De Gaulle chef du gouvernement provisoire
Le 3 juin 1944, à quelques jours du débarquement allié en Normandie, le général de Gaulle constitue officiellement à Alger le gouvernement provisoire de la République française et en devient naturellement le chef. C'est l'ultime étape avant l'éviction du « régime de Vichy ».
Un an plus tôt, Charles de Gaulle avait quitté son exil londonien et s'était installé à Alger, qui venait d'être débarrassée des autorités vichystes par les troupes anglo-saxonnes. Il avait constitué le 3 juin 1943 un Comité français de libération nationale co-présidé par lui-même et le général Henri Giraud.
Dans les mois suivants, avec l'appui de résistants comme Jean Moulin et Georges Bidault, le chef de la France Libre avait surmonté son conflit de préséance avec le général Giraud, en qui les Américains voyaient un interlocuteur plus malléable, et était enfin devenu le chef incontesté de la Résistance. C'est ainsi qu'il avait pu transformer le Comité en gouvernement provisoire.
Les Japonais s'emparent de l'Indochine
Le 9 mars 1945, les Japonais attaquent les garnisons françaises d'Indochine. Ils capturent l'amiral Jean Decoux, gouverneur de la colonie, et portent un coup fatal à la présence coloniale de la France dans le Sud-Est asiatique...
Les Français pénètrent en Allemagne
Le lundi 19 mars 1945, à 16h 30, la première armée française commandée par le général Jean de Lattre de Tassigny pénètre en Allemagne à Scheibenhardt (Bas-Rhin) en franchissant la Lauter.
Les Françaises votent pour la première fois
Le 29 avril 1945, les élections municipales donnent l'occasion aux Françaises de voter pour la première fois de leur Histoire. Un demi-siècle après, les Françaises souffrent encore et toujours d'une faible représentation dans les assemblées politiques malgré l'inscription de la parité homme-femme dans la Constitution ! À cela une cause principale : le cumul des mandats, spécifité nationale...
Répression sanglante à Sétif
Le 8 mai 1945, le jour même de la victoire alliée sur le nazisme, de violentes émeutes éclatent à Sétif et Guelma, en Algérie.
Les manifestants sont des Algériens de confession musulmane dont beaucoup se sont battus dans les troupes françaises qui ont libéré l'Italie du fascisme. Ils souhaitent avec le retour de la paix gagner un peu d'autonomie. Parmi eux un lycéen de 16 ans : Kateb Yacine, futur poète algérien...
La répression, d'une grande brutalité, fait 8.000 à 20.000 morts parmi les musulmans. C'est un lointain prélude à la guerre d'indépendance.
Les Vietnamiens se soulèvent contre les Japonais
Le 10 août 1945, Hô Chi Minh, chef tout-puissant du parti communiste vietnamien, le Vietminh, évince le falot Bao-Daï (on écrit aussi Bao Dai), empereur d'Annam, et soulève la population contre l'occupant japonais. Trois semaines plus tard, le 2 septembre 1945, le Japon ayant officiellement capitulé, il proclame unilatéralement l'indépendance de la République démocratique du Viêt-nam (on écrit aussi Vietnam). Son initiative est ignorée par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, à Paris, comme par les conférenciers réunis à Potsdam, lesquels décident de partager l'Indochine suivant le 16e parallèle entre les Chinois de Tchang Kai-chek (au nord) et les Britanniques (au sud). L'imbroglio va déboucher sur la première guerre d'Indochine...La « Grande Muette » vote !
Le 17 août 1945, les militaires français obtiennent le droit de vote... quelques mois après les femmes ! La « Grande Muette » n'est plus tout à fait muette.
Laval fusillé à Fresnes
Le 15 octobre 1945, Pierre Laval, ancien dirigeant de la gauche pacifiste, est fusillé dans la prison de Fresnes pour crime de collaboration avec l'occupant allemand. Ayant tenté de s'empoisonner dans sa cellule, il est traîné moribond jusqu'au peloton d'exécution.De Gaulle s'en va ! La IVe République s'installe
Le 20 janvier 1946, Charles de Gaulle démissionne de la présidence du gouvernement provisoire. À l'encontre des partis politiques, il réclame un exécutif fort. Contrairement à ses espérances, ses voeux ne seront pas comblés et personne ne viendra le rappeler au pouvoir pour conduire la IVe République...
Début de la guerre froide
Pendant un demi-siècle, le monde a vécu sous la menace d'une guerre majeure entre les États-Unis et l'URSS. Cette « guerre froide » a été inaugurée le 5 mars 1946 par un discours de Winston Churchill à Fulton, dans le Missouri....
Accord Hô Chi Minh-Sainteny
Le 6 mars 1946, peu après avoir proclamé l'indépendance du Viêt-nam, Hô Chi Minh signe un accord avec Jean Sainteny, Compagnon de la Libération et commissaire de la République pour le Tonkin et l'Annam du Nord. Par cet accord, la France reconnaît l'indépendance de la République Démocratique du Viêt-nam dans le cadre de l'Union française. Cet accord sera vite rendu caduc sous l'effet de provocations des deux bords...
procès du docteur Petiot
Le 18 mars 1946 débute à Paris le procès du docteur Petiot (49 ans), l'un des plus sinistres criminels en série qui soient. Il a assassiné dans sa cave plusieurs dizaines de personnes qui avaient acheté ses services pour fuir la France occupée…
La République française prend des couleurs
Le 19 mars 1946, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, et la Réunion deviennent des départements d'outre-mer sur un vote à l'unanimité de l'Assemblée nationale française.
Les quatre vieilles colonies ont obtenu cette promotion grâce à l'effort conjoint de leurs députés, Léon Lepervanche et Raymond Vergès (La Réunion), Gaston Monnerville (Guyane), Eberré (Guadeloupe), Bissel et Césaire (Martinique), Aimé Césaire étant le rapporteur de la loi.
Marthe Richard ferme les « maisons closes »
Le 13 avril 1946, la Chambre des députés vote la loi Marthe Richard, du nom de son inspiratrice. Elle impose dans toute la France la fermeture des « maisons closes » (bordels ou maisons de passe). La face cachée de la bourgeoisie balzacienne disparaît pour toujours.
Prostituée à 16 ans puis mariée à un riche industriel, Marthe Richard (1889-1980) mène une vie fantasque. Elle est l'une des premières Françaises à acquérir un brevet de pilote. Elle prétend par ailleurs avoir fait de l'espionnage au service de la France pendant la Grande Guerre. Conseillère municipale de Paris à la Libération en 1945, elle accède à la respectabilité et impose sa loi aux députés et à l'opinion publique...
De Gaulle et le discours de Bayeux
Le 16 juin 1946, à Bayeux, en Normandie, le général Charles de Gaulle formule dans un discours retentissant une critique en règle des institutions de la IVe République...Première édition du festival de Cannes
Irrité par la mainmise hitlérienne et mussolinienne sur la Mostra de Venise, née en 1932, le gouvernement français du Front Populaire décide de créer un festival du cinéma concurrent. Le lieu choisi est Cannes, sur la Côte d'Azur...
Une jonque à Haïphong provoque la guerre d'Indochine
Le 19 novembre 1946, pendant que Vietnamiens et Français se concertent à Fontainebleau sur l'avenir de l'Indochine française, une fusillade se produit dans le port de Haïphong entre une jonque chinoise et la douane française. À bord de la jonque, des nationalistes vietnamiens transportent de l'essence de contrebande. La fusillade dégénère et fait 24 morts. Parmi eux le commandant Carmoin qui s'avançait avec un drapeau blanc vers les Vietnamiens de la jonque.
L'incident de la jonque chinoise est aussitôt exploité par l'amiral d'Argenlieu qui décide de rompre l'unité des trois Ky du Viêt-nam en créant une Cochinchine indépendante affidée à la France. Pour imposer cette solution au parti communiste vietnamien, le Vietminh, les militaires décident de recourir à la bonne vieille « diplomatie de la canonnière » héritée du siècle précédent. Hô Chi Minh, chef du Vietminh, réagit en lançant une insurrection générale contre le colonisateur français à Hanoi et dans tout le Tonkin. C'est l'échec de la reprise en main négociée par Jean Sainteny et l'amiral Thierry d'Argenlieu et le début de la guerre d'Indochine...
Vincent Auriol président de la République
Vincent Auriol (63 ans) devient le 16 janvier 1947 le premier président de la IVe République. Il a été élu peu avant par les deux Chambres réunies en Congrès à Versailles.
Révolte à Madagascar
Le 29 mars 1947, une insurrection éclate à Madagascar. Elle se répand comme une traînée de poudre dans la colonie française.
Le gouvernement envoie à Madagascar des renforts, essentiellement des troupes coloniales (tirailleurs sénégalais) : au total 18.000 hommes début 1948. La répression donne lieu à de nombreux débordements et crimes de guerre : tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, mises à feu de villages...
