Germaine Tillion a découvert l'ethnologie auprès de Marcel Mauss. Sur une suggestion de ce dernier, elle part étudier de 1934 à 1940 l'ethnie berbère des Chaouis, dans les Aurès, en Algérie.
De retour à Paris, pendant l'Occupation, elle participe activement au réseau de résistance du Musée de l'Homme. Elle est arrêtée sur dénonciation d'un agent double, l'abbé Robert Alesh, et déportée le 21 octobre 1943 à Ravensbrück, un camp destiné aux opposants politiques de la catégorie Nacht und Nebel (« Nuit et brouillard »), autrement dit destinés à disparaître d'une façon ou d'une autre ! La mère de Germaine Tillion, également déportée, n'y survivra pas et sera gazée.
Elle-même endure l'épreuve en considérant le camp avec le regard de l'ethnologue. Elle en tirera plus tard un témoignage remarquable : Ravensbrück (1988). Elle écrit aussi sur place, en secret, une opérette : Le Verfügbar aux Enfers.
À la Libération, elle participe à des enquêtes sur les crimes nazis puis reprend ses études ethnologiques dans les Aurès.
Quand éclate la guerre d'Algérie, elle s'engage de toutes ses forces en faveur de la paix et déplore la « clochardisation » de la population musulmane. Le gouverneur général Jacques Soustelle l'appelle en 1955 à ses côtés pour mettre sur pied des centres sociaux.
Germaine Tillion dénonce la torture pratiquée par les paras aussi bien que les attentats aveugles du FLN. Yacef Saadi, chef militaire du FLN à Alger, la rencontre en secret et lui promet de mettre fin aux attentats sous réserve que soient suspendues les exécutions capitales. La trêve dure quelques semaines jusqu'à ce que soient guillotinées cinq personnes à Alger...
L'éminente Simone de Beauvoir qualifie de « saloperie » la médiation de Germaine Tillion. Comme Sartre, elle s'est engagée sans réserve aux côtés du FLN et ne voit pas pourquoi ils devraient se priver de commettre des attentats.
Catholique et gaulliste, Germaine Tillion témoigne par ailleurs d'une amitié compréhensive pour ses relations communistes, à commencer par son maître Marcel Mauss. De tous ses ouvrages, celui qui lui vaudra la célébrité est un essai passionnant, parfaitement accessible à un public de non-spécialistes : Le harem et les cousins (Seuil, 1966). (...)
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jdesm (27-05-2015 10:02:08)
Merci à vous pour cette analyse des sociétés étudiées par Germaine Tillon et cette protection de la transmission des biens familiaux...
Mireille (23-05-2008 01:14:43)
Bonjour, Ce soir, après la lecture de votre article sur Germaine TILLON,je dis merci! Son départ, "caché" derrière celui du grand poète martiniquais, a été pour le moins estompé si ce n'est les trois... Lire la suite