15 mars 2019

« Grève mondiale pour le climat » : oui, mais après ?

Ce vendredi 15 mars 2019, répondant à la jeune Suédoise Greta Thunberg, des lycéens appellent à une « grève mondiale pour le climat ». Tant mieux si cette grève new-look et pleine de fraîcheur secoue la classe politique. Mais il ne faudrait pas en rester sur l'idée que le dérèglement climatique, c'est la faute des autres, « l'État » en l'occurrence.

Si notre État et les autres sont si timorés face à l'enjeu climatique, c'est que nous le voulons bien et que cela nous arrange tous. Reconnaissons que jamais nous n'avons aussi bien vécu qu'aujourd'hui ! Nourriture variée et surabondante, soins quasi-gratuits, loisirs innombrables, voyages en avion à des prix dérisoires... Nous ne sommes pas prêts à sacrifier ce confort et c'est bien pourquoi nous avons supporté jusqu'ici l’inaction de nos dirigeants.

L’enjeu climatique mérite d’être abordé avec lucidité

Souhaitons que nos slogans, nos défilés, nos pétitions et nos grèves « pour le climat » nous amènent à désigner la source du mal, à savoir notre mode de vie. Fondé sur une énergie très bon marché, il se traduit par une voiture par adulte, des voyages en avion pour un oui, pour un non, des villes tentaculaires dévoreuses d’espace, de temps et d’oxygène, une surconsommation de biens manufacturés aussi éphémères qu'inutiles…

C’est déjà le mode de vie d’un à deux milliards d’êtres humains... Son extension prochaine à un ou deux milliards supplémentaires annulera les gains qui pourraient résulter d’améliorations techniques dans la production d’énergie, l’isolation thermique ou les transports... Ah, comme tout serait plus facile si l'on pouvait continuer à vivre comme aujourd'hui avec une énergie « renouvelable », illimitée et gratuite, directement fournie par le Soleil et/ou par l'atome. Mais c'est illusoire dans les prochaines décennies et le réchauffement climatique n'attend pas.

Alors, si les lycéens veulent concrétiser leur engagement, leur voie est toute tracée : ils peuvent exiger de leurs parents de ne plus prendre de vacances à l’autre bout du monde, de ne plus consommer d'aliments hors saison ou issus de l’agro-industrie, de réduire leurs déplacements en voiture au strict nécessaire… Ils peuvent aussi exiger de leurs parents qu'ils ne changent plus de véhicule, de mobile ou encore de téléviseur aussi longtemps que le précédent n’aura pas rendu l’âme (note).

Parions qu’on verra alors s’affoler les gouvernants et les patrons de multinationales autrement plus que face à la « grève mondiale pour le climat » !

Une fois la cause du réchauffement identifiée, la solution coule de source

Nous savons tous que le dérèglement climatique vient de notre mode de vie énergivore. Demandons-nous pourquoi nous en sommes arrivés là et comment nous pouvons adopter un mode de vie économe en énergie sans altérer notre bien-être.

Qui le sait ? L'énergie, sous ses différentes formes (électricité, carburants, fioul…), est environ deux fois moins chère qu’il y a cinquante ans ! Illustrée par le tableau ci-dessous, cette baisse tendancielle est un pousse-au-crime. Elle encourage irrésistiblement chacun de nous vers les choix de consommation les plus néfastes pour le climat... Quand le ticket de métro augmente quatre fois plus vite que le super comme on le constate ci-dessous, quel citadin peut résister à la tentation de se motoriser ?

Explication du tableau : entre 1970 et 2016, le prix de la baguette a été multiplié par 14 et celui du super par 8 seulement, soit près de deux fois moins...

  prix en 1970 (francs)
source : INSEE
prix en 2016 (euros) évolution
(x par)
SMIC horaire 3,3 9,6 20
baguette (250g) 0,55 1,1 14
carte de métro hebdomadaire 4,8 21 31
1 litre de super 1,1 1,3 8
10 thermies de gaz 1,1 0,9 6

Que faire ? Une fois les causes du mal identifiées, le remède coule de source. Il s'agit de rendre l'énergie beaucoup plus chère et même de plus en plus chère ! Une taxation sévère pourrait accomplir des miracles en nous obligeant à réviser nos choix de consommation.

Le prix influe sur la consommation. Cela coule de source avec les cigarettes : l'augmentation de leur prix dans les dernières années s'est accompagnée d'une nette baisse de leur consommation. Idem pour tous les produits (à l'exception des articles de luxe qui se doivent d'être chers). Autant dire que si l'énergie était aujourd'hui au prix d'il y a 50 ans, soit deux fois plus chère, avec le litre de super à 3 euros, nous ne serions pas menacés par le réchauffement climatique !

Mais, objecterez-vous, cela signifierait un appauvrissement insupportable pour les catégories modestes ! Oui… sauf si la taxe énergie est intégralement redistribuée à l’ensemble des citoyens sous la forme d'un complément de revenu mensuel, identique pour chacun.

C’est ce que je me risque à proposer dans le document : Quel avenir pour la planète ?. On voit ainsi qu'une taxe de 50 centimes pour 10 kWh ou un litre de super rapporterait 100 euros par mois à chacun (environ 400 euros par famille) !
Ainsi pourrions-nous :
• soit ne rien changer à notre mode de consommation, sachant que notre complément de revenu financé par la taxe compense les augmentations de prix,
• soit modérer notre consommation de produits énergivores et gagner ainsi en « pouvoir d'achat » !
La seconde alternative est la plus probable : qui resterait en effet sans réagir devant un litre de super à 2 euros et des voyages en avion plus chers de 300 ou 400 euros ? Ainsi l'intérêt bien compris de chacun rejoint-il de cette façon l'intérêt général (note).

Cette réflexion ne nous éloigne de l’Histoire qu’en apparence. L’Histoire n’est-elle pas le produit de nos actions et de nos rêves, passés, présents et à venir ? Pour plus de précisions, je vous invite à télécharger le document ci-après (gratuit) et en débattre avec vos proches et moi.

Joseph Savès

En savoir plus avec Quel avenir pour la planète ?

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