3500 à 539 av. J.-C.

La Mésopotamie... en mode chronométré

15 secondes par siècle !

Cette vidéo propose une Histoire de la Mésopotamie en cartes animées, avec une contrainte temporelle : on va consacrer exactement 15 secondes par siècle, ce qui permettra de bien sentir le rythme des évolutions.

Avant de commencer, on va déjà faire le point sur la situation de départ. La Mésopotamie est la plaine irriguée par 2 fleuves, le Tigre et l’Euphrate. La partie nord correspond au cœur du Croissant Fertile où se fait la domestication du blé et de l’orge. Vers 6000 av. J.-C., la maîtrise de l’irrigation permet à l’agriculture intensive de gagner l’extrême sud qui est habité par les Sumériens. La désertification de la péninsule arabique y entraîne une surpression qui accélère encore le rythme des innovations : ça va favoriser l’entrée dans l’Histoire. On va maintenant pouvoir déclencher le chrono.

Vers 3500 av. J.-C., une ville commence à se démarquer des autres agglomérations : Uruk. Elle bénéficie de l’invention de l’araire qui décuple la productivité agricole, et sa population atteint peut-être les 30 000 habitants, ce qui en fait la plus vieille ville du monde. Son influence s’étend très vite sur les plateaux du Zagros à l’est et jusqu’en Syrie au nord, ce qui crée une vaste unité culturelle sur tout cet ensemble. La gestion des gigantesques flux et stocks de céréales nécessite de tenir des comptes précis, ce qui conduit à l’invention de l’écriture cunéiforme vers 3300 av. J.-C.. Le pouvoir de la classe dirigeante se renforce et le rayonnement d’Uruk atteint alors son apogée, même s’il est difficile d’évaluer l’extension politique de cet état.

Cette situation perdure jusque vers 3100 av. J.-C. qui correspond à un effondrement assez brutal, peut-être en raison d’une inondation majeure du Tigre et de l’Euphrate. Cet évènement est peut-être à l’origine du mythe sumérien du Déluge qui influencera beaucoup plus tard celui des Hébreux. Toujours est-il que la culture d’Uruk reflue des montagnes et que la Mésopotamie entre dans un âge sombre dans lequel aucune ville ne se distingue. Le nord semble un peu plus préservé puisque la culture mésopotamienne s’étend vers la Syrie à cette même époque. Finalement, le pays se reconstruit peu à peu et plusieurs cités-états émergent vers 2900 av. J.-C.. Dans le pays des Sumériens, des villes comme Ur ou Lagash rivalisent avec la vieille Uruk.

Les guerres entre cités-états sont alors récurrentes pour la conquête des territoires agricoles, et de puissants rois émergent à la tête des armées. Ils doivent toutefois obtenir l’assentiment des dieux, ce qui confère une grande importance au clergé. La triade An, Enlil et Enki est particulièrement vénérée. C’est surtout le dieu du vent Enlil qui va finir par s’imposer : la ville de Nippur, dont c’est le dieu tutélaire, devient progressivement la capitale religieuse de tout Sumer. Cet ensemble culturel se prolonge plus au nord chez les Akkadiens. En particulier, la ville de Kish s’impose comme une grande puissance militaire et exerce une certaine hégémonie à plusieurs reprises. A l’est, les Elamites forment une civilisation distincte et inventent leur propre système d’écriture. Ils s’installent dans la ville de Suse qui devient un creuset entre les cultures élamite et mésopotamienne. Quant à la Haute Mésopotamie, elle se réveille un peu plus tard, vers 2500 av. J.-C.. Les villes d’Ebla et de Mari deviennent les capitales de vastes royaumes et vont laisser une très grande quantité d’archives. Vers 2400, le roi de Mari tente d’imposer son autorité sur la Basse Mésopotamie, mais ça va avoir pour effet de ressouder la région.

Vers 2350, le roi d’Umma Lugal-Zagesi parvient à unifier le pays de Sumer et installe sa nouvelle capitale à Uruk. Peu après, le roi Sargon de Kish remporte une victoire contre ce royaume et obtient ainsi le contrôle sur toute la Basse Mésopotamie. Il fonde une nouvelle capitale Akkad, puis s’avance vers le nord, s’empare du royaume de Mari, et progresse peut-être jusqu’à Ebla. Puis il conquiert le pays élamite à l’est, fondant un véritable empire. Ses successeurs tels que Naram- Sin étendent leur emprise jusqu’à l’Oman actuel, initiant des échanges commerciaux jusque vers la civilisation de l’Indus. L’akkadien devient la langue officielle et commence à gagner du terrain sur le sumérien. Mais les révoltes incessantes entraînent un effondrement rapide de cet empire. 

Après une période troublée, c’est le roi d’Uruk Utu-Hegal qui restaure l’unité de la Basse-Mésopotamie, bientôt renversé par son gouverneur Ur-Nammu qui déplace la capitale à Ur. C’est là qu’est érigée la première ziggurat qui sert de lien avec le monde divin.

