Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday poignarde le tribun révolutionnaire Jean-Paul Marat dans sa baignoire où il soignait un eczéma généralisé (forme de lèpre). La meurtrière voulait mettre hors d'état de nuire le persécuteur des Girondins ; par son geste, elle va au contraire exacerber les tensions et susciter la Terreur...
Assassin et martyr
Médecin devenu député à la Convention nationale, Marat (50 ans) s'était rendu populaire auprès des sans-culottes parisiens par ses diatribes assassines, publiées dans L'Ami du peuple.
Sa meurtrière est une Normande de petite noblesse de 25 ans nourrie de lectures classiques. Il est vrai qu'elle tire fierté d'être une arrière-arrière-arrière-petite-fille du grand Corneille. Ayant noué des sympathies avec les Girondins modérés, traqués par Marat, elle voit en ce dernier le fossoyeur de son idéal de liberté.
Elle espère, à l'image des héroïnes antiques, faire oeuvre utile en l'éliminant, quitte à sacrifier aussi sa jeune vie. C'est ainsi qu'elle fait le voyage de Caen à Paris en ayant laissé croire à son père qu'elle se rendait en Angleterre.
Elle achète pour 40 sous un couteau au Palais-Royal, chez le marchand Badin, puis se rend au domicile du tribun, 30 rue des Cordeliers. Ayant une première fois frappé à sa porte, elle est refoulée avec fermeté par sa compagne Simone Évrard.
De retour à l'hôtel de la Providence où elle est descendue, la jeune femme réclame du papier et une plume. Elle rédige une lettre : « Je viens de Caen. Votre amour pour la patrie doit vous faire désirer de connaître les complots qu'on y médite. J'attends votre réponse. ». Elle la fait porter à Marat mais n'obtenant pas de réponse, décide de retourner à son domicile.
Il est déjà 20 heures quand la concierge entrouve la porte. Charlotte insiste et élève la voix. Marat, l'ayant entendue, ordonne de la laisser entrer. Il s'enquiert : « Que se passe-t-il à Caen ? » Elle lui tend une liste des députés girondins réfugiés dans la ville. « Ils ne tarderont pas à être guillotinés », répond le député. La jeune femme sort alors son couteau et le plonge sous la clavicule droite de Marat. « À moi, ma chère amie, à moi ! » gémit Marat avant d'expirer.
Simone Évrard et les domestiques surviennent. Ils maîtrisent la meurtrière et la rouent de coups. Transférée sous escorte à la prison de l'Abbaye puis le lendemain à la Conciergerie, elle est traînée devant le Tribunal révolutionnaire deux jours plus tard. Elle revendique devant les juges avoir voulu tuer « une bête féroce qui dévorait tous les Français ».
Mais son geste n'aura d'autre effet que d'amplifier la Terreur et lui donner une tournure officielle. Elle-même sera guillotinée le 17 juillet 1793 sur la place de la Révolution (aujourd'hui place de la Concorde), après l'entrée de la dépouille de sa victime au Panthéon. Lamartine, plus tard, la qualifiera d'« Ange de l'assassinat ».
Le peintre Louis David, par ailleurs député montagnard à la Convention, laisse de l'assassinat un tableau célèbre, qui exalte l'image du tribun et gomme celle de sa jeune meurtrière. De celle-ci, on retient le portrait ci-dessus, réalisé pendant son procès et achevé dans sa cellule à sa demande, par Jean-Jacques Hauer.
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Erik (14-07-2022 08:27:54)
À Defebvre On ne saura pas ce que vous vouliez dire au juste. Soit vous plaisantiez en rebondissant sur une faute d'inattention (le tribun ou le tribun) soit vous faisiez allusion aux ton apologéti... Lire la suite
DEFEBVRE (02-07-2018 18:08:57)
Si David "exalte l'image du tribun et gomme celui (sic) du tribun", vous faites le contraire ...