Marcel Cerdan champion de boxe
Le 21 septembre 1948, le boxeur Marcel Cerdan est sacré champion du monde des poids moyens après sa victoire sur l'Américain Tony Zale...Schoelcher et Éboué au Panthéon
Le 20 mai 1949, sur une initiative du sénateur Gaston Monnerville, métis originaire de Guyane, la République française transfère au Panthéon les cendres de Victor Schoelcher, en reconnaissance de son action en faveur des esclaves, ainsi que du Guyanais de race noire Félix Éboué, gouverneur du Tchad rallié à la France libre de De Gaulle.
Les Français en finissent avec le rationnement
Le 1er décembre 1949 disparaissent les derniers tickets de rationnement, sur le sucre, l'essence et le café ; le gouvernement de la IVe République supprime par ailleurs le haut-commissariat au ravitaillement. Le rationnement, apparu pendant la guerre et l'occupation allemande, avait du être maintenu et même accentué après la chute du nazisme. La « carte de pain », supprimée en mai 1945, avait été rétablie en décembre 1945 pour n'être finalement supprimée que le 1er février 1949.
Les conditions de vie des Français ne commencent à s'améliorer vraiment qu'après la signature du plan Marshall par la France, le 3 avril 1948, et l'octroi de 2,7 milliards de dollars par les États-Unis. La liste des produits de consommation rationnés se réduit très vite... Les Français entrent bientôt dans la « société de consommation ».
Les Français découvrent le salaire minimum
Le 11 février 1950, le gouvernement de Georges Bidault (IVe République) instaure le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti). L'objectif est d'imposer une limite en-dessous de laquelle aucun salarié à plein temps ne peut être rémunéré.
Indexé simplement sur les prix, le Smig s'est vu distancié par les salaires moyens. Il a donc été remplacé le 1er janvier 1970 par le Smic (salaire minimum interprofessionnel de croissance), fondé sur l'inflation et l'évolution du pouvoir d'achat.
Depuis sa création, le nombre de salariés payés au Smic n'a cessé d'augmenter jusqu'à concerner en 2010 un salarié sur dix, soit environ 2,6 millions de personnes. En 2010, la valeur horaire du Smic est de 8,86 euros, soit 1343,77 euros brut pour un temps plein. Depuis lors, le salaire minimum n'a reçu aucun coup de pouce de l'État et n'est plus revalorisé année après année que du minimum légal.
La Communauté européenne du charbon et de l'acier
Le 9 mai 1950, le ministre français Robert Schuman présente le plan qui portera son nom et annonce la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA)...
Le miracle Pinay
Le 8 mars 1952, comme l'inflation menace la croissance économique, le président Vincent Auriol appelle à la tête du gouvernement français un inconnu, Antoine Pinay, maire de Saint-Chamond (Loire).
En quelques mois, celui-ci rétablit la confiance des financiers et des consommateurs. Il fait notamment chuter les prix avec la complicité des grands magasins et lance un emprunt indexé sur l'or et défiscalisé, la rente 3,5%. Les souscriptions atteignent 428 milliards de francs !
Bien qu'ayant ainsi rétabli l'équilibre des finances publiques, le président du Conseil est mis en minorité par la défection des députés MRP sur un projet de réforme de la sécurité sociale et de l'impôt foncier. Antoine Pinay, qui n'a pas le goût des batailles politiques, jette l'éponge le 23 décembre 1952. Son passage, malgré sa brièveté, marquera de son empreinte la IVe République.
Naissance du Livre de Poche
Le 9 février 1953, Henri Filipacchi, des éditions Hachette, publie à Paris les premiers titres d'une collection appelée à un grand avenir : Le Livre de Poche. Le n°1 est un roman de Pierre Benoît, Koenigsmark. Avec un prix trois ou quatre fois moindre que les livres conventionnels, les nouveaux livres au format de poche séduisent un public jeune et peu fortuné.
Déjà , en 1905, les éditions Jules Tallandier avaient commercialisé des livres sous l'appellation « livre de poche » mais il ne s'agissait encore que de littérature de gare (petits romans populaires). La véritable naissance du format de poche remonte à la création par Allen Lane, en 1935, en Angleterre, des éditions Penguin. Dans le domaine francophone, on peut citer la collection Marabout, créée à Verviers (Belgique) en 1948.
Staline et Prokofiev s'éteignent à Moscou
Staline s'éteint à Moscou, le 5 mars 1953, à l'âge de 73 ans, selon l'annonce qu'en fait le Kremlin le lendemain matin au monde stupéfait...
Le même jour que le dictateur soviétique et dans la même ville, à quelques heures d'intervalle, c'est dans une totale discrétion que disparaît le compositeur Serge Prokofiev, à la veille de ses 62 ans. Ancien « enfant terrible » de la musique russe, il a émigré aux États-Unis puis s'est épanoui à Paris, avant de revenir finir sa vie en URSS.
Le sultan du Maroc est déposé
Le 20 août 1953, le sultan du Maroc Sidi Mohammed est chassé du pouvoir par le Glaoui (le pacha de Marrakech), avec la complicité des Français. Il reviendra avec le titre de roi, sous le nom de Mohammed V...
René Coty président de la République
René Coty (65 ans) succède le 16 janvier 1954 à Vincent Auriol à la présidence de la IVe République...
Appel de l'abbé Pierre
Le 1er février 1954, lors d'un hiver désastreux qui a occasionné de grandes souffrances parmi les sans-abri de France, l'abbé Pierre lance un appel pathétique sur les ondes et dans les journaux : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée, cette nuit, à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée... » Les Français se mobilisent...
Siège de Diên Biên Phu
Le 3 février 1954 commence le siège du camp retranché de Diên Biên Phu...
Création de la TVA
Le 10 avril 1954, l'Assemblée nationale vote la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Cet impôt sur la consommation va très vite s'imposer en France et aussi dans le reste du monde, à l'exception notable des États-Unis.
La TVA vient en remplacement des anciens impôts indirects sur la consommation avec une différence proprement révolutionnaire qui fait le génie de son concepteur :
- l'entrepreneur ne se contente plus de déclarer et payer une taxe sur son chiffre d'affaire (ses ventes),
- il déclare aussi le montant de ses achats et se fait rembourser par le service des impôts les taxes qui pèsent sur ceux-ci.
Ses taxes ne pèsent en définitive que sur la différence entre ses ventes et ses achats (la «valeur ajoutée»)...
Conférence de Genève
Le 26 avril 1954 s'ouvre la conférence de Genève avec les délégués de 19 nations, Georges Bidault (France), Anthony Eden (GB), John Foster Dulles (USA), Molotov (URSS), Zhou Enlai (Chine)... Elle s'est donné pour objectif de régler les deux grands conflits de l'après-guerre, la guerre de Corée, inaugurée par l'attaque communiste du 25 juin 1950, et surtout la guerre d'Indochine (ou plus précisément du Vietnam), qui remonte à l'automne 1946 et voit s'affronter l'armée française et les communistes du Vietminh, le parti d'Hô Chi Minh.
C'est la première fois que la République populaire de Chine, proclamée cinq ans plus tôt, participe à une conférence internationale, qui plus est avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. À noter toutefois que les États-Unis se présentent en simples observateurs. Ils se tiennent prêts à intervenir militairement en Indochine pour contrer l'avancée du communisme, si une solution satisfaisante ne venait pas à se dégager.
Clôturée le 21 juillet 1954, la conférence n'aboutira pas en ce qui concerne la Corée mais il en ira différemment en ce qui concerne l'Indochine : les protectorats français du Laos et du Cambodge obtiendront immédiatement leur indépendance cependant que le Vietnam sera « temporairement » partagé en deux États, l'un communiste, au nord du 17e parallèle, l'autre pro-américain au sud. La division ne sera soldée que vingt ans plus tard, au terme de la guerre du Vietnam...
Capitulation de Diên Biên Phu
Le 7 mai 1954, dans le haut Tonkin, le camp retranché de Diên Biên Phu tombe aux mains du Vietminh après 57 jours de résistance acharnée.
Un siècle de présence française en Indochine se termine dans cette cuvette où le général Henri Navarre a concentré 15.000 hommes, avec l'objectif de desserrer l'étau des communistes vietnamiens sur le riche delta du Tonkin.
Le 26 avril précédent s'étaient ouverte la conférence de Genève sur le sort de l’Indochine (et de la Corée).
Accords de Genève sur l'Indochine
Le 21 juillet 1954 se termine la conférence de Genève et avec elle la guerre d'Indochine...
Brassens à l'Olympia
Le 23 septembre 1954, Georges Brassens (33 ans) triomphe à l'Olympia.
