La naissance des sciences en Grèce

Vincent raconte les sciences à l'époque archaïque

Ier épisode

La naissance des sciences en Grèce : l'époque archaïque

Voici le 1er épisode d’une mini-série qui traite de la naissance des sciences en Grèce antique, depuis Thalès jusqu’à Ptolémée.

Les Égyptiens, les Mésopotamiens et les Chinois avaient déjà engrangé beaucoup de connaissances, mais ils se contentaient de constater. A la question « pourquoi ? », ils répondaient « parce que les dieux en ont décidé ainsi ». Pour la 1ère fois dans l’histoire du monde, les Grecs vont chercher des causes matérielles aux phénomènes. Ça va tout révolutionner puisque ça va leur permettre de prédire des choses, et non plus seulement de les interpréter a posteriori, ce qui est toujours plus facile.

Ça démarre en fanfare en l’an 600 av. J.-C., alors qu’on est encore en plein dans ce qu’on appelle l’époque archaïque.

Pour combler la surpression démographique, les Grecs n’hésitent pas à prendre la mer pour fonder des colonies et des comptoirs un peu partout : en particulier, la ville de Naucratis vient d’être fondée, et elle leur sert de pied-à-terre en plein royaume d’Égypte.

C’est là qu’un certain Thalès originaire de Milet vient faire ses classes : il y acquiert ses premières connaissances en géométrie et en astronomie, mais il y ajoute quelque chose de complètement nouveau : la recherche de principes physiques universels. Par exemple il fait de l’eau l’élément qui explique toute chose : l’air est de l’eau raréfiée, ce qui explique qu’il puisse se retransformer en pluie. La terre est de l’eau condensée qui flotte sur l’eau primordiale, ce qui explique les tremblements de terre. Évidemment c’est du grand n’importe quoi, mais ça montre qu’il cherche des connexions sans invoquer la moindre intervention divine. Il aurait aussi mesuré la hauteur des pyramides d’Égypte avec un simple gnomon, juste en comparant la taille des ombres. Là encore, ça revient à comprendre que la même loi s’applique sur deux objets qui n’ont rien à voir. Au passage, ça pose les bases du fameux théorème de Thalès. Il faut quand même noter que ces découvertes restent largement légendaires.

Il aurait aussi prédit l’éclipse solaire du 28 mai 585, mais ça semble très peu probable avec les moyens à sa disposition. De toute façon comme Thalès n’a jamais rien écrit, son œuvre est difficile à évaluer. Heureusement, son disciple Anaximandre va corriger le tir en consignant ses théories. Et là, on découvre la première révolution copernicienne de l’Histoire : la Terre n’est plus une simple interface entre l’infini du ciel et l’infini souterrain, c’est un grand cylindre immobile dans l’Univers autour duquel les étoiles, le soleil et la lune décrivent des cercles.

Par ailleurs en bon disciple de Thalès, il considère que les premiers animaux sont nés dans l’eau et que l’homme a été engendré à l’intérieur de ces poissons qui l’ont protégé des rayons nocifs du soleil. Ce n’est pas le poisson qui se transforme en homme, mais quand même : c’est déjà une sacrée révolution darwinienne !

Et ce n’est pas tout : il explique le tonnerre et les éclairs par le choc du vent contre les nuages, ce qui n’est pas complètement idiot puisque les charges de l’atmosphère naissent effectivement par friction lorsqu’il y a de fortes convections. C’est d’ailleurs vers cette époque que les Grecs découvrent l’électricité grâce aux propriétés de l’ambre, et le magnétisme grâce à certaines roches ferreuses de la ville de Magnésie. Bref, Anaximandre résume à lui seul le génie grec de cette époque.

Quant à Milet, elle s’impose comme le nouveau phare mondial de la connaissance. C’est d’ailleurs là qu’est réalisée la première cartographie du monde connu par les Grecs.

Le 3e scientifique de cette époque exceptionnelle, c’est Pythagore. Né dans l’île de Samos tout près de Milet, on lui prête tous les voyages d’initiation possibles, en Grèce, en Phénicie, en Egypte et en Mésopotamie. Ce qui est sûr, c’est qu’il doit s’exiler vers 535 av JC et s’installe durablement à Crotone dans le sud de l’Italie où il fonde son école.

C’est un pur théoricien fasciné par la magie des nombres, ce lui donne un rôle essentiel dans la théorie de la musique. Il s’intéresse aussi à la géométrie et contribue sans doute à la démonstration de son fameux théorème. Enfin il considère le cercle comme une figure parfaite, ce qui l’amène à concevoir la Terre comme étant ronde, une idée qui va très vite s’imposer de façon définitive.

Voilà pour la 1ère triade de scientifiques ! Mais à la fin du VIe siècle, la situation bascule avec l’arrivée des Perses qui occupent toute l’Anatolie : le centre du monde grec se déplace alors en Grèce continentale en emportant les scientifiques avec lui.

C’est le début de la Grèce classique qui représente assurément un apogée intellectuel. 

Vincent Boqueho

Publié ou mis à jour le : 2021-11-09 10:35:45

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