17 février 1925

Les Kurdes se rebellent

Le 17 février 1925, à l'appel du prédicateur cheikh Saïd, l'Anatolie orientale, majoritairement peuplée de Kurdes, se soulève contre « les infidèles de la République ». C'est le premier soulèvement kurde contre la République turque et son fondateur Moustafa Kémal.

Dix mille combattants, dont beaucoup de déserteurs de l'armée turque, s'emparent de plusieurs localités. La répression est impitoyable. Le 27 juin 1925, cheikh Saïd et 29 partisans sont condamnés à mort et aussitôt pendus.

Cette révolte survient après l'abolition du califat et l'expulsion du dernier calife par Moustafa Kémal. Bien qu'ayant aidé ce dernier à lutter contre les Grecs et les troupes d'occupation étrangères, les Kurdes en sont bien mal récompensés.

Malgré la répression, la « question kurde » ne cessera plus de hanter la République turque jusqu'à nos jours...

Villageois kurdes réfugiés du Dersim en 1938

Permanence de la « question kurde »

Le 28 octobre 1927, quelques Kurdes récalcitrants proclament une éphémère République d'Ararat dans les montagnes mais elle est détruite par l'armée turque quelques mois plus tard.

En 1936, les villageois du massif du Dersim (Tunceli en turc), à l'est de l'Euphrate, renouent avec leur tradition rebelle et tiennent en échec l'armée turque. Celle-ci recourt à des bombardements aveugles. Elle enfume aussi les grottes où les insurgés ont trouvé refuge. Le bilan est évalué à quelques dizaines de milliers de morts et autant d'exilés.

La « question kurde » est relancée par Abdullah Öcalan, dit « Apo », jeune militant de la cause kurde, né le 4 avril 1949. Il fonde en 1978 le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui se veut marxiste-léniniste. Son activisme s'ajoute à celui de l'extrême gauche et de l'extrême droite turques et, dans la crainte d'une révolution « à l'iranienne », l'armée prend le pouvoir le 12 septembre 1980.

Empêché de s'exprimer dans l'agora politique, le PKK se jette en 1984 dans la lutte armée. Entre coups de main, attentats et répression, celle-ci embrase toute la Turquie orientale et même les métropoles. Elle aurait fait à ce jour 45.000 morts et vaut au PKK d'être classé par les Occidentaux parmi les organisations terroristes.

Öcalan, auquel on attribue de nombreux crimes de guerre et aussi l'assassinat de divers rivaux, est capturé en février 1999. Condamné à mort puis grâcié et détenu sur une île de la mer de Marmara, il négocie de sa prison un cessez-le-feu qui prend effet le 21 mars 2013, à l'occasion de la fête kurde de Newroz. 

Mais ce cessez-le-feu, comme les précédents, ne dure pas. Il est brutalement rompu par le président Erdogan, désireux tout à la fois de rehausser son image auprès des nationalistes turcs et de briser le PKK, fort de 5000 combattants. C'est ainsi que le 1er juillet 2015, l'aviation turque bombarde les bases du PKK établies autour de Qandil, dans le Kurdistan irakien.

Amère déconvenue pour le nouveau Parti Démocratique des Peuples (HDP) et son charismatique leader, le député kurde Selahattin Demirtas, qui croyaient pouvoir résoudre pacifiquement la question kurde après leur relatif succès aux élections législatives du 7 juin 2015.

Publié ou mis à jour le : 2023-01-03 18:58:39
Jonas (22-02-2023 14:18:09)

Pourquoi , en occident , la majorité des journalistes , comme un grand nombre d'intellectuels et d'historiens n'invoquent jamais Etat pour les kurdes mais sont polarisés ,pour que les pale... Lire la suite

Zoe (15-02-2023 13:00:15)

Compte rendu objectif d 'une histoire difficile

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