« Toussaint rouge » en Algérie
Le 1er novembre 1954 marque le début de l'insurrection algérienne. Les indépendantistes du FLN (Front de Libération Nationale) d'Ahmed Ben Bella commettent de nombreux attentats causant une dizaine de victimes musulmanes aussi bien qu'européennes. Parmi celles-ci, un jeune instituteur européen, Guy Monnerot.
Surnommés « fellagha » (en arabe coupeurs de route ou bandits de grand chemin), les indépendantistes souffrent d'être encore très minoritaires et sans soutien consistant dans la population musulmane...
Émeutes à Philippeville
Le 20 août 1955, sous le prétexte du deuxième anniversaire de la déposition du roi du Maroc, les indépendantistes algériens du FLN organisent des émeutes violentes à Philippeville...
Poujade sème la panique
Le 12 janvier 1956, aux cris de « Sortez les sortants », 52 députés font leur entrée à l'Assemblée nationale, à Paris... Deux ans plus tard, la Ve République « sortira » tout le monde ! Artisans ou commerçants originaires des petites villes et du monde rural, les nouveaux députés se réfèrent à un chef de file charismatique, Pierre Poujade. Il les a lancés à l'assaut de l'Assemblée en négligeant, lui-même, de se faire élire député…
Indépendance du Maroc
Le 2 mars 1956, la France reconnaît la fin du protectorat instauré sur le sultanat du Maroc en 1912. C'est la conclusion de la conférence ouverte à Aix-les-Bains le 22 août 1955 à l'initiative du président du Conseil Edgar Faure et de son ministre des Affaires étrangères Antoine Pinay.
Le pays devient indépendant et le souverain convertit son titre de sultan en celui de roi sous le nom de Mohammed V. Le 7 mars 1956, annonce à son peuple le retour à l'indépendance. L'Espagne à son tour reconnaît l'indépendance du pays le 7 avril 1956 avant de lui restituer un peu plus tard l'enclave d'Ifni et le littoral méditerranéen (à l'exception de Ceuta et Melilla). Enfin, le statut international de Tanger est aboli le 21 octobre de la même année et le grand port du nord retourne dans le giron du royaume.
Le procès de « l'affaire des fuites »
Le 7 mars 1956, François Mitterrand, alors ministre de l'intérieur de Pierre Mendès France, est blanchi des accusations calomnieuses de haute trahison portées contre lui. Il est injustement accusé d'avoir fourni, en 1953, des informations concernant l'effort de guerre français en Indochine au Parti Communiste et donc indirectement à l'URSS, allié des rebelles communistes indochinois. L'accusation, en temps de guerre, est gravissime et apte à briser la carrière de ce jeune ministre prometteur.
L'affaire se révèle être en fait une machination montée par les mouvements poujadistes, hostiles à Mitterrand depuis que celui-ci a démissionné du gouvernement Daniel pour condamner la politique de répression menée par la France au Maroc et en Tunisie. Elle est à l'origine de la mésentente entre François Mitterrand et Pierre Mendès France, ces deux brillants hommes de gauche de la France de l'après-guerre. Le futur président de la république ne pardonnera en effet jamais, par la suite, à Mendès France de ne pas l'avoir prévenu des suspicions pesant sur lui.
La Tunisie retrouve son indépendance
Le 20 mars 1956, la France met fin à son protectorat sur la Tunisie.
C'est l'aboutissement des revendications menées par le Destour, un parti fondé en 1920, et plus encore le Néo-Destour, un parti indépendantiste plus radical que le précédent, fondé en 1934 par Habib Bourguiba. Celui-ci est arrêté par le résident général Jean de Hauteclocque en janvier 1953.
Là -dessus, coup de théâtre. Le 31 juillet 1954, le président du Conseil Pierre Mendès France se rend à Tunis et, par son « discours de Carthage », reconnaît l'autonomie interne de la Tunisie, premier pas vers l'indépendance. Dans le mois qui suit celle-ci, le Néo-Destour s'assure une majorité écrasante aux élections. Son chef Bourguiba, devenu le chef du gouvernement, abolit le beylicat et proclame la République le 25 juillet 1957.
À Monaco, Grace dit oui à Rainier
Le 19 avril 1956, 30 millions de téléspectateurs assistent au mariage du Prince Rainier III de Monaco (32 ans) et de l'actrice américaine Grace Kelly (26 ans). Le prince et l'actrice se sont rencontrés en mai de l'année précédente. Lors du festival de Cannes de cette année-là, Grace Kelly devait effectuer une séance photos pour le journal Paris Match. Afin de valoriser la mise en scène, il est très opportunément décidé de réaliser les prises de vue au château de Monaco. Elle y rencontre alors le prince Rainier : c'est le début d'une histoire d'amour comme l'aime le grand public. Un Âge d'or de la principauté débute avec ce mariage princier..
Réforme administrative de l'Algérie
Le 28 juin 1956, le gouvernement français remplace les trois départements créés en 1848 en Algérie (Alger, Oran, Constantine) et le département de Bône créé en 1955 par douze subdivisions, transformées l'année suivante en autant de départements. Les départements deviendront des wilayas dans l'Algérie indépendante.La France produit ses premiers kW nucléaires à Marcoule
Le 28 septembre 1956, la France devient le premier pays d'Europe occidentale à produire de l'énergie atomique. G1, la pile atomique construite à Marcoule dans le Gard, avait entamé une réaction nucléaire le 7 janvier de la même année puis était montée en puissance jusqu'à être apte à faire tourner un générateur EDF. Commence pour la France une ère nouvelle basée sur l'énergie atomique, dont on espère qu'elle garantira son indépendance énergétique. En 1974, dans l'année qui suit le premier choc pétrolier, elle relance son effort avec le Plan Messmer qui prévoit 58 réacteurs atomiques supplémentaires.
La chasse française arraisonne l'avion des rebelles algériens
Le 22 octobre 1956, cinq chefs algériens du Front de Libération Nationale (FLN) prennent un vol de Rabat au Maroc à destination de Tunis, afin de participer à un sommet sur l'avenir du Maghreb organisé par le président tunisien Bourguiba. Il s'agit d'Ahmed Ben Bella, figure emblématique de la rébellion algérienne, d'Aït Ahmed, Lacheraf, Khider et Boudiaf.
Pour les services secrets français, il s'agit d'une occasion à ne pas laisser passer. Débordant les consignes de leur gouvernement, ils envoient des avions de chasse détourner l'avion sur un aéroport militaire. Très embarrassé par cet acte de piraterie, le gouvernement socialiste de Guy Mollet va devoir conserver les captifs en prison jusqu'aux accords d'Évian qui donneront l'indépendance à l'Algérie.
Cette arrestation entraîne un refroidissement des relations entre la France et les autres pays du Maghreb et déchaîne la colère des peuples arabes. À Meknès, au coeur des plateaux céréaliers du Maroc où sont établis de nombreux colons européens, des manifestants s'en prennent à ces derniers. Les morts se comptent bientôt par dizaines !... Les troupes françaises présentes sur place ont interdiction d'intervenir pour faire cesser la tuerie. Elles restent dans leurs casernes. Notons que le même comportement se renouvellera à Oran à l'issue de la guerre d'Algérie.
Parachutistes français et britanniques sautent sur Suez
Le 5 novembre 1956, débute une opération aéroportée franco-britannique contre l'Égypte. À la suite de la nationalisation du canal par le raïs Nasser le 26 juillet 1956, les gouvernements français et britannique de Guy Mollet et Anthony Eden ont convenu avec le gouvernement israélien de Ben Gourion d'attaquer conjointement l'Égypte.
Les Israéliens se lancent dans la péninsule du Sinaï le 29 octobre et les parachutistes franco-britanniques sautent sur Port-Saïd sous le prétexte de protéger le canal.
Mais à peine les paras touchent-ils terre que le maréchal Nicolas Boulganine, chef de l'État soviétique, menace d'intervenir avec des fusées intercontinentales à tête nucléaire si l'attaque n'est pas stoppée ! Le président Dwight Eisenhower (qui vient d'être réélu le 6 novembre avec un pourcentage record de 57% des électeurs) joint sa voix aux Soviétiques pour exiger un cessez-le-feu.
Le tintamarre provoqué par cette expédition de type colonial aura permis à l'URSS de réprimer au même moment une révolte populaire en Hongrie.
L'expédition de Suez tourne au fiasco
Le 6 novembre 1956, les armes se taisent sur les rives du canal de Suez. L'expédition franco-britannique tourne au fiasco. Elle signe la fin de l'ère coloniale et de la «diplomatie de la canonnière»...
Les JO de Melbourne et la victoire d'Alain Mimoun au marathon
Ce 22 novembre 1956, s'ouvre à Melbourne la XVIe olympiade. Ce sont les premiers Jeux dans l'hémisphère sud.
