Christophe Colomb (1451 - 1506)

L'Amiral de la mer Océane

On est à la fin du Moyen Âge. La chrétienté occidentale est assiégée par les Turcs mais, forte et confiante en elle-même, elle rêve d'horizons nouveaux.

Tandis que les Portugais s'échinent à contourner l'Afrique afin de gagner l'océan Indien et l'Asie des épices, un navigateur génois conçoit le projet insensé d'atteindre l'Asie d'une traite, à travers la « mer Océane » (l'océan Atlantique)...

André Larané

Une jeunesse aventureuse

Né en 1451 à Gênes, Christophe Colomb est l'un des six enfants du tisserand Domenico Colombo et de son épouse Suzana di Fontanorosa.

Le jeune homme rêve d'aventures et n'a aucun intérêt pour le commerce de lainages paternel. Il prend la mer dès l'âge de 15 ans. En 1476, son bateau étant attaqué par les corsaires et coulé au large du Portugal, il nage jusqu'à la côte. Il rejoint alors son frère cadet Bartolomeo, qui tient une boutique de cartographie à Lisbonne, et s'établit dans le pays. Portugais d'adoption, il épouse Felipa Perestrello, fille du gouverneur de Porto Santo, une île proche de Madère. Dans cette île naît leur fils unique, Diego.

Christophe Colomb reçoit de son beau-père, un passionné d'exploration maritime, des cartes et des documents en grand nombre... Il en fait bon usage et lit aussi des livres comme, bien sûr, le Livre des Merveilles de Marco Polo et l'Imago Mundi, un célèbre ouvrage de géographie du cardinal Pierre d'Ailly.

Juif ? Corse ? Portugais ?

La jeunesse de Christophe Colomb n'est connue qu'à travers de très minces témoignages. Encore aujourd'hui, de nombreux chercheurs en tirent argument pour échafauder des hypothèses plus ou moins farfelues sur son lieu de naissance et ses origines.

L'érudit et diplomate Salvador de Maradiaga a ainsi consacré en 1952 une épaisse biographie à démontrer que Christophe Colomb venait d'une famille de juifs portugais établis à Gênes. Un autre Portugais, Augusto de Mascarenhas Barreto, a publié une tout aussi grosse biographie en 1988 pour « démontrer » que Colomb était en fait né dans l'Alentejo, au sud du Portugal !... Enfin, la ville de Calvi, en Corse, présente l'une de ses maisons héritées de la domination génoise comme la véritable maison natale du navigateur.

Qu'attendons-nous pour faire la preuve que l'illustre navigateur était le fils naturel du marchand de Bourges Jacques Coeur et/ou qu'il donna naissance à l'explorateur Jacques Cartier ?

Un projet insensé

Sur la foi de ses lectures, Christophe Colomb projette de gagner l'Asie des épices, en voguant vers l'Ouest (le Ponant).

Navigateur compétent mais trop imaginatif, il estime qu'il suffirait d'une quinzaine de jours de navigation pour gagner la Chine, que l'on appelle alors « Cathay », à partir des îles Canaries. « Entre la fin de l'Orient et la fin de l'Occident, il n'y a qu'une petite mer », assure-t-il à qui veut l'entendre.

Son projet paraît fou à la plupart des experts de son temps. Ces derniers savent, bien sûr, que la Terre est ronde, et grâce à Ératosthène, ils connaissent même son rayon. À Nuremberg, le cartographe Martin Behaïm n'a pas attendu Christophe Colomb pour réaliser le premier globe terrestre... en juin 1492 !  

Ces experts sont donc convaincus que les marins mourront d'épuisement avant d'atteindre leur but car il est formellement impossible à un quelconque navire de l'époque de traverser d'une traite l'Océan Atlantique et l'Océan Pacifique réunis. Mais pas plus eux que Christophe Colomb ne savent que celui-ci trouvera sur son chemin un Nouveau Monde : le continent américain.

Son erreur aurait dû valoir au Génois au mieux une fin anonyme, au pire une mort tragique au milieu de l'océan. Contre toute attente, grâce à cette erreur, il va changer la face du monde !

Une reine enthousiaste

Christophe Colomb, entêté, habile et convaincant, rallie les rois d'Espagne à son idée.

Ces derniers, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, viennent de conquérir Grenade, mettant fin à huit siècles de présence musulmane dans la péninsule. Ils portent maintenant leurs regards vers le grand large et accueillent avec bienveillance le projet qui leur est présenté par Christophe Colomb.

La reine, en particulier, se montre enthousiaste. Par les Capitulations de Santa Fé, elle lui accorde le titre très prestigieux d'Amiral, d'ordinaire réservé à un membre de la famille royale. Il concerne toutes les terres et les îles à découvrir, donnant au navigateur le droit d'y exercer la justice et d'y percevoir l'impôt au nom des Rois.

Fort du soutien royal, le navigateur peut enfin monter son expédition. Rien de bien important : trois modestes caraques ou caravelles (qui portent des noms de prostituées sévillanes !) et une centaine de marins.

Il s'ensuit la découverte inattendue d'un Nouveau Monde et une révolution dans l'Histoire : pour la première fois sont mises en contact toutes les sociétés humaines.

Christophe Colomb meurt à Séville, à 55 ans, riche mais solitaire, toujours persuadé d'avoir atteint l'Asie et non découvert un Nouveau Monde.

Les voyages de Christophe Colomb

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Christophe Colomb, entêté, habile et convaincant, a rallié les rois d'Espagne à son projet d'aborder la Chine par l'ouest, en se fondant sur une évaluation erronée de la courbure de la Terre. En réalité, il lui était impossible avec les navires de son époque de traverser tout à la fois l'Atlantique et le Pacifique. Mais de cette erreur, il s'en est suivi la découverte inattendue d'un Nouveau Monde et une révolution dans l'Histoire : pour la première fois furent mises en contact toutes les sociétés humaines...


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Publié ou mis à jour le : 2020-09-15 14:43:29

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