Le mot gabelle vient du provençal gabela, qui signifie impôt et dérive lui-même de l'arabe qabala. Ce mot désignait au XIIe siècle un impôt permanent créé par Georges d'Antioche, conseiller des rois normands de Sicile.
La gabelle désigna ensuite en France différents impôts avant de s'appliquer plus spécialement à une taxe sur le sel. Cette taxe fut créée en France en 1315 par Louis X et progressivement étendue à tout le pays par Philippe VI de Valois et en particulier Jean II le Bon, en vue de payer sa rançon. À partir de 1383, l'impôt fut prélevé par un corps spécial de fonctionnaires, les grenetiers, aussi appelés gabelous (un terme de mépris encore utilisé pour désigner les douaniers).
Le sel est un complément alimentaire vital. Au Moyen Âge, il était également indispensable pour conserver les viandes (les salaisons). La gabelle du sel devint très impopulaire de ce fait et aussi parce que sa collecte était particulièrement arbitraire. Ainsi distinguait-on en France à la veille de la Révolution pas moins de six régimes :
• Les pays francs, exempts de gabelle par privilège royal ou parce que leur situation maritime autorisait toutes les fraudes,
• Les pays rédimés, qui avaient acheté une exemption de taxe (Angoumois, Comminges,...),
• Les pays de salins, où le sel était produit et vendu directement par l'État,
• Les pays de quart-bouillon (basse Normandie), où le sel était produit en faisant bouillir du sable marin par des sauneries taxées directement par l'État,
• Les pays de petite gabelle (Languedoc, Beaujolais,...), où la consommation était taxée mais libre,
• Les pays de grande gabelle (Île de France, Champagne,...), où la consommation était taxée et les familles astreintes à consommer un minimum de sel par an (le sel du devoir).
Au Moyen Âge, les paysans avaient coutume de conserver les excédents de lait sous forme de beurre salé (ce produit est encore d'usage courant en Bretagne).
Mais dans les provinces soumises à une gabelle élevée, les éleveurs se sont progressivement réorientés vers la production de fromage, moins gourmande en sel que le beurre. C'est ainsi qu'aujourd'hui, la France peut se flatter d'être « le pays aux 365 fromages ».
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