Ce nouvel apogée est brisé par les invasions des Amorrites qui entraînent la chute d’Ur en 2004 av. J.-C.. Le pays est ravagé et la langue sumérienne elle-même disparaît au profit de l’akkadien que les Amorrites adoptent. De nouvelles villes telles qu’Isin et Larsa remplacent les anciennes. Les Amorrites fondent également Babylone plus au nord. En Syrie, ils font d’Alep et de Qatna les capitales de puissants royaumes. Enfin les Elamites renforcent leur unité autour de leurs 2 capitales historiques, Anshan et Suse.

En 1764 av. J.-C., leur tentative de conquérir la Mésopotamie entraîne l’essor d’une vaste coalition menée par le roi de Babylone Hammurabi. Il repousse les Elamites et parvient à imposer son autorité sur une bonne part de la Mésopotamie. Ses successeurs doivent toutefois faire face à une nouvelle menace : celle des Kassites venus du Zagros. L’étendue de l’empire babylonien se réduit rapidement tandis que l’Elam éclate du fait de ces incursions. Le coup de grâce est donné par les Hittites venus d’Anatolie qui lancent un raid sur Babylone en 1595 av. J.-C.. Les Kassites en profitent pour prendre les rênes aux dépens des Amorrites, mais le pays ravagé va mettre du temps à se reconstruire. Ce n’est qu’en 1480 que le roi de Babylone Agum III restaure la puissance de sa ville : le babylonien issu de l’ancien akkadien s’impose alors comme la langue commerciale de tout le Proche Orient. En parallèle, l’Elam retrouve des couleurs tandis que les Hurrites fondent un nouveau royaume dans l’extrême nord, le Mitanni. Celui-ci s’affaiblit rapidement face à la pression des Hittites et des Egyptiens, ce qui permet au roi d’Assur Assur-Uballit d’arracher son indépendance. Il fonde un royaume puissant sur les décombres du Mitanni : l’Assyrie.

Ses successeurs étendent le royaume dans toutes les directions, et Tukulti-Ninurta porte l’empire assyrien à son apogée. Ses attaques contre la Babylonie affaiblissent ce pays, et ce sont finalement les Elamites qui en profitent : ils conquièrent Babylone en 1160 av. J.-C., ce qui met fin à la dynastie kassite. La ville de Suse connaît alors son apogée, mais la Babylonie ne tarde pas à retrouver son indépendance. La Babylonie et l’Assyrie tentent de poursuivre leur expansion, mais elles sont confrontées à l’arrivée d’un nouveau peuple sémitique, les Araméens. Ces nouvelles invasions s’inscrivent dans les grands bouleversements migratoires de la Méditerranée orientale amorcés vers 1200. C’est d’abord l’Assyrie qui s’affaiblit, puis la Babylonie qui se fragmente.

Ce déclin est stoppé par le roi Adad-Nirari II qui restaure la puissance de l’Assyrie, tandis que la Babylonie retrouve son unité peu après. Son successeur Assurnazirpal II déplace la capitale à Kalkhu et agrandit considérablement l’empire assyrien. La Syrie et le Levant sont ravagés malgré l’intervention de l’Egypte. Dans le même temps, la menace assyrienne pousse les descendants des Hurrites à fonder un nouveau royaume plus au nord qui va s’avérer puissant, l’Urartu. Les révoltes récurrentes finissent par miner l’empire assyrien jusqu’à l’avènement de Teglath-Phalazar III : celui-ci entreprend des conquêtes systématiques grâce à une armée modernisée, et il s’empare notamment de Babylone en 729. Son successeur conquiert le royaume d’Israël en 722 et déplace la capitale à Ninive. L’apogée de l’empire assyrien est atteint sous le règne d’Assurbanipal qui soumet l’Egypte, puis anéantit l’Elam affaibli par l’arrivée des Perses et des Mèdes. Ceux-ci aident les Babyloniens dans leur révolte contre les Assyriens, et la ville de Ninive est rasée. L’empire babylonien remplace ainsi l’empire assyrien au Proche-Orient et il atteint son apogée sous  Nabuchodonosor II. Son successeur aide les Perses dans leur révolte contre l’empire mède, mais ça se retourne contre lui : les Perses s’emparent de Babylone en 539 av. J.-C..

C’est à cette date que nous arrêtons notre chronomètre, parce que cet évènement est lourd de sens : non seulement la Mésopotamie se retrouve intégrée dans l’immense empire perse, mais c’est sa civilisation elle-même qui va s’évanouir en peu de temps. Les Perses vont privilégier l’araméen comme langue officielle, ce qui va faire disparaître la langue babylonienne. Dorénavant, la Mésopotamie sera ballotée entre les empires iraniens et grecs, jusqu’à la conquête arabo-musulmane qui l’intègrera dans le califat. A compter de ce jour, la région sera connue sous un nouveau nom : l’Irak. ..

Vincent Boqueho

 


Publié ou mis à jour le : 2021-12-14 10:42:56

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