Le principal indicateur démographique est la fécondité. Elle est définie par le nombre effectif d'enfants qu'ont les femmes au terme de leur vie féconde, à 49 ou 50 ans. À ne pas confondre avec la fertilité, qui désigne le nombre potentiel d'enfants que peut avoir une femme.
Il n'y a pas de difficulté à connaître le taux de fécondité des générations passées et des femmes de plus de 50 ans (après leur ménopause). C'est leur « descendance finale » moyenne. Mais quid des femmes plus jeunes qui ne sont pas arrivées au terme de leur vie féconde ?... Pour évaluer la fécondité de l'ensemble des femmes dans une année donnée et surtout apprécier son évolution dans le temps, les démographes recourent à un indicateur conjoncturel de fécondité ou indice synthétique de fécondité : il additionne à un moment donné les taux de fécondité observés à chaque âge, entre 15 et 49 ans.
La fécondité : l'indicateur qui dessine notre avenir
Pour qu'une population se renouvelle d'une génération à l'autre, il faut qu'en moyenne chaque femme ait une fille qui arrive elle-même au terme de sa vie féconde. Deux facteurs déterminent le nombre moyen d'enfants que doivent avoir les femmes pour atteindre ce seuil de renouvellement :
• Le sex-ratio à la naissance : compte tenu du plus grand nombre de garçons que de filles à la naissance (105 pour 100 en Occident), il faut déjà, de ce seul fait, 2,05 enfants par femme pour être assuré du renouvellement de la population.
• La mortalité des filles avant l'arrivée à la maternité : pour que l'ensemble des femmes amène un nombre équivalent de filles à l'âge de la maternité, il faut qu'elles aient un supplément d'enfants qui compense les décès prématurés.
Dans les pays riches d'Occident, où la mortalité des jeunes est très faible, on estime que le « remplacement des générations » est assuré avec environ 2,1 enfants par femme (légèrement au-dessus de 2,05). Dans les pays d'Extrême-Orient comme la Chine, où le sex-ratio atteint 2,18 en raison des avortements de filles (118 garçons pour 100 filles), il faudrait au grand minimum 2,2 enfants par femme pour simplement remplacer les générations, en dépit d'une mortalité infantile très faible. Dans les pays où la mortalité des jeunes est très élevée, comme dans le Sahel, il y faut 2,5 à 3 enfants par femme en moyenne.
Si l'indice de fécondité des Françaises devait se maintenir au niveau de 2018 (1,84 enfants par femme), soit à 85% du « seuil de remplacement », il s'ensuivrait d'une génération à l'autre, autrement dit au bout d'environ 30-35 ans, une baisse d'environ 15% du nombre de naissances. Au bout de trois générations, soit un siècle, le nombre de naissances ne serait plus que 60% de son niveau initial.
Si l'indice de fécondité devait tomber aux environs d'un enfant par femme comme c'est déjà le cas en Corée du Sud, à Taiwan ou encore en Italie, le nombre de naissances serait divisé par deux à chaque génération :
• Cent femmes ont en moyenne en 2023 cent enfants dont quarante-huit filles (à cause du sex-ratio).
• Avec la même fécondité, lesdites filles engendrent à leur tour quarante-huit enfants dont vingt-deux filles trente ans plus tard, soit en 2053.
• À la deuxième génération, soit en 2083, ces ving-deux filles engendrent vingt-deux enfants dont dix filles. Il s'ensuit que les cent femmes d'aujourd'hui n'ont plus au total dans leur grand âge que vingt-deux petits-enfants, après une division par cinq du nombre de naissances en soixante ans...
Les Italiennes, ainsi, ont donné le jour à 400 000 enfants en 2020. Avec un indice de fécondité d'environ un enfant par femme, leurs arrière-petites-filles, en 2100, ne donneront plus le jour qu'à 50 000 enfants. Autrement dit, à cette date, le peuple qui a donné le jour à Michel-Ange et Verdi aura quasiment disparu.
Voir : Des chiffres pour comprendre
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