Les Français conservent le souvenir éblouissant de la victoire d'Alain Mimoun (35 ans) au marathon. Cet ancien caporal-chef d'origine kabyle avait failli être amputé d'une jambe à l'issue de la bataille du Mont Cassin, en 1944. La veille de l'épreuve, il apprend que son épouse vient d'accoucher. Parti avec le maillot 13, il l'emporte en 2h25 sur son rival et ami, le Tchécoslovaque Emil Zatopek, et termine sous les acclamations des 120.000 spectateurs du stade olympique.
Ces JO sont aussi fortement colorés d'enjeux politiques puisque l'Irak, le Liban et l'Égypte ont décidé de les boycotter afin de protester contre l'intervention franco-britannique sur le canal de Suez. De leur côté, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse ne sont pas également présents en Australie afin de condamner l'intervention soviétique en Hongrie. Quant à la Chine, elle refuse également d'y participer en raison de la présence de Taïwan.
Et Dieu créa... Bardot
L'année 1956 se termine « en beauté » par la sortie le 28 novembre d'un film sulfureux mettant en scène Brigitte Bardot et Jean-Louis Trintignant. Ce film, Et Dieu créa la femme, propulse l'actrice au rang de star internationale, icône de la féminité et de la libération des mœurs.
Réalisé par Roger Vadim, le film est un succès mondial. De New York à Tokyo, les spectateurs se pressent pour découvrir le film où rayonne la beauté de la jeune actrice française (22 ans). Par ses scènes osées, le film choque toutefois une partie de l'opinion conservatrice, certaines ligues chrétiennes allant même jusqu'à juger le film satanique. Plus de 50 ans après, le film reste un grand classique du cinéma français même si son côté sulfureux n'a plus le même impact...
Début de la bataille d'Alger
Le 7 janvier 1957, le gouvernement français confie au général Jacques Massu les pleins pouvoirs de police sur le Grand Alger (800 000 habitants dont une moitié de musulmans) pour empêcher que se répètent des attentats aveugles comme ceux du Milk Bar et de la Cafétéria.
Assisté des colonels Marcel Bigeard, Roger Trinquier et Yves Godard, le général commande les 6 000 hommes de la dixième division parachutiste. Il a mission de mettre fin au terrorisme dans l'agglomération et va s'acquitter de sa tâche en ne reculant pas devant l'emploi de la torture, malgré les réticences du colonel Yves Godard et les protestations du général Jacques Pâris de la Bollardière ou encore du secrétaire de la police Paul Teitgen.
La Communauté Économique Européenne
Le 25 mars 1957, six pays signent à Rome un traité à l'origine de l'Union européenne.
La ratification du traité de Rome ne va pas sans difficultés. D'éminentes personnalités s'y opposent, comme le député socialiste Pierre Mendès France qui craint que l'industrie nationale ne supporte pas l'ouverture des frontières et la concurrence allemande. Par contre, plus visionnaire, le général Charles de Gaulle, sollicité par ses proches d'y mettre son veto, refuse...
Albert Camus Prix Nobel de littérature
Né 44 ans plus tôt dans une famille pauvre de Mondovi (Algérie), Albert Camus se voit remettre le Prix Nobel de littérature à Stockholm le 10 décembre 1957, pour l'ensemble de son oeuvre, notamment deux romans : L'étranger et La peste, et un essai philosophique sur l'absurdité de la condition humaine : Le mythe de Sisyphe.
On est alors en pleine guerre d'Algérie. Pressé de questions par les journalistes, l'écrivain déclare : « En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère » (630). Ce cri du coeur sera ramassé par ses adversaires « progressistes » du quartier de Saint-Germain-des-Prés, notamment Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, en une formule brutale : « S'il faut choisir entre la justice et ma mère, je choisis ma mère » (il eut été plus juste de préciser : « cette justice-là »).
Alger se révolte
Le 13 mai 1958, les Algérois d'origine européenne, conduits par le leader étudiant Robert Lagaillarde, le journaliste Alain de Sérigny, le général Jacques Massu et l'agitateur Léon Delbecque, manifestent pour le maintien de la souveraineté de la France sur l'Algérie. Raoul Salan, qui commande les troupes en Algérie, lance un vibrant appel au général de Gaulle.
Pendant ce temps, à Paris, la IVe République est aux abois. Le président René Coty nomme à la présidence du Conseil Pierre Pflimlin en remplacement de Félix Gaillard...
De Gaulle : « Je vous ai compris »
Le 4 juin 1958, du balcon du Gouvernement Général d'Alger, le général de Gaulle lance à la foule : « Je vous ai compris. Je sais ce qui s'est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois que la route que vous avez ouverte en Algérie, c'est celle de la rénovation et de la fraternité. Eh bien ! de tout cela, je prends acte au nom de la France, et je déclare qu'à partir d'aujourd'hui, la France considère que dans toute l'Algérie, il n'y a qu'une seule catégorie d'habitants : il n'y a que des Français à part entière, des Français à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs... »
Ce cri va semer d'amères illusions chez les Français d'Algérie, ceux-là mêmes qui ont ramené de Gaulle au pouvoir le 13 mai 1958. Prenant leur souhait pour une réalité, dans son vibrant : « Je vous ai compris », ils veulent entendent : « Je partage vos convictions et vos attentes ». Mais l'expression prise au pied de la lettre ne veut rien dire d'autre que : « J'ai compris ce que vous souhaitez et j'en prends acte sans que cela m'engage à quoi que ce soit. » Le général laisse ainsi ses auditeurs croire à sa résolution de conserver l'Algérie à la France. Aujourd'hui, ces quatre mots : « Je vous ai compris », sont devenus pour beaucoup de Français le modèle du cynisme en politique.
Référendum sur la Constitution de la Ve République
Le 28 septembre 1958, à l'invitation du général Charles de Gaulle, les Français votent par référendum pour une nouvelle Constitution. Rédigée sous l'égide de Michel Debré, elle marque la naissance de la Cinquième République...Le « plan Pinay-Rueff »
Rappelé au pouvoir en mai 1958, Charles de Gaulle fait appel à l'économiste Jacques Rueff pour remettre l'économie sur pied. Celui-ci présente un plan en 25 pages, limité à quelques mesures essentielles...
Sékou Touré proclame l'indépendance de la Guinée
La colonie française de Guinée devient indépendante le 2 octobre 1958 après que le député Sékou Touré a appelé ses compatriotes à voter non au référendum instituant la Communauté française. Le général de Gaulle, président de la République française, fait évacuer aussitôt les Français présents sur place et abandonne le nouvel État à son sort. Sékou Touré, premier président de la République démocratique de Guinée, entraîne très vite son pays dans un chaos innommable sous le prétexte d'instaurer une version africaine du socialisme.
Le pays est désigné d'après le nom donné au golfe qui court du Sénégal à l'Angola et borde les principales régions forestières du continent africain.
Il a 250 000 km2 et 8 millions d'habitants (2006) très majoritairement musulmans. Sa capitale est Conakry, sur la côte atlantique mais son histoire s'est forgée dans l'intérieur, en particulier dans le massif du Fouta Djalon où des Peuls islamisés ont fondé un État relativement puissant au XVIIIe siècle. Des Mandingues descendus de la vallée du Niger ont par ailleurs dominé la région côtière. Le haut Niger, au nord de l'actuelle Guinée, a été exploré par René Caillié en 1827-1828.
De Gaulle Président !
Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est élu pour sept ans à la présidence de la République par un collège électoral, conformément à la Constitution de la Ve République entrée en application le 8 octobre précédent...
Les « ballets roses » de la République
La Ve République débute en 1959 sur un scandale sexuel qui met en cause l'un des plus hauts personnages de la République précédente : André Le Troquer. Né en 1884, il a laissé un bras dans la Grande Guerre puis est devenu député socialiste de Paris...
Droit des Algériens à l'autodétermination
Le 16 septembre 1959, dans une déclaration télévisée, le général de Gaulle évoque pour la première fois le « droit des Algériens à l’autodétermination ».Pilote en kiosque
Le 29 octobre 1959 paraît le numéro 1 de l'hebdomadaire Pilote (« Polite, quel journal »).
Le magazine est créé par François Clouteaux, né à Nantes en 1920, chrétien convaincu et ancien résistant. Les 300.000 exemplaires sont immédiatement vendus. Les lecteurs font connaissance avec de nouveaux héros dont un certain... Astérix.
Catastrophe de Malpasset
Le soir du 2 décembre 1959, un barrage se rompt à Malpasset, en amont de Fréjus, sur la côte méditerranéenne, entre Toulon et Nice. La ville est inondée et détruite par une vague de 40 mètres de haut. La catastrophe fait 423 morts et des milliers de sans-abri.
