L'Histoire en troisième

La France

C'est une France nouvelle qui est sortie de la défaite de 1940, de l'occupation allemande et de la Libération. Les anciennes élites ont été balayées et les Français, entraînés par des responsables et des entrepreneurs sans préjugés, ont fait entrer leur pays dans la modernité.

 

À la Libération, en 1944-1945, le général de Gaulle devient sans contestation le chef du gouvernement provisoire de la République française. Beaucoup de responsables politiques ou syndicaux compromis dans la collaboration avec l'occupant allemand sont évincés du pouvoir.

Arrivent au pouvoir de jeunes hommes qui se sont illustrés dans la Résistance, aux côtés du général de Gaulle, ou ont su à temps se détacher du gouvernement collaborationniste de Vichy. Ces hommes n'ont pas plus de sympathie pour les anciens gouvernements de la IIIe République que pour celui du maréchal Pétain. Ils n'ont pas de scrupule à réformer les institutions et bousculer les habitudes.

Dès 1945, les femmes sont appelées à voter (il n'était que temps; cela faisait souvent plusieurs décennies que les femmes des autres démocraties avaient acquis le droit de vote).

Le gouvernement du général de Gaulle, où cohabitent des communistes (PCF), des socialistes (SFIO) et des démocrates-chrétiens (MRP), nationalise de nombreuses banques, ainsi que l'énergie (création d'EDF-GDF), les mines de charbon, les transports aériens (création d'Air France) et certaines industries classiques coupables de collaboration avec l'occupant (Renault en particulier).

Il généralise aussi la Sécurité sociale, pour le remboursement des soins de santé et le paiement d'une retraite aux assurés...

La pénurie est générale dans le pays et les tickets de rationnement demeurent en vigueur plusieurs années après la Libération.

Le pays a éprouvé de nombreuses destructions d'usines et d'infrastructures, beaucoup moins toutefois qu'à l'issue de la Première Guerre mondiale.

Le retour de l'ordre public et la foi en l'avenir entraînent l'émergence d'une nouvelle classe de jeunes entrepreneurs. Beaucoup de très grandes entreprises actuelles remontent à cette époque.

I] La IVe République

Très vite, le général de Gaulle se sent mal à l'aise à la tête du gouvernement. Il souhaite davantage de pouvoir et pour faire pression sur les députés de l'assemblée constituante, donne sa démission en janvier 1946. Il n'est pas rappelé. C'est le début véritable de la IVe République.

Le peuple français rejette un premier projet de Constitution qu'il juge trop marqué par l'empreinte communiste. La Constitution définitive est adoptée par référendum en juin 1946. Elle institue un régime parlementaire où l'Assemblée nationale joue le premier rôle: elle choisit et révoque le président du Conseil, qui lui-même nomme ses ministres. Le président de la République, élu par le Parlement, n'a guère de pouvoir.

Malgré une très grande instabilité ministérielle, la IVe République accomplit en un peu plus de dix ans un travail considérable dans la modernisation du pays.

L'industrie rattrappe très vite son niveau d'avant-guerre. De grands travaux sont entrepris (barrages hydroélectriques, pont de Tancarville...). La France se lance dans la construction d'avions (la Caravelle fait fureur) et de locomotives rapides, sans parler du paquebot France. Elle se lance aussi dans les recherches sur l'énergie atomique à des fins militaires et civiles. L'agriculture se libère de ses archaïsmes et vise l'exportation.

En matière de relations internationales, la IVe République éprouve du mal à se défaire du bourbier indochinois où l'a plongée le général de Gaulle en décidant en 1945 de reprendre pied dans ces anciennes colonies. La France se dégage de la région en mai 1954 à la suite de la défaite de Dien Bien-Phu et des accords de Genève. Elle repasse le fardeau aux États-Unis.

La IVe République a plus de chance avec les protectorats de Tunisie et du Maroc qu'elle amène pacifiquement à l'indépendance.

En 1950, sous l'égide de Jean Monnet, les démocrates-chrétiens européens jettent les bases de la future Union européenne en créant la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier). Après ce premier pas, six pays (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) signent à Rome le 25 mars 1957 le traité qui fonde la Communauté Économique Européenne, ancêtre de l'Union européenne actuelle.

Malheureusement, le régime va sombrer avec le drame algérien.

