Les ruines monumentales de Grand Zimbabwe, révélatrices d’une civilisation élaborée, ont fasciné et intrigué les Européens qui les ont découvertes, croyant parfois contempler celles du royaume de la Reine de Saba ou des mines du roi Salomon, mentionnées par la Bible.
Le 5 septembre 1871, l'explorateur allemand Karl Mauch découvre en plein cœur de l'Afrique australe une vaste enceinte en pierre et des murailles et tourelles en ruines.
Étendues sur environ 7 km2, les ruines de la cité de Grand Zimbabwe se déploient entre les fleuves Zambèze et Limpopo, dans une zone de savanes, sur un haut plateau granitique, en Afrique australe.
Elles comportent d'imposants remparts de granit et de nombreuses constructions en pierres taillées, assemblées sans mortier. Des statues de forme phallique ou représentant des oiseaux laissent deviner l'habileté des artistes de ce royaume médiéval d'Afrique australe. Ce site constitue un témoignage unique de la culture bantoue au Moyen-Âge.
Karl Mauch, imprégné des préjugés européens de la fin du XIXe siècle, voulut voir dans ces vestiges une cité évoquée dans la Bible comme étant celle de la reine de Saba (Ophir). Il fallut du temps aux chercheurs pour qu'ils admettent leur origine proprement africaine.
C'est à la civilisation bantoue des Shona que l'on doit les ruines de Grand Zimbabwe. Zimbabwe signifierait « cour du roi » en shona.
La ville a connu son apogée entre le XIe et le XVe siècle, peu après la migration des populations bantoues vers le sud. Sa population pouvait atteindre 10 000 à 20 000 habitants. Elle commerçait avec l'Extrême-Orient par l'intermédiaire des ports de la côte orientale de l'Afrique. L'ivoire ainsi que les importants gisements d'or qui entourent la ville fournissaient aux habitants des monnaies d'échange pour commercer avec les Arabes installés dans les ports de Kiloa ou Sofala.
Les fouilles archéologiques ont mis à jour des perles en provenances d'Orient, des objets en cuivre et des bijoux en or. Elles donnent à penser que les souverains de Grand Zimbabwe étaient amateurs de perles de verre indiennes et de soieries chinoises.
Le royaume de Grand Zimbabwe s'étendait sur des territoires appartenant aujourd'hui à quatre États différents : le Zimbabwe (ex-Rhodésie du Sud), la Zambie, le Mozambique et le Malawi. On peut penser qu'il incluait d'autres villes similaires à celle-ci...
Cette organisation sociale relativement évoluée mais dépourvue d'écriture propre n'est pas sans rappeler le monde celte d'avant l'époque romaine, avec ses oppidums en pierre cyclopéennes et ses tombes riches d'objets précieux originaires pour certains de la Baltique ou de la Méditerranée.
Quand les Portugais ont pris pied sur la côte africaine de l'océan Indien, au XVIe siècle, Grand Zimbabwe était déjà entré en décadence, au bénéfice du royaume voisin du Monomotapa (Mutapa dans la langue locale).
Au milieu du XVe siècle, le Monomotapa en vint à s'étendre sur les États actuels du Zimbabwe et du sud du Mozambique. Grand Zimbabwe tomba peu à peu dans l'oubli et le cœur politique et commercial de la région se déplaça vers le sud et l'ouest.
En peu de temps, les Portugais s'approprièrent l'exploitation des mines d'or et le commerce de la région, tout en tentant de christianiser les habitants. À la fin du XVIIe siècle, ils furent toutefois expulsés par le Changamire, souverain de régions du sud qui avait fait sécession d'avec le Monomotapa.
Après leur redécouverte par Karl Mauch, les ruines de Grand Zimbabwe ont été en partie saccagées du fait de la recherche frénétique d'or par les Européens, parfois sous couvert de fouilles archéologiques. Situées dans l'ancienne colonie britannique de Rhodésie du Sud, elles sont heureusement aujourd'hui protégées et inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco.
En 1980, lorsque la majorité noire a pris le pouvoir à Salisbury (aujourd'hui Harare), le pays a abandonné son nom, formé à partir de celui du Britannique Cecil John Rhodes, pour prendre celui de Zimbabwe, en souvenir de Grand Zimbabwe.
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