquisition, qui relève seulement du pape, a pour but d'éviter les excès et l'arbitraire de la justice seigneuriale ou épiscopale. Il tire son nom de la procédure inquisitoire : les juges engagent la procédure et cherchent eux-mêmes les suspects d'hérésie sans attendre une dénonciation ou une plainte de quiconque.
Il va s'avérer d'une efficacité redoutable dans la chasse aux cathares du Midi de la France et s'acquérir très vite une réputation détestable.
L'Église et les hérétiques
Aux premiers siècles de la chrétienté, l'institution ecclésiastique s'en tenait à des peines spirituelles comme l'excommunication contre les personnes qui s'écartaient de la foi. La plupart des Pères de l'Église condamnaient toute forme de sanction physique à leur égard. Pour leur part, beaucoup d'empereurs et de rois, à partir de Constantin Ier, assimilent le rejet de la foi officielle à un crime de lèse-majesté et ne se privent pas de condamner les coupables à la confiscation de leurs biens, à la prison voire à la mort.
Au XIIe siècle encore, l'Église s'en tient au sage principe édicté par Bernard de Clairvaux : fides suadenda, non impodenda (« la foi doit être persuadée, non imposé »).
Tout change aux alentours de 1200. Tandis que de puissants courants mystiques irriguent l'Église, comme l'ordre cistercien de Saint Bernard ou les ordres mendiants de saint François d'Assise et saint Dominique de Guzman, d'autres s'en écartent comme le catharisme.
Cette hérésie se propage rapidement en Italie du Nord et surtout dans le Midi de la France. Elle est réprimée par une croisade brutale et ses fidèles subissent les foudres de la justice seigneuriale. Souvent seigneurs et évêques s'acoquinent pour condamner de présumés hérétiques... et s'approprier leurs biens.
La papauté se voit obligée d'intervenir pour limiter les abus. En 1231, avec la constitution Excommunicamus, le pape Grégoire IX codifie la répression. Il définit les peines qui frappent les hérétiques où que ce soit :
• Le bûcher pour ceux qui s'obstinent dans l'erreur,
• La prison ou une peine canonique (pèlerinage, jeûne....) pour les hérétiques qui se repentent,
• L'excommunication pour les catholiques qui les auraient aidés.
Comme il n'est pas question que l'Église donne la mort, en vertu du principe Ecclesia abhorret sanguinem, c'est au bras séculier (la justice seigneuriale ou royale) que sont remis les condamnés voués au bûcher. Saint Thomas d'Aquin justifiera plus tard la peine capitale en estimant qu'il est plus grave de travestir la foi que de fabriquer de la fausse monnaie (un crime également passible de la mort).
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Voir les 6 commentaires sur cet article
arouldug (19-05-2021 10:37:31)
Concernant la répression des "gentils" cathares, il faudrait tout de même rappeler plusieurs choses. D'abord l'idéologie cathare très manichéenne et ultra puritaine, et ses répercussions politiq... Lire la suite
Xuani (19-04-2021 18:04:40)
Monsieur Gqribal écrit ci-dessous "Il serait intéressant de publier un article sur l'opposition farouche de l'Eglise catholique à la Franc-Maçonnerie". Je rejoins cette demande, un article en expl... Lire la suite
feltrinf (13-04-2015 15:22:26)
Les persécutions arrivent avec le dogme. La pensée dogmatique est binaire et la pensée binaire est dogmatique, le tiers est exclu. Après que Constantin eût défini et construit le christianisme... Lire la suite