Dans un émouvant élan de solidarité, la France entière se mobilise aussitôt au secours des victimes. Des quêtes et des collectes de vêtements sont organisées à grande échelle dans les écoles. Européens et Américains se mobilisent également. Il s'agit de la première manifestation mondiale de solidarité.
Le barrage-voûte de Malpasset, destiné à l'irrigation et assis sur des roches instables, avait été conçu selon des normes moins draconiennes que les ouvrages hydroélectriques et n'a de ce fait pas résisté à des pluies diluviennes.
Loi Debré sur l'enseignement privé
Le 31 décembre 1959 est promulguée en France, sous la présidence du général de Gaulle, la loi sur l'enseignement privé, dite loi Debré (du nom du premier ministre Michel Debré).
On lui doit la distinction actuelle entre établissements hors-contrat, établissements sous contrat simple (l'État rémunère les maîtres), établissements sous contrat d'association (l'État participe aussi aux dépenses de fonctionnement et les familles ont en charge les liens avec le culte), établissements privés intégrés à l'enseignement public (écoles d'entreprise).
Le Cameroun ouvre le bal des indépendances africaines
18 colonies africaines accèdent en 1960 à l'indépendance. Le Cameroun, ancienne colonie allemande partagée en 1918 entre la France et le Royaume-Uni, inaugure les festivités en devenant indépendant le 1er janvier 1960 sous le nom de République unie du Cameroun (capitale : Yaoundé). Le premier président en est Ahmadou Ahidjo.
Suivent le Togo (capitale : Lomé, Sylvanus Olympio, président) ; la Fédération du Mali, qui éclate entre Sénégal (capitale : Dakar ; Léopold Sédar Senghor premier président) et Mali (ex-Soudan français, capitale : Bamako, premier président : Modibo Keita) ; Madagascar (capitale : Tananarive, premier président : Philibert Tsiranana).
Le Congo belge devient indépendant avec à sa tête Joseph Kasavubu pour premier président et Patrice Lumumba pour Premier ministre (capitale : Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa). La Somalia, colonie italienne, et le Somaliland, colonie britannique, fusionnent pour devenir la république de Somalie (capitale : Mogadiscio, premier président : Aden Abdullah Osman Daar). Autres indépendances : le Dahomey, aujourd'hui Bénin (capitale : Porto Novo, premier président : Hubert Maga), le Niger (capitale : Niamey, premier président : Hamani Diori), la Haute-Volta, aujourd'hui Burkina Faso (capitale : Ouagadougou, premier président : Maurice Yaméogo), la Côte d'Ivoire (capitale : Abidjan, puis Yamoussoukro, premier président : Félix Houphouët-Boigny).
L'ancienne AEF (Afrique Équatoriale Française) éclate entre Tchad (capitale : Fort-Lamy, aujourd'hui N'Djamena, premier président : François Tombalbaye), Oubangui-Chari ou République centrafricaine (capitale : Bangui, premier président : David Dacko), Congo-Brazzaville (premier président : Fulbert Youlou), Gabon (capitale : Libreville, premier président : Léon Mba). Autres colonies devenues indépendantes cette année-là : Nigeria (colonie britannique, capitale : Lagos), Mauritanie (capitale : Nouakchott, premier président : Moktar Ould Daddah).
Colonies plus tard indépendantes : Sierra Leone, Tanganyika ou Tanzanie, Rwanda et Burundi, Ouganda et Kenya, Afrique australe britannique et petite Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Mozambique, Cap-Vert, Angola, Djibouti et Érythrée.
L'indépendance tranquille du Sénégal
Le 4 avril 1960, par un accord avec le gouvernement du général de Gaulle, Léopold Sédar Senghor obtient l'indépendance de la Fédération du Mali, qui réunit le Sénégal et le Soudan français, deux colonies de l'Afrique occidentale française (AOF) .
L'indépendance est effective le 20 juin suivant. Mais dès le 20 août, le Sénégal se retire de la fédération. Cinq jours plus tard, Léopold Sédar Senghor devient le Président de la nouvelle République, avec une Constitution calquée sur celle de la Ve République...
La Côte d'Ivoire devient indépendante
Le 7 août 1960, la Côte d'Ivoire devient une république indépendante après avoir été colonie française pendant les 67 premières années de son existence. Son premier président est un médecin de 55 ans devenu planteur de cacao et militant syndical, Félix Houphouët-Boigny.
Procès du « réseau Jeanson »
Le 5 septembre 1960 s'ouvre à Paris, devant le tribunal des forces armées, le procès du « réseau Jeanson ». Il s'agit de 6 Algériens et de 17 Français de métropole qui ont soutenu dans les deux dernières années le FLN (parti indépendantiste algérien).
La plupart ont collaboré à des actions de guerre ou de terrorisme. Ils ont été qualifiés de « porteurs de valises » par l'écrivain Jean-Paul Sartre, ami de leur principal représentant, Francis Jeanson.
Création de l'OAS
Le 11 février 1961, à Madrid, Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde fondent l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), une organisation secrète destinée à maintenir coûte que coûte l'Algérie dans le giron de la République française...
Putsch d'Alger
Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, d'anciens généraux français tentent de soulever les militaires stationnés en Algérie et les Pieds-noirs dans un effort désespéré maintenir l'Algérie à l'intérieur de la République française. C'est le putsch d'Alger...
Nuit tragique à Paris
Le 17 octobre 1961, une manifestation des indépendantistes algériens se solde par un bain de sang...Drame au métro Charonne (Paris)
Le 8 février 1962, à l'appel des syndicats et des partis de gauche, les Parisiens se rassemblent autour de la place de la Bastille pour dénoncer les attentats de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète). Une charge de la police s'achève dans les couloirs du métro. On comptera huit morts et des centaines de blessés...
Accords d'Évian
Le 18 mars 1962 sont conclus les accords d'Évian destinés à mettre fin à la guerre d'Algérie. Le gouvernement français cède au GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) ses pouvoirs sur l'Algérie et le Sahara. Les accords sont signés par le ministre Louis Joxe d'un côté, le vice-président du GPRA Krim Belkacem de l'autre...
Cessez-le-feu en Algérie
Le 19 mars 1962, à midi, un cessez-le-feu met fin à huit ans de guerre en Algérie. Le 8 avril précédent, un référendum a ratifié à plus de 90% la décision du général de Gaulle de donner l'indépendance à l'Algérie.
La veille, à Évian, le gouvernement français a cédé au GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) ses pouvoirs sur l'Algérie et le Sahara... Les violences se poursuivent néanmoins après le cessez-le-feu et l'indépendance, effective le 3 juillet. Les Européens quittent le pays dans la confusion...
Fusillade de la rue d'Isly
Le 26 mars 1962, à Alger, des Européens se rendent en cortège vers le quartier de Bab el-Oued pour protester contre son bouclage par l'armée française qui soupçonne la présence d'activistes pieds-noirs.
Dans la rue d'Isly, un détachement de tirailleurs algériens de l'armée française, sous le commandement d'un jeune lieutenant kabyle, fait face aux manifestants. Épuisés et ne sachant plus trop à quel drapeau obéir, ils sont nerveux et prêts à en découdre...
Le massacre d'Oran
Indépendance de l'Algérie et Fête de l'IndépendanceLe 5 juillet 1962 est proclamée officiellement l'indépendance de l'Algérie (deux jours après son indépendance effective... et 132 ans après la prise d'Alger par le maréchal Bourmont). L'anniversaire de ce jour est devenu la Fête de l'Indépendance.
Le jour même de la proclamation de l'indépendance, les Européens encore présents à Oran sont victimes d'une hystérie collective. Beaucoup sont massacrés par la foule musulmane, cependant que les soldats français se tiennent l'arme au pied dans les casernes...
Adenauer et de Gaulle à Reims
Du 2 au 8 juillet 1962, le chancelier allemand Konrad Adenauer effectue une visite officielle en France. En témoignage de réconcilation entre les deux pays, il conclut son voyage à Reims, où il assiste aux côtés du président français Charles de Gaulle à un Te Deum dans la cathédrale Notre-Dame de Reims.
En retour, du 4 au 9 septembre 1962, le général de Gaulle se rend à son tour en RFA (République Fédérale Allemande), où il reçoit un accueil aussi chaleureux des foules. À la suite de ces déplacements sera signé à l'Élysée le traité d'amitié franco-allemand, le 22 janvier 1963.
Attentat du Petit-Clamart
Le 22 août 1962 survient l'attentat du Petit-Clamart, contre le général de Gaulle...
Le président met à profit l'émotion qui secoue le pays pour proposer l'élection du président de la République au suffrage universel direct et non plus indirect. C'est la dernière touche au régime présidentiel qu'il a toujours souhaité pour le pays. On s'apercevra plus tard de l'ambivalence institutionnelle de ce régime, dont le caractère parlementaire se révèle en période de cohabitation...
