14 octobre 1543

Barberousse s'invite chez François Ier

Le 14 octobre 1543, le corsaire Barberousse entre dans la rade de Toulon avec 200 galères et 30 000 hommes sans qu'aucune résistance ne lui soit opposée... et pour cause.

Fabienne Manière

Une alliance sans précédent

Dix-huit ans plus tôt, en 1525, le roi de France François Ier a été battu et capturé à Pavie par les troupes de l'empereur Charles Quint.

Khair el-Din Barberousse (1476-1546). Agrandissement : Portrait de barberousse au musée des Beaux-Arts d'Alger.Il demande aussitôt à sa mère, Louise de Savoie, de solliciter l'aide du sultan Soliman II le Magnifique. Il veut de cette façon contrecarrer les ambitions italiennes de son rival.

L'année suivante, le sultan écrase une armée hongroise à Mohacs. Il met fin à l'indépendance du royaume de Hongrie mais échoue à s'emparer de Vienne, la capitale des Habsbourg, la famille de Charles Quint.

François Ier ne veut pas rester sur cet échec. Il songe à utiliser la flotte du corsaire Barberousse en vue d'une nouvelle intervention en Italie. C'est ainsi que le Turc attaque en août 1543 la ville de Nice, qui appartient au duché de Savoie, allié de Charles Quint. La ville basse est conquise après plusieurs assauts mais le château résiste à trois semaines de siège.

Après ce coup de main, Barberousse et ses hommes sont invités à hiverner à Toulon. Pendant plusieurs mois, sur ordre du roi de France, la ville est mise à la disposition de ces corsaires musulmans venus d'Alger et qualifiés de Barbaresques. La plus grande partie de la population habituelle est évacuée et la cathédrale Sainte-Marie-Majeure est même transformée en mosquée.

Tout cela pour rien. Perdant l'envie de combattre pour le roi de France, Barberousse se fait payer son départ au prix fort au printemps suivant. Il poursuit la guerre de course pendant quelques temps encore avant de se retirer dans son palais d'Istamboul où la mort le rattrape en 1546, à 70 ans.

François Ier meurt l'année suivante sans avoir rien obtenu de son conflit avec Charles Quint pour la domination de l'Italie.

Publié ou mis à jour le : 2021-10-12 19:53:55
Liger (14-10-2025 00:26:04)

Commentaires effarants d’internautes, témoignant d’une vision idéologique et aveugle de l’Histoire.

La France était totalement encerclée par l’empire gigantesque de Charles Quint, lequel regroupait sous sa seule autorité l’Espagne et son énorme empire colonial fournisseur de colossales ressources financières (grâce à l’or, l’argent, les pierres précieuses, les épices, etc.) permettant de mener continûment des guerres gigantesques à l’échelle européenne ; ajoutons pour faire bonne mesure une très grande puissance maritime et les Pays-Bas espagnols (correspondant à la Belgique et aux Pays-Bas actuels) à partir desquels des puissantes armées espagnoles déferlaient sur la France, Paris étant à quelques jours de marche (ex : 1636, la terrible année de Corbie).

Du fait de ses successeurs, les Habsbourg d’Espagne et d’Autriche, ce péril majeur dura pendant plus d’un siècle jusqu’à la signature des traités de Westphalie et des Pyrénées: il fallut le génie tenace de Richelieu et de Mazarin de desserrer ce formidable étau qui menaçait de broyer la France.

Face à ce danger mortel, nos meilleurs souverains et dirigeants firent leur devoir en recherchant toutes les alliances nécessaires passant courageusement outre aux clameurs et manœuvres criminelles du parti de l’étranger (souvent à la solde de l’étranger, tel le duc de Guise stipendié par Philippe II d’Espagne) invoquant « la Vraie Foi » pour s’opposer aux alliances avec le Grand Turc ou les « infâmes » huguenots :
. Ainsi donc, François 1er s’allia avec Soliman de Magnifique ;
. Ainsi, Charles IX, probablement sous l’influence de sa mère, Catherine de Médicis, n’envoya pas de vaisseaux français se joindre à la grande alliance des marines chrétiennes contre le Turc et donc à leur victoire lors de la bataille de Lépante (1571) ;
. Ainsi encore, Sa Majesté Très Chrétienne (et très fervent catholique), Louis XIII soutint les princes protestants d’Allemagne, les rois luthériens du Danemark et de Suède contre les très catholiques Habsbourg d’Autriche et d’Espagne ; comme l’écrivit justement Michel Carmona dans « La France de Richelieu », si Paris défie Madrid, c'est, selon le mot de Richelieu, pour « faire contrepoids à la puissance de l'Espagne qui va seigneurisant l'Europe. » ;
. A contrario, entre 1610 et 1617, la lamentable Marie de Médicis pris le contrepied de la politique de son époux Henri IV pour adopter une politique de soumission aux puissances catholiques (les Habsbourg en tête) qui ravala la France à un rang secondaire de vassal, cela sous la pression des dévots ultra catholiques, dignes successeurs de la Sainte Ligue pour lesquels la défense de la « Vraie Foi » (assorti de projets d’extermination des protestants français) primait les intérêts de la France : il fallut de très longues années à Louis XIII et Richelieu, puis Mazarin, pour réparer les ravages causés par cet « atlantisme avant l’heure ».