Irrités par le refus des colons d'origine européenne de partager équitablement le pouvoir avec la majorité musulmane, des indépendantistes ont lancé à partir du 1er novembre 1954 des attentats contre les musulmans fidèles à la France.

Multipliant les provocations, ils ont entraîné le gouvernement dans le piège d'une répression aveugle qui a ligué contre lui de plus en plus de musulmans.

En 1957-1958, le gouvernement français arrive à porter des coups violents à la rébellion au prix de méthodes indignes de la part d'une démocratie (torture...).

Il se dispose à négocier un aménagement du statut sous la pression de l'opinion métropolitaine, hostile aux colons. Mais ces derniers reportent leurs espoirs sur le général de Gaulle. Ils font appel à lui pour les sauver. De Gaulle revient sur le devant de la scène en mai 1958, à 68 ans.

II] Les débuts de la Ve République

Portrait officiel du premier président de la Ve République françaiseLe général met fin au régime parlementaire et annonce un nouveau projet de Constitution à caractère plus présidentiel.

Il est adopté en décembre 1956 et fait du général le premier Président de la Ve République, avec le droit de dissoudre l'Assemblée nationale et le droit de nommer son Premier ministre.

L'autorité morale du Président est renforcée par le référendum de 1962 par lequel les Français approuvent son élection au suffrage universel (le seul président auparavant élu de la sorte fut le prince Louis-Napoléon Bonaparte, en 1851, qui devint Napoléon III).

Trahissant les espoirs de ceux qui l'avaient porté au pouvoir, le général de Gaulle donne l'indépendance à l'Algérie le 3 juillet 1962 après quatre années de guerre supplémentaires.

Auparavant, il donne l'indépendance aux colonies d'Afrique noire (Sénégal, Côte d'Ivoire...) et à Madagascar en maintenant des liens de subordination avec les chefs de ces nouveaux États.

Libérée du fardeau de ses colonies et stimulée par l'arrivée en 1962 d'un millions de colons d'Algérie, la France connaît une expansion économique sans précédent jusqu'à la crise de 1973. Elle prend dans ces années-là un véritable coup de jeune comme les autres pays d'Europe occidentale.

La musique rock (Elvis Presley, Beetles, Johnny Hallyday...) et l'american way of life (Coca Cola, Hollywood...) s'imposent à toutes les générations. Mais la jeunesse bourgeoise des lycées et des universités est aussi gagnée par la contestation qui sévit sur les campus des universités américaines.

1968 est une année charnière dans l'évolution des moeurs: les bombardements américains au Vietnam relancent les manifestations étudiantes contre cette guerre, aux Jeux Olympiques de Mexico, des champions afro-américains lèvent le poing en signe de protestation contre la discrimination raciale aux États-Unis, à Paris et dans les grandes villes françaises, étudiants et ouvriers manifestent et font grève jusqu'à faire chanceler le général de Gaulle, en Tchécoslovaquie, la contestation tourne à la tragédie avec l'écrasement par les chars soviétiques du «printemps de Prague».

L'année suivante, le général de Gaulle démissionne avec hauteur. Il est remplacé à l'Élysée, le palais présidentiel, par son ancien Premier ministre, Georges Pompidou.

Celui-ci veut faire de la France une puissance industrielle comparable à l'Allemagne fédérale. Il multiplie les grands travaux d'infrastructure (voie autoroutière sur les berges de la Seine, tour Montparnasse...), lance les recherches sur le futur TGV (train à grande vitesse), relance le programme de centrales nucléaires... Il est aussi à l'origine du Centre culturel qui porte son nom: le Centre Pompidou, à Paris.

Georges Pompidou meurt de maladie le 2 avril 1974. Son ministre des Finances Valéry Giscard d'Estaing (48 ans) lui succède. Jeune et ouvert, il veut «décrisper» la société et engage avec audace des réformes majeures: droit de vote à 18 ans, légalisation de l'avortement et du divorce par consentement mutuel, collège unique...

Le président relance par ailleurs le projet d'unification européenne en introduisant l'élection au suffrage universel du Parlement européen de Strasbourg et en instaurant le Système Monétaire Européen, prélude à la monnaie unique mise en place vingt ans plus tard.