Référendum sur l'élection du Président
Le général de Gaulle, président de la République française, soumet une révision majeure de la Constitution au référendum de ses concitoyens. Il s'agit d'instituer l'élection du président au suffrage universel direct (et non plus par un collège de grands électeurs). Cette formule n'a connu qu'un précédent en France : l'élection du premier président de la République en 1851 : le prince Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier et futur Napoléon III...
Traité d'amitié franco-allemand ou traité de l'Élysée
Le 22 janvier 1963, le traité d'amitié franco-allemand de l'Élysée, à Paris, consacre le rapprochement des deux anciens ennemis. Il est signé par le général de Gaulle, président de la République française, et le chancelier allemand Konrad Adenauer, qui, l'un et l'autre, partagent les mêmes convictions.
Mais le traité est vidé de son contenu par le préambule unilatéralement voté par le Bundestag le 15 juin 1963 : les députés allemands réaffirment à cette occasion leur lien avec les États-Unis et le Royaume-Uni, à la grande colère de De Gaulle, qui voit réduite à néant son aspiration à une Europe indépendante...
Dernière exécution politique en France
Le 11 mars 1963, le lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry est passé par les armes au fort d'Ivry. Il s'agit de la dernière exécution politique, en France, à ce jour...
La France pleure Édith Piaf et Jean Cocteau
Le 11 octobre 1963, les Français et les coeurs sensibles de toute la planète pleurent la disparition le même jour de Jean Cocteau, poète touche-à-tout né 74 ans plus tôt, et de la chanteuse Édith Piaf, née 48 ans plus tôt, en 1915, sous le nom de Édith Giovanna Gassion...Jean Moulin au Panthéon
Le 19 décembre 1964, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon, à Paris, à l'initiative du général de Gaulle et du ministre des Affaires culturelles, André Malraux. Ce dernier prononce à cette occasion un flamboyant discours en hommage à Jean Moulin et à tous les résistants à l'occupation allemande.
Inauguration de l'usine marémotrice de la Rance
Le 26 novembre 1966, le président Charles de Gaulle inaugure l'usine marémotrice de la Rance. Cette réalisation technologique prestigieuse restera sans lendemain. L'électricité produite à partir des marées n'étant qu'à peine rentable.De Gaulle : « Vive le Québec libre ! »
Après avoir débarqué à Québec, le général de Gaulle emprunte le « Chemin du Roy » qui relie la ville de Québec à la métropole provinciale. Reçu à l'Hôtel de ville de Montréal, le président français s'avance de sa propre initiative vers le balcon et s'adresse à la foule qui se presse au pied de l'édifice.
Il conclut son disours par un vibrant : « Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec... libre ! Vive le Canada français et vive la France ! »...
La France se convertit à la pilule
La pilule anticonceptionnelle inventée par le docteur Pincus a été mise en vente libre aux États-Unis le 3 mai 1960. Elle est légalisée en France le 28 décembre 1967 par la loi Neuwirth, du nom de son rapporteur Lucien Neuwirth. Né à Saint-Étienne le 18 mai 1924, celui-ci s'est engagé très tôt dans la Résistance aux côtés du général de Gaulle. Ayant survécu miraculeusement à un peloton d'exécution, il s'est engagé en politique à la Libération, devenant député de la Loire.
En contact avec le Mouvement français pour le planning familial, il prend conscience de la détresse des femmes victimes de grossesses non désirées et entreprend de faire abroger la loi de 1920 qui interdit toute propagande anticonceptionnelle.
Convié à l'Élysée pour expliquer son projet de loi, il déclare au général de Gaulle : « :À la Libération, on a donné le droit de vote aux femmes, elles l'avaient bien mérité dans la Résistance. Maintenant, les temps sont venus de leur donner le droit de maîtriser leur fécondité, parce que c'est leur fécondité ».
- Vous avez raison, transmettre la vie, c'est important, il faut que ce soit un acte lucide. Continuez », aurait alors répondu le Général.
La police évacue la Sorbonne
Le 3 mai 1968, la police évacue par la force 500 étudiants qui occupent la Sorbonne. Des barricades font leur apparition sur le boul'Mich du Quartier Latin, à Paris. C'est le début d'une agitation étudiante et ouvrière qui va faire chanceler le régime mis en place dix ans plus tôt par le général de Gaulle.
Les téléspectateurs découvrent la bouille joyeuse d'un trublion, Daniel Cohn-Bendit, et frissonnent face aux appels à la grève générale du syndicaliste communiste Georges Séguy...
Manifestation contre de Gaulle
Le 13 mai 1968, la France manifeste dans la rue contre de Gaulle, à l'occasion du dixième anniversaire de son retour au pouvoir. Les salariés se joignent aux étudiants. Les uns et les autres dénoncent la société de consommation, le culte de la croissance économique et le chômage inhérent aux régimes capitalistes (200 000 chômeurs enregistrés…).Premier vol de Concorde
Le 2 mars 1969 a lieu le vol d'essai du Concorde au-dessus de Toulouse, avec à ses commandes le pilote André Turcat. Premier supersonique à vocation commerciale et non militaire, l'avion franco-anglais a réussi son examen de passage en franchissant la vitesse du son (340 mètres par seconde ou 1 224km/h), un exploit qu'aucun autre avion commercial n'est encore en mesure d'accomplir cinquante ans plus tard...
Démission du président de Gaulle
Le 27 avril 1969, le peuple français est consulté par référendum sur une réforme du Sénat associée à la mise en oeuvre d'un ambitieux projet de régionalisation. Cette réforme proposée par le président Charles de Gaulle est rejetée à la majorité de 52,41% des suffrages exprimés. Les électeurs manifestent de la sorte moins leur opposition à la réforme de la Constitution que leur lassitude après onze ans de présidence gaullienne.
Le soir même, le général de Gaulle assume avec panache son échec et fait porter au président du Conseil constitutionnel Gaston Palewski le message suivant : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi ». Dès le lendemain, lundi 28 avril, le président du Sénat Alain Poher exerce donc par intérim la présidence en attendant le scrutin qui verra l'élection de Georges Pompidou, le 15 juin suivant.
Pompidou président de la République
Georges Pompidou, qui fut pendant plus de cinq ans le Premier ministre du général de Gaulle, se fait élire sans trop de mal à la présidence de la République le 15 juin 1969, face à Alain Poher (centre droit), président du Sénat et président par intérim, inconnu du peuple trois mois plus tôt ! Ce deuxième tour se solde par 30% d'abstentions, un record dans une élection présidentielle. Il vient de ce que le candidat du parti communiste Jacques Duclos, éliminé lors du 1er tour, a invité ses électeurs à ne pas choisir entre « bonnet blanc et blanc bonnet ».
Brillant normalien, fils d'un instituteur, petit-fils d'un paysan du Cantal, Georges Pompidou reste à ce jour le seul président de la Ve République d'origine authentiquement populaire, ce qui ne l'empêchait de fréquenter la haute bourgeoisie ! Il nomme sans tarder au poste de Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, ancien héros de la Libération de Paris. Sa disparition prématurée pour cause de maladie, le 2 avril 1974, à 63 ans, coïncide en France avec la fin des « Trente glorieuses », selon l'expression heureuse de l'économiste Jean Fourastié pour désigner les 30 années de modernisation, de croissance économique, de plein-emploi et de progrès social qui ont marqué l'après-guerre.
Mort du général de Gaulle
Le 9 novembre 1970, à 19h15, Charles de Gaulle meurt paisiblement, au cours d'une réussite, dans sa maison de La Boisserie, à Colombey-les-deux-Églises (Haute-Marne)...
Le scandale de la Garantie foncière
Le 5 juillet 1971, la Commission des Opérations de Bourse (COB) interdit à une société, la Garantie foncière, de solliciter désormais l'épargne par voie d'annonce publicitaire. C'est le début d'un scandale qui va secouer l'opinion publique et déchirer la classe politique française. Les principaux inculpés, le député André Rives de Lavaysse, plus connu sous le nom de Rives-Henrys, Robert Frenkel et l'avocat Victor Rochenoir, seront condamnés à des peines d'emprisonnement. Il restera de l'affaire une formule de Michel Poniatowski sur « la république des copains et des coquins »...
L'affaire criminelle de Bruay-en-Artois
Le 6 avril 1972, un jeune homme découvre le corps inanimé de sa soeur, Brigitte Dewèvre, sur un terrain vague de Bruay-en-Artois. Le juge d'instruction Henri Pascal incarcère aussitôt un notable, le notaire Pierre Leroy, sur la foi de son « intime conviction ». Il étale sa vie privée en place publique. Les organisations gauchistes lui apportent immédiatement leur soutien, voyant dans le crime une manifestation de la lutte des classes. Le juge sera finalement désavoué. Le probable criminel, un adolescent ami de la victime, sera quant à lui acquitté au bénéfice du doute. L'émotion est telle que la municipalité de la ville a changé son nom en Bruay-la-Buissière.
