Le 19 mars 1815, le roi Louis XVIII quitte piteusement Paris pour l'exil, laissant le champ libre à l'ex-Empereur Napoléon Ier, de retour de l'île d'Elbe.
« Vous ne savez pas ce que c'est ?
- Non, Sire, je l'ignore.
- Eh bien, Bonaparte vient de débarquer sur les côtes de Provence. Il faut porter cette dépêche au ministre de la Guerre, il verra ce qu'il aura à faire. »
C'est ainsi que, le 5 mars 1815, Louis XVIII a réagi à une dépêche du baron de Vitrolles lui annonçant le retour de son adversaire, Napoléon Bonaparte, parvenu à s'échapper de sa principauté de l'île d'Elbe.
Sauve qui peut à la Cour
Le 14 mars, le maréchal Michel Ney, ultime espoir pour la sauvegarde de la monarchie, qui, le 6 mars, avait promis au Roi de ramener « Buonaparte » dans une cage de fer, se rallie à ce dernier et s'empresse de le rejoindre.
Le 16 mars 1815, Louis XVIII se rend à la Chambre des députés : « Pourrais-je, à soixante ans, mieux terminer ma carrière qu'en mourant pour sa défense ? » La séance s'achève en délire avec la promesse du souverain : « Quoi qu'il arrive, je ne quitterai pas mon fauteuil. La victime sera plus grande que le bourreau. » Mais sa détermination n'est qu'apparente. Depuis le 14 mars, sans le dire, le roi envisage de fuir plutôt que de mettre sa personne en péril.
Le 19 mars, vers 23h30, sous la pluie, ses voitures viennent se placer dans la cour des Tuileries. Le roi sort, soutenu par Blacas et le duc de Duras. Dans un élan commun, tous les fidèles présents tombent à genoux en pleurant.
Le lendemain, alors que Napoléon rentre aux Tuileries, acclamé, Louis a déjà atteint Abbeville. Il parvient à Gand, aux Pays-Bas, le 30 mars, après une pause à Ostende où il envisageait de se rendre de nouveau à Hartwell, son exil anglais de 1809 à 1814.
La rapidité avec laquelle il est parvenu à s'éloigner de la capitale montre à quel point il avait craint quant à son sort, pour la première fois de son existence. Dans le cortège qui entoure le vieux roi, chevauche le poète Alfred de Vigny (18 ans) en bel uniforme de mousquetaire. Il relatera son équipée dans Servitude et grandeur militaires (1835)...
Vos réactions à cet article
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Erik (05-05-2015 12:47:11)
J'adore le ton de l'article. On s'y croirait :-D
Michel Pesneau (20-03-2015 13:13:12)
Superbe roman d'Aragon racontant cet épisode