Le mot barbare nous vient d'une onomatopée par laquelle les Grecs de l'Antiquité désignaient les gens qui ne parlaient pas leur langue (« barbarophonos »)! Les Grecs ignoraient toutefois le concept de barbarie que nous attachons aujourd'hui à ce mot, c'est-à-dire l'idée qu'il existerait une part d'inhumanité plus ou moins grande en chaque homme ou en chaque société.
Pour Hérodote, être barbare, c'est simplement ne pas être Grec, ne pas partager « même sang et même langue, sanctuaires et sacrifices communs, semblables moeurs et coutumes ». C'est aussi ne pas partager certaines valeurs au combat comme le patriotisme et le respect des morts. Il est aussi reproché aux Perses de se prosterner devant leur souverain ou encore de n'être pas capables de se contrôler, la tempérance étant une valeur importante pour les Grecs.
Ces critiques n'empêchent nullement un rapprochement entre les cultures : l'idée de panhéllenisme se développe notamment lors de l'avènement du macédonien Philippe II, tandis que certains intellectuels commencent à voir l'Autre comme un « bon sauvage ». Et quel succès de la mode perse dans l'Athènes classique !
Le concept de « barbare » apparaît vraiment à l'époque romaine. Choqués par la violence des invasions germaniques, les Romains commencent à opposer sauvagerie et civilisation (humanitas). Le mot barbare prend alors une consonance péjorative en désignant l'ensemble des peuples, généralement hostiles, qui vivent aux confins de l'empire.
Parmi ces peuples figurent principalement les Germains, installés au-delà du Rhin et du Danube. Indo-européens comme les Latins, les Celtes (Gaulois) et les Hellènes (Grecs), ils ont en commun leur parler germanique, leur religion polythéiste et leurs coutumes sociales. Ils sont divisés en tribus. Les premiers Germains auxquels ont affaire les Romains au IIe siècle avant JC sont les Cimbres et les Teutons. À partir du IIe siècle après JC se manifestent les Chérusques, Alamans, Francs, Burgondes, Frisons, Goths (Wisigoths et Ostrogoths), Lombards, Suèves, Saxons, Vandales etc. Les autres Barbares que combattent les Romains furent les Parthes, sur l'Euphrate, et également les Numides d'Afrique du Nord. Les régions montagneuses de l'Afrique du nord reçoivent d'ailleurs de Rome l'appellation Berbérie (pays des Barbares) et leur habitants perpétuent avec fierté le nom de Berbères qui en dérive.
Du IVe siècle au Xe de notre ère, d'autres « barbares » font leur apparition en Occident, en particulier les Huns, de type mongoloïde et de langue ourano-altaïque, puis les Slaves, les Sarrasins (Berbères et Arabes de confession musulmane), les Vikings, apparentés aux Germains, enfin les Magyars (ou Hongrois), apparentés aux Huns...
Sur l'origine et les moeurs des peuples barbares qui assaillirent Rome, on peut lire l'entretien de Bruno Dumézil avec Yves Chenal.
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