Avec cette affaire de Bruay-en-Artois, la justice et l'ordre public deviennent une pomme de discorde politique et un enjeu idéologique. Ils ne cesseront plus de l'être.
Mort du président Georges Pompidou
Dans la nuit du 2 avril 1974, les radios francophones s'interrompent pour annoncer la mort de Georges Pompidou.
La maladie du président était connue de tous les cercles du pouvoir mais ignorée de l'opinion publique, laquelle est troublée par cette disparition soudaine. Pour la deuxième fois, Alain Poher, président du Sénat, exerce l'intérim ainsi que le veut la Constitution...
« Vous n'avez pas, monsieur Mitterrand, le monopole du coeur »
Le 10 mai 1974, un Face à Face télévisé oppose les deux candidats à la présidence de la République, Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand. Les deux candidats sont au coude-à-coude dans les sondages.
Élection de Valéry Giscard d'Estaing
Le dimanche 19 mai 1974, Valéry Giscard d'Estaing (48 ans) devient le troisième président de la Ve République... Le nouvel élu est le fondateur et le chef d'une formation centriste, les Républicains Indépendants, ancêtre de l'UDF (Union pour la Démocratie française)...
Découverte de Lucy
Le 30 novembre 1974, dans les collines desséchées de l'Afar, au nord-ouest de l'Éthiopie, les anthropologues Tom Gray, Donald Johanson et Maurice Taïeb découvrent 52 restes d'un squelette vieux de 3 millions d'années, Lucy.
Lucy appartient à l'espèce Australopithecus afarensis, du groupe des australopithèques (ou « singes du sud », en latin et grec). Maurice Taïeb avertit son collègue Yves Coppens et celui-ci arrive de Paris avec une équipe de télévision pour filmer la découverte...
Le dernier voyage du paquebot France
Le 19 décembre 1974, le paquebot France accomplit son dernier voyage - quelques centaines de mètres seulement - jusqu'au quai du Havre où il va attendre une incertaine résurrection.
Le France, orgueil meurtri de la France gaullienneLe France a quitté Le Havre douze ans plus tôt, le 19 janvier 1962, pour une croisière inaugurale qui l'avait mené aux Canaries et aux Antilles avec 1705 passagers (dont Mme de Gaulle) et 1100 hommes d'équipage. Mais les charges sociales et les conflits sociaux à répétition allaient très vite rendre son exploitation gravement déficitaire.
Repris par une compagnie norvégienne en 1979, le paquebot effectue depuis lors des croisières tranquilles sous le nom de Norway, avec un personnel moitié moins nombreux et aux salaires de niveau... asiatique.
Les Comores indépendantes, Mayotte française
Le 22 décembre 1974, un référendum officialise l'indépendance des Comores, un archipel entre Madagascar et l'Afrique sous tutelle française depuis 1841. Ses habitants, musulmans pour la quasi-totalité, parlent en majorité une langue bantoue (africaine), le shimaoré. Une minorité parle un dialecte malgache.
Un problème surgit lors du référendum car les Mahorais (habitants de l'île de Mayotte) ne veulent pas du futur chef d'État pressenti par la France. Ils votent en conséquence non à l'indépendance, ce qui leur vaut de devenir citoyens à part entière d'un pays, la France, dont ils ignorent tout.
Acte final de la conférence d'Helsinki
Trente-trois États européens ainsi que les États-Unis et le Canada signent le 1er août 1975 à Helsinki (Finlande) l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE)...
La Corse ensanglantée
Le 22 août 1975, pour la première fois depuis 150 ans, en Corse, on tire sur les forces de l'ordre. Deux gendarmes sont tués. Le drame survient après que des militants de l'ARC (Action de la Renaissance de la Corse), un groupuscule dirigé par le médecin Edmond Simeoni, aient occupé une cave viticole de la plaine d'Aléria...
Inauguration du Centre Pompidou
Le 31 janvier 1977, le centre culturel Georges Pompidou est inauguré par le président Giscard d'Estaing en présence de Claude Pompidou, veuve du président Pompidou, à l'origine de ce projet. Par sa conception architecturale novatrice et la réunion en un même lieu de différentes activités culturelles (bibliothèques, expositions temporaires, musée d'art moderne), il bouleverse l'image traditionnelle de la Culture.
Paris-New York en Concorde
Le 22 novembre 1977, le Concorde, premier avion civil supersonique, effectue sa première liaison commerciale entre Paris (aéroport Charles-de-Gaulle) et New York (aéroport John-Fitzgerald Kennedy)... Ce n'est évidemment pas un hasard si la date du vol inaugural coïncide avec l'anniversaire de la naissance de de Gaulle et de l'assassinat de Kennedy !Enlèvement du baron Empain
Le 23 janvier 1978, vers dix heures trente, le baron est enlevé à la sortie de son domicile, 33, avenue Foch, dans le XVIe arrondissement parisien.
L’affaire Empain, l’une des plus symboliques et médiatiques de la police judiciaire parisienne, défraye la chronique en 1978. Cela tient pour partie à la personnalité de la victime : le baron Edouard-Jean Empain est, à 40 ans, à la tête d’un des plus grands groupes industriels européens, le groupe Empain-Schneider, réunissant près de trois cents sociétés. ..
Les paras sautent sur Kolwezi
Le 19 mai 1978, 405 parachutistes du 2e REP (Régiment Étranger de Parachutistes) de la Légion étrangère sautent sur Kolwezi, une cité minière du Katanga ou Shaba (Zaïre, ex-Congo belge) où des rebelles ont pris en otage les 3000 expatriés belges et français (plusieurs dizaines ont déjà été massacrés). 250 parachutistes supplémentaires sautent le lendemain matin.
L'intervention a été décidée dans l'urgence par le président Valéry Giscard d'Estaing. C'est un succès. Les Européens survivants sont évacués et l'ordre revient dans la ville. On déplore toutefois 170 morts et disparus parmi les civils européens, 700 environ parmi les Zaïrois, ainsi que cinq morts, vingt blessés et six disparus parmi les membres de la mission militaire française présente à Kolwesi, un mort parmi les parachutistes belges et un mort parmi les parachutistes marocains venus en soutien logistique...
Premier lancement de la fusée Ariane
Le 24 décembre 1979, à Kourou, en Guyane, a lieu le premier vol de la fusée Ariane. Les Européens, unis au sein de l'Agence Spatiale Européenne, font la preuve de leur capacité à entrer dans la course à l'espace, aux côtés des Américains et des Soviétiques.Mitterrand président de la République
Le dimanche 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République française...
La France abolit la peine de mort
Le 18 septembre 1981, à Paris, l'Assemblée nationale vote la loi d'abolition de la peine de mort présentée par le garde des Sceaux, Robert Badinter. 369 députés votent en sa faveur et 113 s'y opposent. Cette initiative met la France au diapason des autres pays d'Europe occidentale...
Inauguration du premier TGV
Le TGV Paris-Lyon est inauguré en grande pompe le 22 septembre 1981 par le président François Mitterrand.
Ce premier « Train à Grande Vitesse » est l'aboutissement d'un énorme projet de recherche et développement mené dès la fin des années 1960 par la SNCF et l'industriel Alsthom-Atlantique (aujourd'hui Alstom), avec le soutien très actif du président Georges Pompidou...
Attentat de la rue des Rosiers
Le 9 août 1982, à l'heure du déjeuner, une poignée d'hommes armés force l'entrée de Goldenberg, un populaire restaurant juif de la rue des Rosiers (Paris). Il lance une grenade dans la salle et tire sur les convives avant de s'enfuir. On compte six morts et 22 blessés. L'émotion est immense en France où l'on découvre une nouvelle réalité, le terrorisme. Il s'agit du deuxième attentat qui vise la communauté juive française après l'explosion d'une bombe devant la synagogue de la rue Copernic (Paris), qui avait fait 4 morts le 3 octobre 1980.
Le groupe palestinien Abou Nidal, du nom de son dirigeant, est fortement suspecté d'être à l'origine de l'attentat mais il n'est pas pour autant mis en cause par le juge Jean-Louis Bruguière auquel a été confié l'enquête et l'on murmure que la raison d'État aurait en la circonstance pris le pas sur la justice... C'est seulement en 2015 que des mandats d'arrêt internationaux seront émis à l'adresse de trois membres de ce groupe.
Dans le souci de jeter malgré tout des coupables en pâture à l'opinion, le président François Mitterrand a demandé à la cellule antiterroriste de l'Élysée de mener sa propre enquête. Sous la supervision du capitaine Paul Barril, elle débouche sur une grossière mystification avec, le 28 août 1982, l'arrestation et l'inculpation frauduleuse de trois sympatisants de l'IRA, les « Irlandais de Vincennes », qui seront mis hors de cause après de scabreuses péripéties.
