19 juillet 2001

Découverte de Toumaï

Le 19 juillet 2001, une mission franco-tchadienne conduite par le paléontologue Michel Brunet (université de Poitiers) découvre un crâne vieux de sept millions d'années et quelques autres ossements en un lieu désertique autrefois baigné par les eaux du lac Tchad.

Il est baptisé Toumaï (« espoir de vie » en langue locale) sur une suggestion du président tchadien Idriss Déby, désireux de perpétuer le souvenir de l'un de ses frères d'armes !

On le considère aujourd'hui comme le plus ancien ancêtre de la lignée qui a donné naissance aux humains, après sa séparation d'avec les chimpanzés, bien avant la célèbre Lucy.

Mais s'agit-il d'un homme ou plus simplement d'un gorille ? La question reste ouverte dans l'attente d'un fémur qui pourrait démontrer que Toumaï était un bipède, comme Lucy et nous...

Du rififi chez les préhistoriens

Le crâne de Toumai (à gauche) et, à gauche, le mystérieux fémur négligé par Michel Brunet, photo d'Alain BeauvilainJustement, le fémur existe ! Il figurait parmi les ossements découverts autour du crâne mais Michel Brunet ne lui a pas prêté attention et son histoire va donner lieu à un singulière controverse.

En février 2004, à Poitiers, une étudiante, Aude Bergeret, se penche sur les ossements découverts au Tchad et s'interroge sur un os allongé qui a toutes les apparences d'un fémur. Elle en parle à son professeur Roberto Macchiarelli qui a vite fait de reconnaître le fémur d'un hominidé.

C'est un mauvais point pour Michel Brunet qui craint qu'on ne lui reproche sa gestion négligente de la découverte. Dès lors, son équipe et lui font l'impossible pour cacher ledit fémur. Aude Bergeret est privée de thèse et Roberto Macchiarelli contraint de changer de laboratoire.

En 2009, Alain Beauvilain, un ancien collaborateur de Michel Brunet, en conflit avec celui-ci, publie la photo des ossements trouvés avec le crâne (voir ci-dessus). Il s'ensuit des bruits de couloir dans le milieu scientifique. Rien de plus jusqu'à ce 22 janvier 2018 où Roberto Macchiarelli officialise dans la revue Nature l'existence du fémur.

Michel Brunet se voit mis en accusation. Le brillant paléontologue plaide sa cause sur France Inter. Changeant son fusil d'épaule, il promet de publier enfin une communication sur l'os du scandale afin de vérifier s'il appartient au même individu que le crâne (note).

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2021-06-19 17:28:16
Liger (22-04-2021 16:13:35)

Merci de cette information sensible et importante que je découvre à l’instant.

Cette affaire révèle un grave dysfonctionnement de la recherche universitaire puisqu'une seule personne aidée de séides [personnes prêtes à exécuter aveuglément tous les ordres d'un maître (Larousse)] a le pouvoir de dissimuler une information essentielle et de persécuter tout contradicteur jusqu'à ralentir voire briser leur carrière.
Sous réserve de l'avis de personnes connaissant mieux ces milieux, au moins les mesures suivantes s'imposent :

1 - La décision de publier une information, notamment les photos d'objets trouvés lors de fouilles, doit relever de l'organisme dont relève le chercheur (ici Michel Brunet) et non pas de celui-ci ; or, voici ce que je viens de lire ce 22 avril 2021 dans Wikipédia :
« Le 26 janvier 2018 à l'antenne de France Culture, Michel Brunet s'exclamait « ll est prévu de publier le fémur, [mais] je ne reconnais à personne le droit de me dicter le moment ! » » Hallucinant ! Entre autres, ce monsieur a oublié que toute son activité a été financée par l'argent du peuple et qu'il n'en est évidemment pas le propriétaire : il a droit à la reconnaissance de son travail, à la citation de son nom en tant que découvreur, à des honneurs le cas échéant ; mais il n'est évidemment pas le maître absolu de l'information : c’est de l’abus de pouvoir, voire de la forfaiture.

2 - On doit garantir EFFECTIVEMENT le droit pour tout autre chercheur d'accéder à ces informations et d'en faire état (à condition de mentionner la source, le « découvreur », etc.) : le principe doit être la liberté d'accès et toute restriction ne devrait pouvoir être décidée que par l'organisme dont relève le chercheur (ici Michel Brunet) et non pas par celui-ci ; bien évidemment, tout refus doit pouvoir faire l'objet de recours selon une procédure rapide suivant les règles du droit en vigueur.

3 - Toute décision affectant négativement la carrière d'un chercheur [cf. « Aude Bergeret est privée de thèse et Roberto Macchiarelli contraint de changer de laboratoire. »] ne peut être prise que par l'institution (ici, l'Université de Poitiers), doit être motivée et soumise à recours ayant un effet suspensif : là, on a l'impression qu'un mandarin ayant commis une négligence (ce qui peut arriver) a eu pendant dix ans tous les pouvoirs pour tenter de dissimuler cette erreur en « exterminant » quiconque voulait travailler sur ladite information ainsi occultée.

4 – De lourdes sanctions civiles (réparation, si possible intégrale, du préjudice causé par les agissements du mandarin (M. Brunet en l'espèce) et pénales doivent être applicables (i) aux personnes auteurs de tels faits et (ii) à l'institution concernée s'il est prouvé que ses responsables n'ont pas fait le nécessaire pour empêcher de telles persécutions odieuses ; or, sauf erreur, aucune sanction à la mesure de la gravité de ces agissements (suspension, mise à la retraite d’office, etc.) n'a été prise.

Au risque de paraître naïf, je ne pensais pas que de tels faits gravissimes et aussi honteux pouvaient encore se produire dans une université française au XXIe siècle : on se croirait à l'époque de l'ère Lyssenko. Quelle honte pour la recherche scientifique française causée peut-être par un (grave) dysfonctionnement au sein de l’université de Poitiers et, en tout cas, par l’inconduite d’ « un vieil homme indigne » qui fut un grand chercheur mais dont la vieillesse ressemble à un naufrage scientifique, déontologique et tout simplement moral…

Boblin (09-02-2018 07:34:41)

Le monde des scienceux au niveau crasseux de celui de nos politiqueux ? L'ego de ces grosses têtes est leur talon d'Achille, ce qui pour des anthropologue va de soi. Néanmoins - ou fémur manquant... Lire la suite

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net