Cet ouvrage collectif dirigé par Jean-Noël Jeanneney et Jeanne Guérout présente cinquante événements racontés par des historiens étrangers, du siège d'Alésia à l'élection de François Mitterrand...
Publiée dans une relative discrétion, cette Histoire de France vue d'ailleurs n'en vaut pas moins le détour. Elle s'adresse aux enseignants et passionnés curieux de revisiter leur Histoire.
Les directeurs de collection ont demandé à des spécialistes étrangers de raconter à leur manière les grands événements les plus caractéristiques du « roman national ». Les contributions, au nombre de cinquante, sont de longueur et d'intérêt très variables, souvent aussi surprenantes.
L'Américain Martin Winkler raconte ainsi comment la bataille d'Alésia et Vercingétorix sont devenus un mythe cinématographique aux États-Unis comme en France. Il fait aussi le rapprochement entre Vercingétorix, Spartacus et le général Custer, trois perdants magnifiques.
L'Espagnol Flocel Sabaté rappelle que la victoire de Charles Martel à Poitiers fut relativement insignifiante contrairement à ce qu'a longtemps laissé croire l'historiographie traditionnelle. Mais il souligne aussi son impact « médiatique ». Ainsi la Chronique mozarabe, quelques années plus tard, évoque cette bataille en désignant pour la première fois le camp chrétien comme européen. Oui, jusqu'alors, les Européens n'existaient pour ainsi dire pas !
Mohammed Kenbib, professeur à Rabat, nous révèle l'impact de la prise d'Alger sur les opinions publiques tant européennes que musulmanes. Un fait relativement ignoré en France. Inédite aussi l'approche de Dien Bien Phu par la Japonaise Yuko Torikata : elle nous montre l'impact de la bataille dans son pays. Avec une certaine prémonition, les Japonais y ont vu davantage une défaite des États-Unis que de la France !...
L'exposé de l'Américain Robert Paxton sur l'Occupation est plus attendu car l'auteur a déjà beaucoup écrit sur le sujet. Mais il faudrait au total citer les cinquante contributions pour apprécier la diversité des approches. De quoi nourrir les réflexions des futurs historiens. Regrettons toutefois les traductions qui, souvent, laissent à désirer.
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