Le 10 juin 1973, des militants politiques et des paysans du cru construisent sans permis une bergerie dans les Causses du Larzac, un plateau calcaire semi-désertique du département de l'Aveyron. Par cet acte de désobéissance civile, ils manifestent leur opposition au projet gouvernemental d'agrandir le camp militaire du Larzac.
À l’automne 1970, André Fanton, secrétaire d’État à la Défense, révèle son intention d’agrandir le camp militaire du Larzac. L'armée projette d'y mener de grandes manoeuvres impliquant du matériel lourd.
Redoutant d'être expulsés, les 103 agriculteurs du plateau manifestent. Ils fondent l’Association de sauvegarde du Larzac et de son environnement.
Las : le 28 octobre 1971, Michel Debré, ministre de la Défense, confirme à la télévision la décision d'André Fanton. Révoltés, des paysans de toute la France manifestent à Millau leur soutien au Larzac. Le 5 février 1972, Raymond Bonnefous lance le Comité départemental de sauvegarde du Larzac.
La Lutta del Larzac s’ancre dans la non-violence avec le lancement d’un jeûne, le 19 mars 1972, par Lanza del Vasto. Le 28 mars 1972, l’ensemble des 103 agriculteurs signe un pacte. Ils y réaffirment leur refus de céder leurs terres au gouvernement.
En octobre 1972, le gouvernement lance une enquête d’utilité publique sur les terres du Larzac. En guise de protestation, les agriculteurs lâchent leurs brebis sur le Champ de Mars, à Paris.
Les habitants du causse tiennent leur revanche. Paris est désormais leur point de mire : le 7 janvier 1973, ils conduisent leurs tracteurs à la capitale. Mais, une fois arrivés à Orléans, les agents leur barrent l’accès ; qu’importe, ils continuent à pied. Leur persévérance s’avère payante : ils font la connaissance de Bernard Lambert, chef des Paysans travailleurs.
Le 10 juin 1973, les agriculteurs commencent à bâtir la bergerie la Blaquière. Bernard Lambert appelle les Français à se rendre au Larzac pour soutenir les paysans. C'est un sucès : les 25 et 26 août 1973, 80 000 personnes sont dans l’Aveyron.
Le rassemblement se renouvelle l’été suivant. Intrigué, François Mitterrand décide d’y faire un tour. Mais, après avoir serré la main à des agriculteurs, il est très mal accueilli par les participants maoïstes.
Les Aveyronnais poursuivent le combat. Au mois de novembre 1978, des agriculteurs entament une marche du Larzac à la capitale. Ils sont reçus par le ministre de la Défense. L'échec de Giscard d'Estaing aux présidentielles le 10 mai 1981 face à François Mitterrand rebat les cartes. Le nouveau président annule le projet dès le 3 juin. Les terres achetées par l’armée sont restituées aux paysans.
• DELACROIX Christian, ZANCARINI-FOURNEL Michelle, La France du temps présent : 1945-2005, in Histoire de la France contemporaine, Belin, Saint-Etienne, 2014.
• VIGREUX Jean, Croissance et contestations : 1958-1981, Éditions du Seuil, Paris, 2014.
• VINCENT Gérard, Les Français : 1945-1975 Chronologie et structures d’une société, Masson, Paris, 1977.
• VINCENT Gérard, Les Français : 1976-1979 Chronologie et structures d’une société, Masson, Paris, 1980.
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