Mais manque de chance, son mandat débute en pleine crise économique et énergétique, du fait de la guerre du Kippour qui a éclaté au Proche-Orient en octobre 1973 et de l'embargo sur le pétrole qui s'en est suivi.

Le Président et son Premier ministre Jacques Chirac ne trouvent pas la bonne réponse à la crise. Ils font réouvrir des mines de charbon ou encore suspendent l'immigration de travailleurs étrangers.

Jacques Chirac claque la porte du gouvernement en 1976. Il est remplacé par l'économiste Raymond Barre qui entame une politique de rigueur économique. Celle-ci commence à porter ses fruits quand elle est stoppée net par l'échec de Valéry Giscard d'Estaing aux élections présidentielles de 1981.

III] La France au tournant du siècle

Les élections de 1981 portent à la Présidence de la République François Mitterrand, chef de la gauche unie. Il inaugure son mandat par l'abolition de la peine de mort, une mesure en vigueur depuis longtemps déjà dans les autres pays européens.

Le Premier ministre Pierre Mauroy engage des réformes audacieuses : nationalisation des grandes entreprises, hausse des salaires et des prestations sociales...

Au bout de deux ans, le pays est à bout de souffle et le Président fait appel à un nouveau Premier ministre, Laurent Fabius (34 ans) qui libéralise à marches forcées l'économie.

La Bourse est au mieux de sa forme. Des fortunes nouvelles se bâtissent, souvent dans des conditions douteuses. Le Président lui-même privatise une chaîne de télévision, la cinquième, et la confie à un entrepreneur italien ami, Silvio Berlusconi.

La gauche présidentielle atteint des abîmes d'impopularité et perd la majorité aux élections législatives de 1986. Pour la première fois depuis les débuts de la Ve République, la majorité des députés et le Président sont de deux bords opposés. François Mitterrand nomme donc à la tête du gouvernement le chef de la majorité parlementaire, Jacques Chirac.

Celui-ci gaspille très vite son crédit électoral et deux ans plus tard, il est battu par François Mitterrand aux élections présidentielles. Le deuxième mandat de François Mitterrand est obscurci par la corruption qui gangrène le pouvoir et par les fourvoiements de la diplomatie française dans les guerres de Yougoslavie.

En 1991, le traité de Maastricht jette les bases d'une monnaie unique au sein de l'Union européenne. En 1993, un nouvel échec de la gauche aux élections législatives amène à nouveau la «cohabitation» entre un Président et un Premier ministre, Édouard Balladur, de deux bords opposés.

Le soulagement est général quand s'achève en 1995 le deuxième mandat de François Mitterrand, alors âgé de 79 ans.

Son successeur, Jacques Chirac doit au bout de deux ans «cohabiter» avec un Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, le chef de la nouvelle majorité parlementaire.

Pour aller plus loin

- Suivez l'enchaînement dramatique qui a conduit à la rupture violent entre la France et l'Algérie [dossier]

- Découvrez une tragédie méconnue, la répression de l'insurrection malgache de 1947 [récit]

- Survolez l'itinéraire d'un grand homme du XXe siècle, Charles de Gaulle [récit]

- Offrez-vous un brin d'exaltation révolutionnaire avec les étudiants de Mai 68 [récit]

Des outils pour comprendre
- Mesurer le temps :


La France de 1944 à nos jours

Voici quelques grandes étapes de la modernisation de la France après la Seconde Guerre mondiale:

- 1945: ordonnances instituant la Sécurité Sociale,

- 1945-1946: nationalisation des grandes banques et assurances, de l'électricité, des mines de charbon...

- 1946: prestations familiales et assurance-vieillesse,

- 1951: création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier,

- 1964: création de 21 régions de programme,

- 1967: accord européen sur le programme Airbus; naufrage du Torrey Canyon, première marée noire,

- 1974: lancement du programme nucléaire; inauguration de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle,

- 1979: premier lancement de la fusée européenne Ariane,

- 1981: inauguration du TGV Paris-Lyon,

- 1993: ouverture du tunnel sous la Manche.

Vérifier les connaissances

- Que s'est-il passé le 8 mai 1945? [réponse]

- Quel est le président de la République qui a aboli la censure, abaissé la majorité à 18 ans, légalisé l'avortement, remboursé la pilule, autorisé le divorce par consentement mutuel, généralisé la mixité dans les écoles...? [réponse]

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2020-05-02 22:02:03

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net