Mitterrand devant le Bundestag
Le 20 janvier 1983, François Mitterrand, président de la République française, s'exprime devant les députés du Bundestag, à Bonn (première capitale de l'Allemagne fédérale). Il emploie une formule qui fera date : « Les fusées sont à l'Est, les pacifistes à l'Ouest ! »
L'enjeu est de taille : les Soviétiques installent dans les pays satellites d'Europe centrale des missiles nucléaires (les SS-20) pointés vers l'Europe occidentale. Face à cette menace, les Américains et leurs alliés de l'OTAN se proposent de répliquer en installer en Allemagne fédérale des missiles tout aussi puissants (les Pershing) orientés vers l'Europe communiste et l'URSS. Les pacifistes et gauchistes occidentaux se mobilisent contre ce projet au nom de l'aphorisme : « Plutôt rouges [communistes] que morts ! »
Par sa prise de position énergique devant les députés allemands, François Mitterrand contribue à retourner l'opinion occidentale en faveur des Américains. Les Soviétiques reculent et se résignent à démanteler ses SS-20. S'épuisant à poursuivre les États-Unis du président Ronald Reagan dans une nouvelle course aux armements (surnommée la « Guerre des étoiles »), ils vont conduire leur pays à l'effondrement.
Achèvement du Plan Delta
Le 4 octobre 1986 marque l'achèvement du plan Delta, aux Pays-Bas. Le plus grand chantier de génie civil de tous les temps a été lancé au début des années 50, après qu'un raz-de-marée eût inondé les terres les plus basses du pays et provoqué la mort de 1 800 personnes.Toutes les îles côtières de la province de Zélande sont désormais reliées par une digue. Le delta du Rhin, de l'Escaut et de la Meuse est fermé, à l'exception d'un chenal de navigation.Réélection de François Mitterrand
François Mitterrand est réélu à la présidence de la République française le 8 mai 1988 face à Jacques Chirac. Vilipendé deux ans plus tôt, le leader de l'union de la gauche a été remis en selle par les erreurs tactiques et les maladresses de son rival, qu'il avait dû appeler à l'hôtel Matignon (résidence du Premier ministre) après la victoire de la droite aux élections législatives de 1986.
Discours de La Baule
Le 20 juin 1990, à La Baule, station balnéaire de la côte bretonne, le président François Mitterrand réunit les chefs d'État africains et les invite à développer la démocratie dans leur pays à l'image des Européens de l'Est qui viennent de s'affranchir de la tutelle communiste.
Il subordonne l'aide française à l'introduction du multipartisme, déclarant à ses hôtes : « La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ». La plupart des chefs d'État africains vont de facto se soumettre à cette injonction démocratique pour continuer de bénéficier de l'aide française.
Il s'ensuivra des résultats désastreux, les élections se jouant sur des critères claniques, tribaux ou ethniques, sans vraie coloration politique. Elles vont de la sorte assurer la domination des ethnies les plus nombreuses sur les autres et pousser celles-ci à la révolte, de la Côte d'Ivoire au Mali.
« Droit d'ingérence humanitaire »
Le 14 décembre 1990, à New York, l'Assemblée générale des Nations Unies vote à l'initiative de la France une résolution qui légitime le « droit d'ingérence humanitaire », autrement dit la possibilité pour des États de secourir des populations menacées par leurs propres gouvernants, avec l'accord des Nations Unies et au besoin par les armes. « Le temps de la souveraineté absolue et excessive est révolu », lance avec emphase le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros Ghali.
La résolution est concomitante de la chute de l'URSS et de la fin de la guerre froide. Elle donne un deuxième souffle à l'OTAN. L'alliance nord-atlantique, pilotée par les États-Unis, va se chercher de nouvelles missions dans la lutte contre le terrorisme et les « États-voyous »...
Signature du traité de Maastricht
Le 7 février 1992, les douze ministres des affaires étrangères de l'Union européenne signent un « traité d'union économique, monétaire et politique » à Maastricht, aux Pays-Bas...
Entrée en vigueur du Marché unique
Le 1er janvier 1993 entre en vigueur l'Acte unique européen. Celui-ci a été signé le 17 février 1986 à Luxembourg, sous l'égide de Jacques Delors, président de la Commission européenne. En vue d'instaurer la libre circulation des marchandises, des services, des personnes et des capitaux à l'intérieur de l'Union, il élargit le champ des décisions à la majorité qualifiée au détriment des décisions à l'unanimité. Dans l'immédiat, il dispense les transporteurs des formalités douanières aux frontières intérieures de l'Union. Cette accélération spectaculaire de l'intégration économique de l'Europe suit de près la signature du traité de Maastricht, qui projette son intégration monétaire. Mais par une triste coïncidence, l'année 1993 voit aussi la première année de récession économique en Europe, depuis la Libération...
Dévaluation du franc CFA
Le 11 janvier 1994, le gouvernement français d'Édouard Balladur décide courageusement de dévaluer de moitié le franc CFA...
Inauguration du tunnel sous la Manche
Depuis le 6 mai 1994, l'Angleterre n'est plus tout à fait une île. La reine Elizabeth II et le président Mitterrand inaugurent ce jour-là le tunnel sous la Manche.
Découverte des peintures paléolithiques de Chauvet-Pont d'Arc
Le dimanche 18 décembre 1994, le spéléologue Jean-Marie Chauvet, accompagné de deux amis, explore une falaise, près du village de Vallon-Pont-d'Arc et des magnifiques gorges de l'Ardèche.
Les trois amis découvrent une grotte aux parois décorées de dessins aux teintes ocres, parmi lesquels de nombreuses représentations animales. Immédiatement alerté, le préhistorien Jean Clottes authentifie les peintures. Elles font de la grotte de la Combe d'Arc, ou grotte Chauvet, du nom de son inventeur, l'un des trois plus beaux témoignages de l'art pariétal du Paléolithique européen, avec Altamira et Lascaux. Les unes et les autres sont l'oeuvre de l'homme de Cro-Magnon...
Mort de François Mitterrand
Sept mois après avoir quitté l'Élysée, le président François Mitterrand (79 ans) s'éteint à Paris, le 8 janvier 1996, dans l'appartement du 9, avenue Frédéric-Le Play que l'État a mis à sa disposition...
Enlèvement des moines de Tibéhirine
Le 27 mars 1996, on apprend l'enlèvement de sept moines cisterciens trappistes dans leur monastère de Notre-Dame-de-l'Atlas, à Tibéhirine (ou Tibhirine), près de Médéa (Algérie). Un mois plus tard, le chef du Groupe Islamique armé (GIA), Jamel Zitouni, revendique l'enlèvement. Le 23 mai 1996, le GIA annonce avoir égorgé les moines deux jours plus tôt. On ne retrouvera que leurs têtes...
Fin de la conscription en France
Le 28 mai 1996, le président de la République française Jacques Chirac annonce la fin du service militaire obligatoire au détour d'une allocution télévisée. Sa décision est spontanément approuvée par les éditorialistes, la classe politique et l'opinion publique. Elle est officialisée par la loi du 28 octobre 1997 qui « suspend » la conscription mais réserve la possibilité de la rétablir en cas de crise grave menaçant l'existence de la nation.
Les derniers conscrits ont fêté la « quille » en 2002, soit plus de deux siècles après le vote de la loi Jourdan. En se cantonnant à une armée de métier, la France s'aligne sur les démocraties à l'anglo-saxonne (Royaume-Uni, États-Unis, Pays-Bas,...).
Référendum sur le quinquennat en France
Le 24 septembre 2000, le gouvernement français soumet à référendum un amendement à la Constitution de la Ve République qui instaure le quinquennat et aligne la durée du mandat présidentiel (5 ans) sur la durée des législatures (mandats des députés de l'Assemblée nationale). C'est la mort du septennat instauré 127 ans plus tôt. 73% des votants s'expriment en faveur de l'amendement constitutionnel mais la participation est très faible (30% des inscrits). Le manque d'enthousiasme de l'électorat vient de ce que la réforme a été mise en oeuvre pour des raisons de convenance partisane par le président Jacques Chirac et son Premier ministre Lionel Jospin, le premier de droite, le second de gauche.
Un an plus tard, la réforme est complétée par l’inversion du calendrier électoral qui place désormais le scrutin législatif au mois de juin dans la foulée de la présidentielle, avec pour objectif de garantir au chef de l’État une majorité parlementaire durant tout son mandat et d’éviter toute nouvelle cohabitation au sein de l'exécutif entre un Président et un Premier ministre de bords opposés. Ces modifications d'apparence anodine auront pour effet de transformer le Parlement en une chambre d'enregistrement, tout juste bonne à entériner les décisions du Président.