Il fallait être bien cynique (les Habsbourg) pour affirmer, opinions de théologiens aux ordres à l’appui, que la défense de la Vraie Foi (catholique) coïncidait exactement avec les intérêts des empires habsbourgeois. Pendant des décennies il se trouva, hélas en France, des légions de niais et de traîtres pour défendre cette thèse et soutenir la politique des puissances ennemies par tous les moyens, insultes et crimes compris.

Je me souviens d’avoir lu (je cite de mémoire) cette phrase d’un intellectuel monarchiste français en 1936 lorsqu’éclata la guerre d’Espagne : « Nos rois ne se seraient pas trompé : ils auraient soutenu la République espagnole. » Cet intellectuel abhorrait la gauche, à commencer par les communistes et anarchistes espagnols dont il savait l’immonde férocité (égalée par les franquistes : les horreurs des uns ne justifient pas celles des autres et réciproquement) ; mais il avait compris que le succès de Franco parrainé par deux puissances européennes majeures (l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste) qui préparaient la guerre contre notre Patrie aurait été contraires aux intérêts de la France, laquelle aurait été encerclée de trois côtés !

Les hurlements haineux et bornés de la droite et de l’extrême-droite paralysèrent le Gouvernement du Front populaire dès 1936, lequel se cantonna dans une non-intervention illusoire qui fit le jeu d’Hitler, de Mussolini et de Franco. Un grand nombre de ces gens-là se retrouvèrent dans les rangs de la Collaboration entre 1940 et 1944 : peu d’entre eux eurent la lucidité et le courage de Georges Bernanos, pourtant monarchiste extrémiste qui fréquenta l’extrémisme et l’antisémitisme, lequel dénonça les atrocités franquistes et le danger que représentait pour la France la victoire de Franco.

Souvenons-nous du propos de Churchill, depuis toujours anticommuniste virulent jusqu’à la moelle des os, lorsqu’Hitler envahit l’URSS le 22 juin 1941 : « Si Hitler avait envahi l’Enfer, je chercherais à construire une alliance avec le diable. » Il savait bien que l’idéologie et la géopolitique font mauvais ménage.

« Bien des hommes sauveraient leur âme comme particuliers qui se damnent comme personnes publiques. » (Richelieu)

Enfin, la tonalité de certains commentaires faisant de Soliman le Magnifique un ennemi de la Civilisation, tel un nouveau Tamerlan, traduisent un certain fanatisme nauséabond mâtiné d’ignorance : si l’expansionnisme ottoman n’était évidemment pas une entreprise humanitaire, les pratiques des Habsbourg n’étaient pas plus douces, à commencer par la férocité des persécutions visant les Juifs et les Musulmans en Espagne et les Protestants en Allemagne et aux Pays-Bas sans parler de l’extermination de nombreux Indiens en Amérique. Et si le Siècle d’Or espagnol et la civilisation de l’empire de Charles Quint constituèrent des périodes culturelles exceptionnelles en Europe, la civilisation ottomane à l’époque de Soliman le Magnifique fut du même niveau.

Paul Bruno (10-04-2021 15:42:03)

Je condamne l’attitude de François 1er dans mon livre “Les Barbares aux yeux bridés et les autres”. C’est une trahison de la France envers l’Europe chrétienne. Une des raisons qui nous a rendus suspects, bien avant Napoleon, auprès de nos amis Européens et dont nous payons encore le prix aujourd’hui.

shaitan (08-04-2021 12:33:27)

Article bien documenté. Merci.

Jean-Pierre GOU (07-04-2021 11:09:46)

On se demande si les leçons de l'histoire sont retenues...Ainsi, les Etats-Unis ont favorisé la création d'Al Quaida....et s'en sont mordus les doigts!

Erik (14-10-2017 11:57:59)

Et bien que cela serve de leçon à celles et ceux qui se cherchent des amis à tout prix :-D

P.Lainé (16-10-2008 21:56:02)

Les manifestations d'amitié prodiguées par les souverains français aux souverains musulmans n'ont jamais été vraiment payées de retour. Que l'on songe au malheureux Louis XIV refusant d'envoyer des renforts à l'empereur d'Autriche assiégé dans sa capitale de Vienne par le sultan ou à François Ier littéralement cocufié par Soliman. Toutes ces marques d'amitié ne se sont jamais historiquement favorablement terminées.

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