Le 18 mars 1921, la Pologne et la Russie bolchévique signent le traité de Riga (Lettonie), qui met fin à une guerre inaugurée deux ans plus tôt.
Cette guerre, par laquelle la nouvelle Pologne faillit disparaître une nouvelle fois, compte pour beaucoup dans le ressentiment persistant des Polonais à l'égard des Russes.
La défaite allemande en 1918 avait permis à la Russie bolchevique de retrouver les territoires qu'elle avait précédemment perdus (à l'exclusion des pays baltes). L'Armée rouge avait même atteint le Bug, un affluent de la Vistule, à l'est de Lublin. Dans le même temps, la conférence de Versailles avait recréé une Pologne indépendante sur les ruines des empires allemand, russe et austro-hongrois.
Le général Joszef Pilsudski, chef du nouvel État, entreprend de combattre les Russes. Ses troupes les repoussent et entament même une contre-offensive victorieuse qui les emmène jusqu'à Kiev, au coeur de l'Ukraine, en juillet 1920. Mais l'Armée rouge se ressaisit et la situation des Polonais devient à son tour critique. Pilsudski appelle Français et Anglais à l'aide.
Une « mission militaire française » conduite par le général Maxime Weygand, assisté d'un certain Charles de Gaulle, arrive en renfort. Dans le même temps, le ministre anglais des Affaires étrangères lord Curzon propose de fixer la frontière polono-russe sur le Bug.
L'Armée rouge n'en continue pas moins d'avancer. Le 2 juillet 1920, le général Toukhatchevski lance un mémorable ordre du jour : « La route de l'incendie mondial passe sur le cadavre de la Pologne ». Les Russes atteignent Varsovie. Alors se produit le « miracle de la Vistule » (12-16 août 1920), porté au crédit de Pilsudski : les bolchéviques sont une nouvelle fois repoussés et contraints à demander la paix.
Par le traité de paix de Riga, les Polonais, forts de leur victoire inespérée, rejettent la « ligne Curzon » et reportent loin vers l'Est la frontière orientale de leur pays.
Dans les faits, la nouvelle Pologne s'installe dans des frontières difficiles à défendre et presque trop larges pour elle. Dirigée par des chefs dont beaucoup s'honorent d'avoir combattu pendant la Grande Guerre sous l'uniforme allemand ou austro-hongrois, la nouvelle Pologne se prive ainsi de toute possibilité de réconciliation avec la Russie bolchevique, tout en gardant ses distances avec l'Entente franco-anglaise.
Cet isolement va cruellement l'affaiblir dans son face-à-face avec l'Allemagne lorsque celle-ci voudra récupérer la Silésie orientale et surtout le corridor de Dantzig, qui isole la Prusse orientale du reste du Reich. En définitive, après les tourments de la Seconde Guerre mondiale, la Pologne retrouvera des frontières plus resserrées, entre la ligne Curzon à l'est et la ligne Oder-Neisse à l'ouest.
Au sud-est, la Galicie (capitale : Lvov) et la Volhynie, deux provinces longtemps disputées par la Pologne-Lithuanie et l'Autriche-Hongrie seront réannexées à l'URSS et réunies à la Nouvelle Russie au sein de la république socialiste soviétique d'Ukraine.
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