Hortense de Beauharnais (1783 - 1837)

En marche vers le Second Empire

Hortense de Beauharnais, par Anne-Louis Girodet (RijkMuseum, Amsterdam)Hortense est la fille de Joséphine de Beauharnais et de son premier mari, le général Alexandre de Beauharnais, guillotiné sous la Révolution. C'est sans plaisir aucun qu'elle et son cher frère Eugène voient le général Bonaparte ravir le coeur de leur mère.

Devenu Premier Consul et songeant déjà à l'Empire, Napoléon Bonaparte a le regret de n'avoir pas d'enfant de Joséphine. Désireux d'avoir néanmoins un héritier qui réunisse sa famille et celle de sa femme (un peu à l'image de l'empereur Auguste !), il convainc sa belle-fille d'épouser son jeune frère Louis, un personnage au demeurant terne et désagréable, agité de tremblements, d'un naturel violent et imprévisible, de sept ans l'aîné d'Hortense.

Elle-même, belle et intelligente, est follement amoureuse de Michel Duroc, aide de camp et ami de Bonaparte, et eut préféré convoler avec lui. Au milieu des larmes, elle se soumet à la raison d'État, par attachement pour sa mère et son beau-père. Le mariage a lieu aux Tuileries le 4 janvier 1802.

Ce couple mal assorti trouvera moyen d'engendrer cependant trois garçons : Napoléon-Charles, Napoléon-Louis et Louis-Napoléon. L'Empereur se délecte de leur compagnie et se montre prêt à adopter l'aîné mais, contre toute attente, Louis l'en empêche.

Installés par Napoléon 1er sur le trône de Hollande en 1806, Louis et Hortense affichent au grand jour leur mésentente. L'on soupçonne la reine d'avoir des liaisons avec différents officiers bataves malgré la surveillance dont elle est l'objet, ce qui jette le doute sur la légitimité de ses enfants ! À son grand désespoir, elle perd l'aîné de ceux-ci en 1807.

En 1810, le couple se sépare et Hortense, de retour à Paris, anime avec éclat un salon où se retrouve la haute société impériale. Elle fait bon accueil aussi à la nouvelle impératrice Marie-Louise, et l'initie aux secrets de la cour.

De sa liaison passionnée avec le séduisant comte de Flahaut, fils naturel de Talleyrand, elle a en 1811 un quatrième garçon, illégitime celui-là. Il naît discrètement en Suisse et lui est aussitôt enlevé pour être élevé par la mère du comte de Flahaut.

Napoléon en famille (1810)
L'empereur Napoléon Ier sur la terrasse du château de Saint-Cloud entouré des enfants de sa famille (Louis Ducis, 1810)

Sur cette toile de propagande, on voit l'Empereur entouré de ses neveux et nièces, preuve de sa capacité à assurer sa succession : sur ses genoux, il tient Louis-Napoléon (le futur Napoléon III !) ; à sa droite, Napoléon-Charles (ceinture bleue) ; à l'écart, debout à droite, Achille, fils de Caroline Bonaparte. Entourant Napoléon, Louise et Letizia, filles de Caroline.

Mère protectrice

En attendant, la deuxième Restauration, en 1815, oblige Hortense à s'exiler en Suisse alémanique, sur les bords du lac de Constance, dans le vieux château médiéval d'Arenenberg qu'elle restaure avec goût en lui donnant quelque ressemblance avec la Malmaison, la demeure qu'avait tant aimée sa mère Joséphine.

Le château d'Arenenberg, au bord du lac de Constance, résidence d'Hortense de BeauharnaisSon mari Louis ayant amené Napoléon-Louis dans son exil romain, Hortense se résoud à quitter la Suisse pour l'Italie afin de réunir ses deux enfants.

En 1831, Napoléon-Louis et Louis-Napoléon se jettent avec la fougue de leur jeunesse dans les conspirations des carbonari, révolutionnaires en lutte pour l'unité italienne.

Comme ils sont sur le point d'être capturés par l'armée autrichienne à Bologne, Hortense se lance à leur secours. Tandis que Napoléon-Louis succombe à une épidémie de rougeole, elle s'enfuit en France, emmenant avec elle Louis-Napoléon, et va quêter la protection du roi Louis-Philippe 1er.

Apprenant dans le même temps la mort prématurée du malheureux roi de Rome, Hortense comprend que son propre fils porte désormais l'espoir d'une restauration dynastique et va dès lors l'y préparer.

Mais par crainte de réveiller le courant bonapartiste, le roi prie la reine déchue de retourner dans son exil suisse, à Arenenberg. Elle en sort une nouvelle fois, en 1836, pour plaider auprès de Louis-Philippe la grâce de Louis-Napoléon après que celui-ci a maladroitement tenté de soulever la garnison de Strasbourg. Obligé de s'exiler aux États-Unis, son fils adoré en revient seulement pour assister quelques mois plus tard à l'agonie de sa mère, victime à 54 ans d'un cancer de l'utérus.

La reine déchue rend l'âme avec la conviction que son fils Louis-Napoléon restaurera un jour la dynastie. Une ambition improbable qu'elle aura rendu possible.

Hortense est selon son testament inhumée auprès de sa mère, dans l'église de Rueil-Malmaison. À ses funérailles assistent le comte de Flahaut et leur fils. Ce dernier, sous le nom de duc de Morny, sera, quinze ans plus tard, sous le Second Empire, le conseiller dévoué et efficace de son demi-frère Louis-Napoléon, devenu Napoléon III.

Fabienne Manière

Publié ou mis à jour le : 2021-07-07 17:23:44

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