Le 19 août 1839, François Arago, illustre savant et homme politique en vue, déclare devant les Académies des sciences et des beaux-arts que la France a acheté le daguerréotype, une invention de Louis Daguerre à l'origine de la photographie, afin d'« en doter libéralement le monde entier » !
Trois hommes au berceau de la photographie
Comme il est arrivé bien souvent au temps de leur grandeur, Français et Anglo-Saxons se sont disputé la paternité de cette invention considérable, la photographie.
Celle-ci est au croisement de plusieurs techniques : la « chambre noire », dont les propriétés ont été identifiées dès l'Antiquité, et la fixation des couleurs sur papier par voie chimique.
En Angleterre, vers 1800, Thomas Wegwood, fils d'un potier réputé, a l'idée d'enregistrer une image produite par une « chambre noire » de son père sur une feuille de papier imprégnée de chlorure d'argent, une substance photo-sensible. Mais la solution vient avec l'inventeur bourguignon Nicéphore Niépce.
Dès 1822, il produit de premières « héliographies » qui ont la vertu de ne pas s'effacer au bout de quelques minutes et ses essais aboutissent en 1824. La première photographie ou « héliographie » qui nous soit restée de lui est une vue (très floue) de la fenêtre de sa maison de Saint-Loup-de-Varennes, près de Chalon-sur-Saône, réalisée en 1827.
Vu le temps d'exposition, le procédé n'est pas prêt pour la photographie instantanée mais Niépce n'en a cure : il s'intéresse avant tout à la lithographie. Là-dessus, voilà que l'inventeur modeste de Chalon-sur-Saône entre en relation en 1829 avec un fantasque décorateur de théâtre parisien, Louis Jacques Mandé Daguerre.
De vingt-deux ans plus jeune, celui-ci utilise habilement les ressources de la chambre noire dans ses arrangements théâtraux. Il perçoit tout l'intérêt commercial du procédé de fixation des images de Niépce et le convainc de signer un contrat d'association en 1829. Voilà réunies les deux techniques à la base de la photographie !
La mort de Niépce, en 1833, ne met pas fin à l'aventure dont le rythme va même s'accélérer : Daguerre réussit avec des produits ad hoc à ramener les temps de pose à quelques minutes et conçoit en 1837 un appareil de prise de vues qu'il baptise avec modestie « daguerréotype ».
Comme il manque d'argent mais pas d'entregent, il convainc l'astronome François Arago (53 ans) de soutenir son projet. Celui-ci s'empresse de jouer de son influence pour pousser l'État à se rendre acquéreur de l'invention puis à « en doter libéralement le monde entier », lors de la séance historique du 19 août 1839, à l'apogée du règne du « roi-bourgeois » Louis-Philippe Ier.
Le succès du daguerréotype est immédiat et phénoménal. Sans cesse amélioré, avec désormais un temps de pose de quelques secondes, il prend vite la place des portraits en miniature dans les salons des familles bourgeoises.
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jean Ricodeau (29-08-2016 13:54:57)
J’ai bien aimé cet article, simple et concret, qui donne un exposé clair du contexte. Pour avoir plus de détails, j’ai accédé à un article fort documenté sur ce sujet : - R. Derekwood,... Lire la suite
Dominique Mollicone (16-08-2016 11:48:55)
Un bel article ! Dommage que le format pdf de ce même article est une mauvaise mise en page ... Cela peut-il être signalé au webmaster afin d'améliorer la qualité de vos documents enregistrés ? ... Lire la suite